États-Unis : Le système de quotas raciaux à l’entrée des universités en voie d’explosion grâce aux Asiatiques

discrimination

Sujet latent et extrêmement sensible, le système de « quota racial » à l’entrée des grandes universités américaines n’a pas fini de faire parler de lui. Ces derniers mois, ce sont les étudiants asiatiques qui monopolisent le débat et pourraient bien faire exploser le système via la Cour suprême.

En effet, depuis 2014, la Coalition asiatico-américaine pour l’éducation (Asian American Coalition for Education) plaide pour l’égalité des chances et la suppression des critères raciaux dans les procédures d’admission, arguant que les étudiants asiatiques et blancs en sont systématiquement désavantagés. Dès 2015, l’association s’attaquait à Harvard, déposant une plainte contre la prestigieuse université.

La manœuvre a surtout réussi par sa couverture médiatique, très relayée à l’international, qui a eu le mérite de sonner l’alarme sur la question. D’après les plaidants, les critères raciaux ne feraient qu’augmenter la représentation de certaines communautés (noires et hispaniques) tout en réduisant le nombre d’étudiants des autres, en première ligne asiatiques et blanches, dont les dossiers seraient pourtant en moyenne meilleurs.

Aussi, si ces mesures de discrimination positive (affirmative action) à l’entrée des universités américaines ne datent pas d’hier, jamais l’ouverture à la diversité n’avait été autant encouragée sur les campus que sous le mandat Obama. De sorte qu’en 2018, le gouvernement Trump tentait de rétropédaler. Les ministères de la Justice et de l’Éducation avaient conjointement annoncé revenir sur sept directives de l’ère Obama.

La législation n’ayant néanmoins pas force de loi sur les États, le New York Times notait alors que « les responsables scolaires qui maintiendraient intactes leurs politiques d'admission sur critère racial le feraient tout en sachant qu'ils pourraient faire l'objet d'une enquête, d'un procès du ministère de la Justice ou perdre un financement du ministère de l'Éducation ». En effet, la loi sur les droits civils de 1964 aux États-Unis interdit toute discrimination basée sur la race au sein de programmes financés par l’État fédéral.

Pourtant, force est de constater que de nombreuses universités de la Ivy League, et en particulier Harvard, ont, depuis 2018, continué leur zèle discriminant. Pour cela, elles se basent sur les jurisprudences de la Cour suprême, notamment l’arrêt Grutter v. Bollinger de 2003 présentant l’origine raciale comme un critère parmi d’autres, pour justifier leurs politiques d’admission.

Finalement, c’est bien « Sleepy Joe » qui hérite de ce dossier très tendu. L’agence de presse Reuters expliquait, en décembre dernier, que « le groupe Students for Fair Admissions, fondé par le militant défavorable à la discrimination positive Edward Blum », faisait appel d'une décision validant les pratiques de l’université Harvard. L’association espère ainsi annuler la décision de la Cour suprême de 2003. Au centre de la polémique, un groupe d’étudiants asiatiques – et leurs parents - lésés par les quotas d’admission.

Aussi, pour éviter les remous, le gouvernement Biden a bien tenté de faire pression sur la Cour suprême pour qu’elle rejette l’affaire. Mais face à une Cour à ultra-majorité républicaine, c’était faire fausse route. Un mois plus tard, en janvier 2022, la Cour suprême des États-Unis acceptait d’entendre l’affaire, joignant le dossier à un cas similaire sur les pratiques d’admission impliquant l’université de Caroline du Nord. Le verdict devrait être rendu durant l’exercice 2022-2023.

Coup du sort, le dernier sage confirmé par Joe Biden, la démocrate afro-américaine Ketanji Brown Jackson, a annoncé se retirer du procès car membre du conseil de surveillance de l’université Harvard. Le verdict le plus attendu de l’année prochaine sera donc remis à la décision d’une majorité républicaine qui, par son choix, pourrait bien, après les élections de mi-mandat de novembre, déstabiliser encore plus le chancelant gouvernement Biden.

Gaëlle Baudry
Gaëlle Baudry
Chroniqueuse à BV, spécialiste des Etats-Unis, consultante indépendante

Vos commentaires

2 commentaires

  1. La question est de savoir quelle sera la position de notre nouveau Ministre de l’Education au sujet de la « discrimination positive » comme on dit, qui n’est que l’organisation autoritaire d’un passe droit illégal (et illégitime de plus..)

  2. Bientôt chez nous … Des illettrés entreront à l’Université et dans les grandes écoles ( administration , commerce , journalisme …enseignement …) . C’est déjà effectif dans certains cas … Enfin , pour l’enseignement , les rectorats prennent ceux qu’ils veulent bien se présenter à leur « job dating » …

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