Et les conseils municipaux, alors ?

conseil municipal

Nous rêvions de faire remarquer récemment à M. le ministre de l’Intérieur qu’à l’heure où tout un chacun va faire ses courses dans les grandes surfaces, où les écoles vont rouvrir et où un petit coin du voile « confinement » va être levé, il est paradoxal que les conseils municipaux élus au premier tour le 15 mars (il y a 53 jours !) n’aient toujours pas le droit d’être installés.

Il s’ensuit une très grande pagaille entre les nouveaux élus qui brûlent de se mettre au travail les mains libres – 30.000 communes, soit 83 % du total, ont élu leur maire au premier tour - et les battus qui, pour certains d’entre eux, tout heureux de faire de la résistance, goûtent encore un instant au nectar du pouvoir. 54 % des communes ont moins de 500 habitants, ce qui signifie que leurs conseils municipaux ont, au plus, 11 membres : cela ne nécessite pas le grand Zénith pour se réunir en sécurité !

Je rêverais que notre sémillant ministre de l’Intérieur adresse aux maires la missive suivante : « Mesdames et messieurs les maires élus, si vous pouvez organiser la mise en place de votre conseil municipal tout en respectant la distance physique d'un mètre entre chaque personne, ne vous privez pas : allez-y. »

Comme l’habitude de ce gouvernement est de rappeler à chaque instant les évidences les plus enfantines, le ministre aurait continué ainsi : « D’abord, vous pourriez déserter votre mairie exiguë si elle ne répond pas à l’exigence de distance et, pour l’occasion, vous rabattre sur la salle des fêtes communale, en général plus vaste que le local du conseil. En cas de besoin, le gymnase peut avantageusement remplacer la salle des fêtes. Ensuite, rien ne vous oblige à tenir cette séance inaugurale dans une pièce en dur ; vous pourriez parfaitement, en accord avec le cirque le plus proche – en habitué de cette proximité, je serais heureux de vous fournir des contacts –, dresser un chapiteau pour l’occasion. Enfin, la loi ne vous contraignant pas à rester à couvert, vous pourriez également choisir une prairie, un champ, un jardin municipal, la place du village, une plage - que sais-je ? - présentant les surfaces nécessaires pour élire votre conseil. »

Mais M. Castaner garde le silence, comme abattu par la difficulté de la décision à prendre ou comme si ce sujet n’était pas de son ressort.

Alors, le Premier ministre entre en scène. Mais là, le train-train déraille ! Au lieu de tenir le langage de bon sens évoqué ci-dessus et de prendre une décision facile, Édouard Philippe en appelle au Conseil scientifique : c’est le coup du marteau-pilon pour écraser une mouche. La dernière fois qu’il a demandé son avis à ce corps étranger, c’était pour rouvrir les écoles. Réponse négative des « savants ». « On ouvre quand même », rétorque le Premier ministre, bravache ! Alors, se demande le bon peuple, pourquoi tant de fausse prudence pour les conseils municipaux ? Pourquoi s’abriter derrière le Conseil scientifique ?

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Yannik Chauvin
Docteur en droit, écrivain, compositeur

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