En Tunisie, on craint aussi la grande déferlante migratoire…

« Stupeur et tremblements », aurait écrit Amélie Nothomb. « Cris et chuchotements », aurait sûrement ajouté Ingmar Bergman, devant la terrible nouvelle. Ainsi, le président tunisien Kais Saied prévient-il, à l’occasion d’une réunion exceptionnelle de son Conseil de sécurité nationale, que « des mesures urgentes doivent être prises pour faire face à l’arrivée en Tunisie d’un grand nombre de migrants clandestins en provenance d’Afrique subsaharienne ». Bigre.

Notons que ce nouvel homme fort n’est ni un produit des Frères musulmans locaux, pas plus qu’il ne se revendique de l’héritage laïc instauré par son lointain prédécesseur, Habib Bourguiba. De fait, pour qui connaît un peu les subtilités carthaginoises, il tiendrait néanmoins un peu des deux, quoiqu’on puisse encore le définir comme patriote avant tout. Là-bas, tout est toujours très compliqué…

Il n’empêche que son discours est tout aussi clair que musclé, concernant ces « hordes », sources de « violences, de crimes et d’actes inacceptables », allant même jusqu’à qualifier cette immigration clandestine « d’entreprise criminelle ourdie à l’orée de ce siècle pour changer la composition démographique de la Tunisie, afin de la transformer en pays africain seulement et estomper son caractère arabo-musulman », relate ainsi Le Figaro de ce jour, relayant au passage le très officiel communiqué des autorités tunisiennes.

Communiqué de la présidence: Kais Saied, évoquant l'immigration subsaharienne, parle d'un complot pour "modifier la composition démographique de la Tunisie". Pour qu'elle soit considérée comme un pays africain uniquement, et non comme appartenant aux "oummas arabe et musulmane" https://t.co/PmQ1Maw0jq

— Inès Bel Aïba (@InesBelAiba) February 21, 2023

Stupeur et tremblements ? Oui, parce que s’impose cette évidence voulant que les Français et nos voisins de la vieille Europe ne soient pas les seuls à entendre fermement défendre leur identité. Et que cela peut stupéfier, si ce n’est même faire trembler, ceux qui estimaient que l’angoisse identitaire nous était seulement réservée alors qu’il ne s’agit que de la saine réaction des peuples les plus divers face à une mondialisation de moins en moins contrôlée.

Cris et chuchotements ? Les premiers viennent de ces gens qui, pratiquant un antiracisme dévoyé, sont les mêmes à estimer que le « racisme » serait le seul apanage d’un homme blanc déjà bien fatigué. Les seconds – mais ce sont souvent les mêmes – peinent à croire que des « racisés » pourraient à leur tour se montrer « racistes ».

Éternel problème de cette gauche de droit divin, déçue par le peuple d’après Mai 68 – il persistait à voter de Gaulle, puis Le Pen – et qui fit de l’immigration un sous-prolétariat de substitution, avant de découvrir que ce dernier n’avait que peu d’appétences pour les réformes sociétales à venir, entre mariage homosexuel et immigration en vente libre. On comprend qu’ils puissent désormais entre eux chuchoter. Mais qu’ils nous permettent, aussi, de rire entre nous à gorge déployée.

Ce, d’autant plus que la charge du président tunisien est tout, hormis anodine, puisque pointant d’un doigt l’hypocrisie structurelle de cette même gauche devenue cadavre à la renverse : « Ceux qui sont à l’origine de ce phénomène font de la traite d’êtres humains tout en prétendant défendre les droits humains. » Bingo ! Les ONG, complices des passeurs (ces nouveaux trafiquants d’esclaves), le show-biz les transformant en livreurs de pizzas et en esclaves sexuels, comme le décrivait, le 21 février, l’ami François Bousquet ; on doit sûrement en oublier, mais le compte y est.

Au final des courses ? Certaines de ces mêmes ONG font désormais le siège des autorité tunisiennes pour « lutter contre les discours de haine, la discrimination et le racisme envers eux et à intervenir en cas d’urgence pour garantir la dignité et les droits des migrants ». Contre un homme assurant, en substance, que la Tunisie doit demeurer aux Tunisiens, voilà qui risque d’être un peu court.

On conclura en disant que malgré leurs problèmes, les Tunisiens ont au moins cette chance consistant à avoir un président se préoccupant avant tout des intérêts vitaux de son peuple. Dommage qu’on ne puisse en dire autant en France.

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