Emmanuel Macron serre la vis aux immigrants… en Guyane

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Le moins que l’on puisse dire, c’est que le chef de l’État n’a pas été bien reçu en Guyane. Dans "ce morceau de la République plongé au cœur de l’Amazonie", comme il l’appelle, les problèmes sociaux se cumulent, l’insécurité règne, l’immigration n’est pas maîtrisée. Voilà que notre Président semble décidé à serrer la vis aux demandeurs d’asile et à restreindre l’accès aux allocations et au RSA.

Avec l’arrogance qui lui est naturelle et, sans doute, l’ignorance d’un béotien pour tout ce qui ne relève pas de la finance, Emmanuel Macron a commis maladresse sur maladresse. Un communiqué de l’Élysée aurait averti les journalistes des risques sanitaires qu’ils encouraient, leur recommandant notamment d'éviter de consommer de l'eau du robinet ou de se baigner dans l’océan. "Sommes-nous à ce point en danger pour qu’il soit conseillé aux journalistes de ne pas boire la même eau que nous ?" a protesté l’association des maires de Guyane.

Voulant parler un langage de vérité, comme si cela n’allait pas de soi pour un homme politique, notre Président a souligné qu’il ne serait pas "le père Noël", parce que "les Guyanais ne sont pas des enfants". C’est moins méprisant que de se faire traiter d’« illettré » ou de « fainéant », mais nos compatriotes de Guyane ont médiocrement apprécié cette amabilité. Tout comme de le voir se mêler, sur fond de rap, à la jeunesse désœuvrée et, reconnaissant l’odeur du cannabis, lui dire, sur le mode de la plaisanterie : "Ça ne va pas vous aider à bien travailler à l’école !"

Les représentants de Pou Lagwiyann dékolé (« Pour que la Guyane décolle ») n’ont pas, non plus, apprécié qu’il allât parader dans des quartiers difficiles, minés par la drogue et la violence, serrer des mains et bavarder, mais qu’il refusât de rencontrer leur collectif, pourtant signataire des accords de Guyane sous le mandat de François Hollande.

Pour se faire pardonner ou – qui sait ? – parce qu’il se rend enfin compte que c’est un véritable problème, Emmanuel Macron a annoncé des mesures censées restreindre l’immigration. Évoquant le cas des Haïtiens, dont la demande d’asile explose, il a déclaré que "la politique migratoire ne peut s'exercer [en Guyane] dans les mêmes conditions que pour le reste du territoire national", précisant que "les frontières de la Guyane ne sont pas des frontières naturelles, ce sont des axes de communication".

Il semble oublier que, dans l’espace Schengen, les frontières sont devenues une passoire, non seulement pour les immigrés qui sont entrés en Europe, mais pour les terroristes, comme on l’a vu récemment.

Il a également annoncé qu’il allait mettre en œuvre des procédures accélérées pour les demandes de droit d’asile, réduire à deux mois le versement de l’allocation attribuée aux demandeurs (supérieure au salaire moyen dans l’ensemble des pays voisins) et conditionner à quinze ans de résidence sur le territoire l’accès au RSA. L’État prendra d’ailleurs en charge ce RSA et le démonétisera pour que certains malins ne viennent le toucher sur place pour le dépenser ensuite dans leur pays d’origine.

C’est reconnaître qu’en Guyane, la pression migratoire, s’ajoutant à la crise sociale, menace de provoquer une véritable explosion civile. Bien qu’on ne puisse pas comparer la situation de la Guyane à celle de la métropole, ces mesures traduisent-elles, chez nos gouvernants, une prise de conscience tardive des conséquences d’une immigration incontrôlée ? Rien n’est moins sûr, tant la bien-pensance s’est installée dans les esprits et poursuit de sa vindicte tous les déviants, fussent-ils la voix du bon sens.

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Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

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