Emmanuel Macron : l’opportunisme lui va si bien
Après son recul impressionnant dans les sondages, Emmanuel Macron a intensifié son omniprésence médiatique. Plus sérieuses que la "pipolisation" du couple présidentiel sont les décisions politiques. L'une d'elles est habile. C'est la nationalisation temporaire de STX. D'abord, elle vient logiquement du gouvernement et, cerise sur le gâteau, d'un ministre "de droite" qui n'est plus à une couleuvre à avaler ou à une veste à retourner près. Le voilà donc sur les pas de Montebourg et du patriotisme économique pour sauver nos industries stratégiques. Or, Macron lui-même, quand il conseillait Hollande à l'Élysée ou succédait à Montebourg à Bercy, était aux antipodes de cette attitude. Il ne fallait pas effaroucher les investisseurs étrangers, mais vendre les aéroports aux Chinois pour qu'ils achètent des Airbus, et accepter l'abandon d'Alcatel, de Lafarge ou d'Alstom Energie à des groupes étrangers. Être à la fois le chantre de l'Europe fédérale et fermer la porte à des Européens quand on l'ouvre à des Asiatiques n'est pas très cohérent, d'autant moins que l'Êtat désargenté n'aura guère les moyens de poursuivre cette stratégie. Celle-ci est-elle industrielle ou de pure communication afin de redonner une touche de patriotisme à un tableau altéré par une attitude méprisante avec l'armée ? La diversité des motifs, de la rentabilité financière pour Alstom à la conservation du savoir-faire national pour STX, laisse penser à un opportunisme lié à des calculs dont le principal élément s'appelle Macron, et non la France.
C'est avec ce rare talent de falsificateur que le président de la République a présidé récemment une cérémonie de décrets de naturalisation. Là encore, le choix du lieu n'était pas dû au hasard. C'était à Orléans, une ville de droite où il avait déjà commencé sa campagne de séduction des patriotes naïfs en étant présent lors des Fêtes johanniques. Le discours sur les migrants était donc ferme dans la forme et trompeur dans son contenu. Les annonces sont péremptoires. Oui à l'asile des combattants de la liberté, non aux migrants économiques. Le Président ne veut plus voir un migrant dans la rue ni dans les bois. Il n'y a rien, dans ce discours, qui ne puisse être retourné comme un gant. La naturalisation massive d'étrangers et l'application du droit du sol masquent, chaque année, le nombre réel des immigrés en France et ce phénomène que Renaud Camus appelle le Grand Remplacement. L'accession juridique à la nationalité française cache la réalité de l'immigration. Par ailleurs, les migrants clandestins ne sont évidemment pas comptabilisés. Les chiffres doivent donc être corrigés, ainsi que le démontrent des sociologues comme Michèle Tribalat ou Jean-Paul Gourévitch. Mon séjour actuel entre Nice et Menton me confirme l'acuité du problème. La population de Nice a changé. Les gares qui jalonnent le parcours voient attendre puis monter subrepticement des voyageurs inquiets des regards et portant sac à dos. La réalité se moque des discours. Il lui faut des actes. Les seuls promis par M. Macron consistent à accueillir les migrants et à les loger, ce qui accentuera l'appel d'air.
Le Président a, bien sûr, rencontré une famille syrienne. Là encore, il s'agit d'un trompe-l'œil. La plupart des migrants ne viennent pas de Syrie et ne sont pas des combattants de la liberté. Ceux qui se réfugiaient à Londres en 1940, pour la plupart, n'y restaient pas et retournaient en France pour résister, comme Honoré d'Estienne d'Orves ou pour combattre en Afrique comme Leclerc. Les Afghans, les Érythréens ne sont pas des combattants. Ils fuient la guerre et la misère avec l'espoir d'accéder à une vie meilleure. Le demandeur d'asile et le migrant économique peuvent-ils être si facilement distingués ? La France peut-elle compromettre son identité, sa réalité, sa paix intérieure et sa sécurité en prolongeant cette politique suicidaire ? Certainement pas, et les discours n'y changeront rien !
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