Emmanuel Macron et son « opération somewhere »: l’échec !

macron saint criq

Amélie de Montchalin nous avertissait gravement, dimanche, d’un « ras-le-bol démocratique ». Certes, Madame le ministre, mais à qui la faute ? Ne faudrait-il pas plutôt parler d’une sanction du gouvernement, puisque ce tour de chauffe présidentiel se solde par un échec ? L’abstention des Français, pas dupes de la manœuvre, peut être vue comme une leçon démocratique.

On sait que les régionales ne mobilisent guère les Français, à la différence des municipales où l’on vote pour son maire : la mairie est près du clocher. Ajoutez à cela de nouveaux découpages, abstraits, une campagne sabordée, un peu d’air retrouvé, il n’en fallait pas plus pour que les Français s’abstiennent. Ils l’ont fait sans mesurer leur peine. Et les politiques de crier au suicide de la démocratie.

Emmanuel Macron, fin stratège, s’était dit : je vais être, moi, le anywhere, un somewhere. Pour porter la parole, je vais me faire, comme saint Paul, « tout à tous ». Pour ranimer la flamme amoureuse des débuts, je refais mon tour de France et mouille le maillot. En vérité, il fut partout et on n’a parlé que de lui. Il a fait des selfies, il a parlé cash, il a touché car il est très « tactile », comme on sait. Il a même reçu une gifle. Il a promené son visage bronzé et son sourire éclatant, du Stade de France à un jardin d’enfants, lancé la Cause de la lecture, à la maison de La Fontaine, en compagnie de Fabrice Luchini. Il a donné de lui sans compter. En récompense, il reçoit, hier, une claque électorale. Quelle ingratitude !

Le Président s’était dit aussi : ma personne ne suffira pas. Je donne mes ministres. Et le Président a parachuté ses poids lourds dans les territoires, dont le garde des Sceaux, Gérald Darmanin, Marlène Schiappa. Et ça n’a pas du tout marché. Dupond-Moretti et Marlène Schiappa, « très colère », ont raté leur atterrissage. Bref, l’opération somewhere fut un fiasco comme beaucoup d’autres. À qui la faute ? L’indifférence des Français, petits jouisseurs des bords de mer et des subsides gratuits ? La ritournelle du « tous pourris » ? Gifle roborative, plutôt, significative d’un « rejet global », comme disait Marchais, d’une « gouvernance » qui a fait son temps. Leçon de démocratie donnée à un Président venu faire sa tournée présidentielle à contretemps : on ne gouverne pas un pays sans ce pays.

Comme d’habitude, les sondages se sont trompés. On a dit, non sans dédain, que les électeurs étaient une élite intellectuelle et des retraités. Et les absents, les jeunes et les gilets jaunes. Certains journalistes ont parlé du fiasco de la stratégie macronienne tout en prétendant intact le charisme présidentiel. Sans LREM, en déroute, Macron se retrouve seul, comme il le fut toujours. Mais le RN ne fait pas non plus le score attendu. S’il n’y avait pas de second tour, le duel au sommet, tant espéré par le Président, n’aurait pas lieu. Venu vendre sa philosophie du nouveau monde et le rejet de la marque satanique, c’est de l’ancien monde, droite et gauche, que vient le camouflet. Suite et fin dimanche !

Marie-Hélène Verdier
Marie-Hélène Verdier
Agrégée de Lettres Classiques

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