Emmanuel Macron est d’abord le Président d’une France fragmentée

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Emmanuel Macron est d'abord le Président d'une France fragmentée, renonçant au mythe de l'homogénéité de la communauté nationale.

Vainqueur, il a su l'emporter sur une France conservatrice qui ne parvient plus à imposer son système de valeurs à l'ensemble de la communauté (LR/Sens commun), comme sur les mouvements populistes articulant leur discours autour du concept d'unité et puisant leur imaginaire politique dans l'idéalisation des Trente Glorieuses alliant plein-emploi, industrie, roman national, sécularisation.

La victoire d'Emmanuel Macron est d'abord celle du constat de la fragmentation, contre l'idéal du "sens commun" de la bourgeoisie provinciale et la réactivité populiste. 90 % des électeurs de Paris ont voté pour l'actuel Président, contre 10 % pour la candidate populiste, le potentiel électoral de cette dernière s'effondrant au-delà de 1.800 euros… France périphérique contre métropoles, catégories socio-professionnelles (CSP) périphériques contre CSP efficientes, mais aussi opposition des classes d'âge, des empreintes culturelles…

La méthode d'En Marche !, loin d'être purement et simplement "creuse", est parvenue à jouer de la fragmentation croissante de la société française pour faire réussir un homme et une équipe, pensée comme une start-up privilégiant les réseaux professionnels et de sensibilité. Président, conscient de l'importance de la "verticalité" de sa fonction, Emmanuel Macron cherchera d'abord à comprendre, manipuler et articuler les sensibilités des différentes catégories de la population (ses références au "roi" doivent être prises au sérieux). Dans une France fragmentée, sa mission est de "faire tenir ensemble" des milieux désormais incapables de se comprendre (selon la CSP, le vocabulaire quotidien pourrait varier de 500 à 5.000 mots).

Le choix des ministres et députés devrait traduire cette optique fondamentale. Technocrates, mais aussi scientifiques, chefs d'entreprise, hommes de médias et de culture, sportifs de haut niveau, personnalités médiatiques… Une manière d'illustrer la diversité croissante du corps social, en promouvant les compétences démontrées.

Nul positionnement "libéral", mais le décrochage acté des périphéries. L'État social ne sera pas remis en cause : les facilités accordées aux secteurs porteurs iront de pair avec l'encadrement croissant des milieux jugés irréformables à court terme, dans une économie que l'innovation devrait encore et rapidement bouleverser (robotique, intelligence artificielle). Coûte que coûte seront maintenues les aides sociales de survie, et renforcé, par exemple, le rôle d'encadrement de l'Éducation nationale (scolarisation plus précoce, et plus tardive).

Quitter les CSP périphériques, si l'on entend échapper à la stagnation et à la mise sous tutelle, est devenu une absolue nécessité. Pour elles, il n'y a pas d'autre projet.

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