Emmanuel Macron a préparé la crise immobilière

logement social

Chute de la construction d’habitations neuves, ralentissement des achats de biens, aggravé par la hausse brutale des taux d’intérêt, blocage du marché de la location : le secteur de l’immobilier est en panne. Plus de 4 millions de personnes sont mal logées et 330.000 personnes sans domicile (dont 120.000 dans des hébergements réservés aux demandeurs d’asile et réfugiés, l’immigration de masse aggravant la situation…). Comme Élisabeth Borne l’a observé, « nous traversons actuellement une crise du logement ». Cette sobre constatation a été confirmée sur France Info par le ministre délégué à la Ville et au Logement, Olivier Klein, sur un ton beaucoup moins apaisé : la situation est si tendue qu’il y voit un « risque de bombe sociale ».

Pour tenter d’éviter l’explosion, le Premier ministre a présenté, le 5 juin, un plan de sauvetage, qui affiche des objectifs ambitieux : favoriser l’accession à la propriété et à la location, soutenir la production et la rénovation de logements sociaux, relancer la construction et amplifier la rénovation énergétique du parc privé. Pour y parvenir, le plan Borne prévoit : la facilitation de l’accès à la garantie « Visale » (caution locative d’Action Logement) ; le rachat aux promoteurs, par la Caisse des dépôts et Action Logement (autrement dit avec l’argent public), de 47.000 logements non vendus ; l’octroi d’une enveloppe supplémentaire de 160 millions d’euros sur cinq ans au dispositif « Logement d’abord » ; le renforcement du dispositif MaPrimeRénov’ pour aider à la rénovation énergétique des bâtiments ; la prolongation jusqu’à la fin de l’année de la mensualisation de la révision du taux d’usure ; la prolongation jusqu’en 2027 du prêt à taux zéro, recentré dans les « zones tendues » (les grandes agglomérations) sur les logements collectifs – aux dépens de la maison individuelle ; et le développement du « bail réel solidaire »... En outre, le gouvernement supprime le dispositif Pinel (réduction d’impôt pour les particuliers investissant dans un logement neuf locatif) et envisage de réformer la fiscalité sur les « Airbnb », accusés d’aggraver la crise du logement.

Ces « mesurettes » techniques sont jugées très insuffisantes par l’ensemble des acteurs de la filière. La « bombe » n’est donc pas désamorcée. Il est vrai que l’artificier occupe un logement de fonction à l’Élysée... Dès son premier quinquennat, Emmanuel Macron a manifesté à l’égard du placement immobilier une hostilité de nature idéologique. La propriété foncière porte des valeurs d’enracinement, de localisme, d’identité, d’héritage, qui se heurtent à sa conception de la « start-up nation » et à la mobilité qui lui est chère. « Si la propriété, c’est un accès à l’immobilisme géographique et social, on peut questionner la fascination pour une société de propriétaires », déclarait-il ainsi, en avril 2017. En janvier 2019, il reprochait aussi à l’immobilier de coûter « trop cher à l’État » et de créer « peu d’emplois » (selon l’INSEE, le secteur de la construction employait pourtant, à lui seul, plus de 1,4 million de salariés en 2020...). Il a donc multiplié les mesures propres à décourager l’investissement dans ce secteur d’activité, en maintenant un impôt sur la fortune immobilière (l’IFI, qualifié par lui d’« impôt sur la rente immobilière »), en augmentant les prélèvements sociaux sur les revenus fonciers, ainsi que l’impôt sur les plus-values immobilières (réputées « injustes »). La suppression de la taxe d’habitation va également se traduire par une hausse sensible de la taxe foncière pesant sur la propriété foncière. À cela s’ajoute l’interdiction de louer les logements mal isolés (classés en catégorie G, F, puis E), qui compliquera encore la recherche d’un toit pour de nombreux Français.

Parallèlement, la fiscalité sur d’autres types de placements a été allégée. On voit où vont les préférences de l’ex-associé-gérant de la banque Rothschild.

C’est aussi à Emmanuel Macron que l’on doit la création, par la loi du 6 août 2015, qui porte son nom, du « bail réel solidaire » que le plan Borne prévoit de développer. Sous couvert de permettre aux moins aisés de devenir acquéreur de leur logement, ce dispositif à l’anglo-saxonne porte atteinte à la conception française de la propriété immobilière en dissociant la propriété (temporaire) du bâti (l’habitation) et celle du foncier. Le terrain appartient à un organisme foncier solidaire (OFS) auquel les occupants du logement versent une redevance, le « bail » étant renouvelable au bout de 99 ans.

Tout cela n’a pas empêché le ministre Klein d’affirmer, le 23 mai, à l’Assemblée nationale, que « le logement est au cœur des préoccupations de ce gouvernement ». Un vrai scoop !

Éric Letty
Éric Letty
Journaliste

Vos commentaires

26 commentaires

  1. Machiavel n’aime pas l’immobilier. Il semble préférer ceux qui gagne un pognon de dingue en transactions, commerce, trafiquants de tout genre, actionnaires, … . En effet, ces derniers sont bien moins taxés que le citoyen qui a trimé toute sa vie pour construire sa maison et ne pas être dépendant de la collectivité pour se loger.

  2. Comme toujours dans ce pays dirigé par des idéologues ils détruisent ce qui fonctionne et subventionne ce qui qui ne marche pas

  3. « Un banquier président c’est comme un alcoolique qui garde une cave a vin »
    le pire ennemi des francais et de la france c est le fleau macron et tous ses laquais

  4. Etonnant, pas un mot sur les prix…
    Depuis le covid, les prix dans l’immobilier ancien ont augmenté de 30 % !
    En 3 ans, c’est complètement déconnecté de la situation économique du pays !
    Des taux d’emprunt ahurissants et bien loin du bon sens financier ont participé du problème et la SPECULATION fonctionne à plein régime…
    Une baisse des prix de 15 à 20% permettrait un marché assaini et plus décent et donc, des transactions plus nombreuses !
    Cela ne résoudrait pas tout mais participerait de la résolution de cette importante question…
    Le problème est bien évidemment plus général car une bonne partie de la population vit au dessus de ses moyens par le crédit sans se poser de questions sur le futur et sur le fait que, quand on est endetté « à mort », nous ne sommes plus LIBRES !!! La France est dans le même état mais là, c’est voulu ! Regardez qui sont nos créanciers…
    L’indépendance de notre pays n’est plus qu’une vue de l’esprit…

  5. Ce macron a tout démoli. Par contre il est en extase devant l’intelligence artificielle. Ce type n’a pas les pieds sur terre

  6. Avec M. Macron et ses gouvernements, c’est simple : nous déconstruisons, ça casse, eh bien nous reconstruisons avec les impôts des français. L’argent magique. Vous savez ?

    • C’est très facile de dépenser l’argent des autres, l’argent de ceux qui travaillent. Ce matin sur une chaine « info » un intervenant disait qu’autrefois les Polonais, Italiens, Portugais etc… venaient en France pour… travailler, puis repartaient chez eux ou restaient. Oui mais ça, c’était autrefois!

  7. Comme je dis, voter pour un ancien banquier , c’est un comble pour un homme du peuple . C’est se faire lentement dépouiller et faut pas pleurer après. C’est l’avoir cherché et mérité.

  8. L’auteur fait l’impasse sur les prix qui sont devenus délirant dans l’ancien et le neuf. Que les prix baissent drastiquement, les gens pourront acheter pour y vivre et les investisseurs pour louer avec des rendements qui valent le coup, bizarre que cela n’ait pas même effleurer l’esprit de l’auteur

    • Pourquoi vouloir faire baisser les prix ils sont conformes aux prix européens et tous tirer vers le bas c’est le pouvoir d’achat qui doit augmenter

  9. Commentaire très complet. En effet, Emmanuel Macron a manifesté à l’égard du placement immobilier une hostilité de nature idéologique. Maintenant qu’il craint la bombe sociale, il fait semblant d’éteindre l’incendie de l’immeuble avec un seau d’eau.
    Toujours à propos de l’immobilier, on peut ajouter une autre inquiétude : Stella Dupont et Mathieu Lefevre, 2 députés macronistes, veulent imposer de réserver nombre de HLM aux migrants. Gageons que Macron (qui est forcément derrière ça) aura une majorité suffisante avec les LR et toute la gauche réunie autour de la Nupes.
    Que va-t-on faire des nombreux Français qui cherchent un logement ? il est vrai qu’ils auront la possibilité de dormir dans leurs voitures, un camping-car exténué, ou en dernier recours sous un pont sous lequel ils auront le confort de l’eau courante…

  10. Macron n’aime pas les propriétaires, surtout s’ils sont modestes.
    Emmanuelle Wargon, ancienne ministre du logement, avait déjà annoncé la couleur en disant tout le mal qu’elle pensait du modèle pavillonnaire. La suppression du prêt à taux zéro pour les maisons individuelles est donc une mesure logique pour les Macronistes qui méprisent la France rurale.
    Dans nos petits villages, les seuls projets immobiliers sont des pavillons individuels, auxquels peuvent parfois accéder des Français assez modestes, s’ils ne sont pas dans des zones trop touristiques.
    Le fait d’être propriétaire de son logement est un avantage substantiel lorsqu’on perçoit une retraite modeste. Ce sont donc ces Français-là qui vont être les premières victimes de cette idéologie écolo-socialiste, qu’on appelle le Macronisme.

  11. « le logement est au cœur des préoccupations de ce gouvernement » … C’est exactement pour « ça » que ca va finir comme tout ce dont macron s’est « préoccupé » de quelque chose ! …
    Il a l’infamie de la corde qui dit à son pendu « je suis ton seul soutien … »

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