Élections municipales 2020 à Paris : comment ne pas tomber dans le piège qui a mis Macron à l’Élysée en 2017

Hotel de ville paris

Un auteur de Boulevard Voltaire s’est récemment ému que l’opposition à Anne Hidalgo ferait, à Paris, le jeu d’Emmanuel Macron et lui offrirait les clés de la mairie en 2020. Il m’a même nommément cité, ce que j’accepte de bonne grâce, d’autant plus que je pense très sincèrement qu’il a tort et méconnaît les propositions très concrètes qu’Aimer Paris, l’association que je préside, présentera en 2020.

Tout d’abord, les facteurs réels de l’élection de 2017 ne seront pas pleinement transposables à Paris. Les unes de presse à répétition, la démolition systématique de tous ceux qui pouvaient entraver l’ascension de Macron, l’action conjuguée de Jacques Attali et Jean-Pierre Jouyet dans la sphère administrative et de Bernard Arnault, Xavier Niel et Patrice Drahi dans la sphère médiatico-financière ont fait la différence.

Fort logiquement, ce conditionnement de l’opinion publique a du mal à persister dans la durée. Le « miracle » Macron ne se produit pas. Depuis qu’il est élu, la croissance ralentit, plombée par le prix de l’énergie, la hausse de l’euro et aussi - et c’est sa faute - par un matraquage fiscal des retraités et propriétaires fonciers.

Il faut donc à Macron une victoire symbolique à Paris, en 2020, dans un contexte national qui risque de ne pas être porteur pour lui. Paris paraît acquis à sa cause, avec des scores dignes d’une république bananière au second tour de la présidentielle (autour de 90 % des voix pour Macron dans plusieurs arrondissements).

Cette apparente position de force a pour conséquence d’inhiber la gauche d’Hidalgo comme la droite des Républicains. Plusieurs de leurs cadres locaux ont déjà déserté.

Cependant, ce scénario peut échouer et c’est toute l’ambition d’Aimer Paris, notre association, que de conjurer cette nouvelle manipulation démocratique.

Les réseaux clientélistes d’Hidalgo (logements et associations, notamment) lui garantissent un score qui qui la protège d'un effondrement à la Hamon. Dans le nord de la capitale, La France insoumise est bien implantée.

Or, le mode de scrutin des municipales permet à une liste de se maintenir au second tour bien plus facilement que ne peut le faire un candidat aux législatives : 10 % des suffrages exprimés, contre 12,5 % des inscrits. Macroniens et hidalguistes sont bien partis pour s’entre-dévorer.
Ainsi le tour de passe-passe qui a mis Macron à l’Élysée en 2017 ne sera pas aussi simple à opérer en 2020 pour l’hôtel de ville de Paris.

Car ce serait bien une sorte d’Hidalgo reconditionnée que récupéreraient les Parisiens si Benjamin Griveaux ou un autre candidat de cet acabit emportait la mairie.

Nulle ambition de faire réellement reculer le niveau de prélèvement fiscal local quand toute la politique gouvernementale consiste à surtaxer l’immobilier. Nul recul de la bureaucratie quand, pour l’État comme pour la ville, les effectifs d’agents publics ne cessent d’augmenter. Nul terme mis à l’angélisme hypocrite sur la question des clandestins, qu’Hidalgo et Macron se renvoient comme un mistigri et dont les campements indignes ne feront qu’incommoder de plus en plus les Parisiens. Nulle réforme sérieuse du fonctionnement de services publics défectueux. Et une proximité gênante avec des intérêts privés puissants et peu bienveillants pour la ville : n’oublions pas que Benjamin Grivaux a été le directeur de la communication du groupe Unibail, qui profite largement de la commune de Paris au Forum des Halles ou au Parc des expositions, entre autres lieux.

Aimer Paris a déjà des propositions concrètes pour sortir du sectarisme d’Hidalgo dans le domaine de la circulation, de la propreté, du logement, de l’immigration, de la culture, de la sécurité. Notre association aura vis-à-vis de l’État une indépendance que jamais un candidat En Marche ! ne pourra espérer. Elle entend rassembler les oppositions à la politique d’Hidalgo et de Macron.
Notre nouveau site Internet (aimerparis.fr) est un outil précieux de reconquête et nous organisons, le 7 juin prochain à 19 heures 30 au Café du Pont-Neuf (1er arrondissement), une réunion publique pour amorcer le processus de renouvellement dont Paris a aujourd’hui tant besoin. Que tous ceux que Paris passionne n’hésitent pas à venir les découvrir !

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 10/09/2024 à 9:31.
Serge Federbusch
Serge Federbusch
Homme politique - Élu conseiller du 10e arrondissement (2008), fondateur d'Aimer Paris, candidat à l'élection municipale de 2020

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