Élections italiennes : le changement, ce n’est pas pour maintenant…
Qui observe un peu la situation politique des dernières années le sait, ou du moins l’a-t-il déjà lu : la traditionnelle dichotomie gauche/droite tendrait à s’effacer devant la progression de partis dits « populistes », désireux de restituer la souveraineté au peuple, et l’establishment en tremblerait.
Ben voyons !
Ce qui est, en fait, entré en crise n’est que le régime des partis institutionnels comme on le connaît depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Mais le système a plus d’un tour dans son sac, et entre l’apparent clivage droite/gauche et l’essor des mouvements populistes, on n'est pas près d’assister à un véritable changement d’orbite.
Cela est particulièrement visible en Italie, où l’actuelle campagne électorale, en vue des élections législatives du 4 mars prochain, bat son plein. Un unique tour de scrutin élira les représentants de la Chambre des députés et du Sénat dans une ambiance d’instabilité dont le pays peine à sortir.
Le paysage politique est scindé en trois avec, d’un côté, une coalition de centre gauche sous l’égide de l’ex-Premier ministre Matteo Renzi et une de centre droit menée par Silvio Berlusconi, incarnations de la vieille classe politique chargée de drainer ces mêmes sensibilités gauche/droite appliquées aux seuls thèmes sociétaux. En gros, on est tous libéraux et mondialistes, on va juste faire semblant de se disputer à propos du mariage homosexuel (qui, de toute façon, passera) ou sur le nombre de clandestins à accueillir (pas sur la façon de stopper ou non les flux), histoire de canaliser les passions, si tant est qu’il y en ait encore.
De l’autre côté, le Mouvement cinq étoiles, donné en tête dans les sondages, peut se permettre de concourir sans alliance. Idem : l'opposition gauche/droite perdure en son sein même, et encore plus parmi son électorat, divisé qu’il est entre un « populisme de gauche » et « un populisme de droite » et que seule l’envie de « faire payer » les puissants et d’assainir le système rassemble.
Contrairement aux augures que l’étiquette « populiste » laissait entrevoir, les Italiens ont vite été déçus puisque son action - au gouvernement comme à la tête des mairies de Turin et Rome – s’est limitée à dénoncer les scandales administratifs et autres dysfonctionnements bureaucratiques, sans rien changer sur le fond.
Quant aux populistes de la Ligue du Nord, normalisés à l’intérieur de la coalition de centre droit, ils ont fait le choix du froid calcul électoral, renonçant à toutes les positions souverainistes tels la sortie de l’euro, l’abrogation de la loi du travail sur la « flexibilité » ou encore le refus catégorique du droit du sol[ref]Silvio Berlusconi, leur allié, ayant récemment déclaré que le droit du sol pourrait être approuvé une fois terminée la crise migratoire.[/ref] dont ils s’étaient faits les ambassadeurs.
Ainsi, si le recours aux populismes est l’expression d’un véritable et légitime mécontentement des classes populaires en voix de tiers-mondialisation - aussi bien ethniquement qu’économiquement -, ils deviennent un atout pour le système qui saura les intégrer et en usera pour détourner la colère du peuple et faire croire que c’est des urnes que viendra l’aube nouvelle.
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