Effet placebo, du chimique au politique. Et pourtant, ça marche !
Conjonction fortuite ou révélatrice, les actualités politique et sanitaire en France semblent singulièrement se rejoindre sous le sens original du mot latin placebo : « Je plairai ».
Comme la politique générale du régime idéologique Macron cherchant désespérément à plaire, la décision récente de supprimer le remboursement des soins homéopathiques pose la double question de sa portée et de son opportunité.
Si cette décision est insignifiante d’un point de vue financier – une économie annuelle de 120 millions d’euros (1) comparée aux 13 milliards du remboursement de médicaments –, elle n’est pas anodine ni innocente du point de vue politique. La question est : pour plaire à qui ?
Alors que plus d’un tiers des Français recourent à l’homéopathie comme traitement principal ou complémentaire de troubles bénins et d’effets secondaires sans que cela n’oppose les « gens ordinaires » (2) qui aspirent à exercer librement leurs choix de vie en toute responsabilité, le puissant club des négateurs scientifiques et lobbyistes s’est acharné jusqu’au bout à diaboliser ses « praticiens » et « ses pratiquants », taxés injustement d’irrationalité et de superstition dispendieuses.
Certes, les défenseurs de cette « médecine douce » n’ont pas encore réussi à démontrer scientifiquement l’efficacité d’une thérapie qui donne pourtant des résultats probants quand elle est bien employée. De même, ses détracteurs sont tout autant incapables de démontrer scientifiquement une inefficacité démentie par des effets réels, signes de la supériorité de l’esprit sur la matière. Le procès en charlatanisme a commencé dès la découverte sérendipe de cette discipline à la fin du XVIIIe siècle par l’Allemand Samuel Hahnemann. Pour les deux camps, absence de preuve n’est pas preuve de l’absence, mais force est de constater que la virulence et l’intransigeance d’arguments d’autorité fondés sur des préjugés et des intérêts sectoriels est à la mesure de ses enjeux financiers. Cela n’améliorera pas la profonde crise de confiance des citoyens envers les autorités sanitaires nationales et internationales.
En ces temps de nouvelle adoration scientiste et de fuite en avant transhumaniste, il est crucial de protéger la science contre les lobbies et contre elle-même pour éviter un nouvel âge d’obscurantisme (3). Sans prétendre à la vérité absolue mais en traquant et en corrigeant autant que possible les erreurs, comme l’a toujours fait la science des visionnaires et non des doctrinaires.
Comme Galilée contraint de renier sa thèse de l’héliocentrisme pour échapper au bûcher de l’Inquisition et murmurant, dans un dernier souffle, le fameux « Et pourtant, elle tourne ! », les défenseurs de l’homéopathie se voient condamnés au bûcher de la Mentopolice (4), ligotés et raccourcis sur ce nouveau lit de Procuste qui fait une fois de plus diversion de sujets de société autrement plus urgents et importants. Et pourtant, ça marche !
Principe de réalité face à une idéologie du vide érigée en système de gouvernance, le régime Macron ferait bien d’analyser l’effet nocebo de sa politique déconstructiviste à l’aune des trois lois fondamentales de l’homéopathie : similitude, dilution, globalité.
(1) Soit 21 fois seulement le dépassement, constaté par la Cour des comptes, du budget de l’Élysée en 2018.
(2) « Ordinaire » dans le sens, où l’entend la philosophie politique de George Orwell, de « décence ordinaire » (common decency) des gens simples (et non simplets) et de bon sens (cf. De la décence ordinaire, Bruce Bégout, Éd. Allia, 2017).
(3) En référence à La Science en otage, Jean Staune, Éd. Presses de la Renaissance, 2010.
(4) En référence à la nouvelle traduction de 1984, de George Orwell, par Josée Kamoun, Éd. Gallimard, 2018.
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