Edwige Diaz : « Nous sommes sous-équipés pour faire face à ce type de feux »

E Diaz

La députée de Gironde Edwige Diaz revient sur l'incendie qui ravage son département. Pointant l'absence de prévention et les graves manquements et incuries de l'État, la députée du RN dresse un diagnostic sans concession.

Marc Eynaud. La Gironde est en proie aux flammes depuis quelques jours. Quelle est votre réaction face à l’ampleur de ces incendies ?

Edwige Diaz. C’était prévisible. Plusieurs feux se sont déclarés, notamment deux incendies géants : un sur La Teste-de-Buch, un autre sur Landiras. Il y en a également un autre dans le Médoc. Malheureusement, tout ceci était prévisible. En effet, les grands connaisseurs de la forêt avait alerté sur la mauvaise gestion et le mauvais entretien des forêts. Or, l’idéologie écologiste dit qu’il faut laisser la nature telle qu’elle est réellement, ce qui a conduit à arrêter l’entretien des forêts. Par ailleurs, malheureusement, malgré les alertes des connaisseurs du secteur, et notamment des pompiers, nous sommes sous-équipés pour faire face à ce type de feu. Nous n’avons pas assez de Canadair, nous n’en avons pas sur place. On découvre, dans la presse, qu’un certain nombre de Canadair sont en maintenance. Qui a l’idée de faire des maintenances en plein mois de juillet ? Qu’on les fasse au mois de novembre, par exemple ! On découvre également qu’il manque des pilotes. Même en ayant suffisamment d’avions, il n’y aurait pas assez de pilotes. On apprend aussi qu’il nous manque des pièces détachées car la France subit une désindustrialisation massive depuis des années et il en résulte une pénurie de pièces. Les pompiers, qui font un travail remarquable, sont aujourd’hui dans l’incapacité de circonscrire ces feux. Nous déplorons quasiment 20.000 hectares de forêt brûlée.

M. E. Beaucoup d’experts mettent en cause le réchauffement climatique. Qu’en pensez-vous ?

E. D. Il faut se poser les vraies questions dans l’urgence. Je vous donne un autre exemple. Pourquoi, alors qu’on manque de pompiers, le gouvernement refuse-t-il de réintégrer les 5.000 pompiers injustement suspendus car non vaccinés ? Je connais un pompier qui a voulu prêter main-forte sur l’incendie de La Teste-de-Buch. On lui a répondu qu’il ne pouvait pas y aller car il n’était pas vacciné. L’urgence, dans l’immédiat, est d’éteindre le feu. Or, 5.000 pompiers en France ne peuvent pas y aller car ils ne sont pas vaccinés. C’est une aberration administrative qui coûte très cher à notre forêt.

M. E. En tant que député siégeant à l’Assemblée nationale, que pouvez-vous mettre en œuvre pour participer à l’effort collectif et à la solidarité mise en place par une grande partie des Girondins ?

E. D. Nous allons demander des comptes. Mon collègue Grégoire de Fournas déposera certainement une question au gouvernement la semaine prochaine, et je déposerai une question écrite. Nous demanderons pourquoi personne n’a vu que nous étions en insuffisance de Canadair, de pilotes, de mécaniciens et de pièces détachées. C’est incroyable que la France, grande puissance mondiale, soit aujourd’hui débordée à cause d’un feu qui, à la base, est parti d’une voiture. En ce qui concerne le feu de La Teste, une voiture a pris feu. Le conducteur était en zone blanche et n’a pas pu prévenir tout de suite les secours. Cela pose aussi la question de la fracture numérique et cela fait partie des questions d’aménagement du territoire. Il faut couvrir la totalité de notre territoire en matière de couverture téléphonique pour anticiper ces problèmes. On sait très bien que ce sont les premières minutes qui comptent le plus dans un incendie.

M. E. Quel est le dénominateur commun dans cette avalanche de facteurs ?

E. D. On constate un aveuglement, un déni des pouvoirs publics qui ont conduit à cette insuffisance en matière de moyens humains, financiers et matériels. Il y a une vraie responsabilité politique. Notre responsabilité, au Rassemblement national, sera de déterminer quelles sont les politiques qui ont failli afin que l’on ne soit pas contraints de subir, chaque année, ces immenses feux de forêt qui auront des conséquences catastrophiques sur l’économie touristique, sur les entreprises. J’ai reçu beaucoup de témoignages de propriétaires de camping ayant tout perdu. C’est un vrai traumatisme pour les habitants également. Ils sont contraints d’évacuer leur maison. Il y a, en outre, la problématique des pillages. Un policier m’a dit avoir été réquisitionné pour surveiller les quartiers évacués car il y avait un risque de pillage. Il faut revoir toute cette politique d’anticipation. Il faut aussi avoir une vraie politique budgétaire ambitieuse afin de prévenir ces incendies qui ont des conséquences catastrophiques sur le plan environnemental et sur le plan de la sécurité.

Marc Eynaud
Marc Eynaud
Journaliste à BV

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