Édouard Philippe, prophète du macronisme

Samedi dernier, à l’occasion du congrès du MoDem, à la tête duquel François Bayrou a été réélu – un non-événement – avec 94 % des voix, Édouard Philippe est venu prêcher la bonne parole du macronisme au sein de la petite chapelle centriste.

Extraits du discours du Premier ministre : "Gauche et droite disent que c’est bien dangereux, une force centrale comme la nôtre qui s’élargirait car l’alternative serait aux extrêmes. Ils montrent leur impuissance à incarner eux-mêmes une alternative." On l’avait compris, le centre - centre gauche, centre droit - a emporté la mise électorale en 2017. Ce qui est nouveau et que révèlent les propos de l’ancien maire du Havre, c’est la prise de conscience par le centre de sa force. Force d’appoint durant des décennies, le centre devient - sans lapalissade - force centrale. Et qu’Édouard Philippe, un centriste pur sucre, proche d’Alain Juppé, exprime cette prise de conscience devant un rassemblement du MoDem, barycentre du centre, est plus que symbolique.

Évidemment, cette prise de conscience s’appuie sur un constat cruel et réaliste et le sondage, sorti durant le week-end sur les intentions de vote pour les élections européennes de 2019, ne peut que conforter le Premier ministre dans son constat. LREM est crédité de 26 % d’intentions de vote, loin devant le FN à 17 %, FI à 14 %, LR à 12 %. Le PS, quant à lui, n’obtiendrait que 8 %.

On notera que le total des intentions de vote souverainistes (FN, DLF de Nicolas Dupont-Aignan, Patriotes de Florian Philippot et UPR de François Asselineau) s’élève à 26,5 %, pratiquement au coude-à-coude avec La République en marche. Il y a donc bien deux pôles d’attraction qui sont en train de se constituer entre, d’une part les européistes conduits par Emmanuel Macron, d’autre part les tenants de la souveraineté, avec les nuances et les sensibilités propres à chacune de ces formations politiques. C’est donc autour de ce clivage que devrait se structurer le prochain enjeu électoral. 2018, année de tour de chauffe, nous le confirmera.

Les LR, dans cette nouvelle polarisation, malgré les coups de menton de Laurent Wauquiez, auront sans doute beaucoup de mal à faire entendre une voix cohérente et unie, tirés à hue et à dia qu’ils sont - en apparence - sur la question européenne. En apparence seulement, car lorsqu’on observe les prises de position à Strasbourg des députés LR, appartenant au groupe PPE, on constate qu’ils votent massivement dans le sens d’un « toujours plus d’Union européenne ».

La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon jouera évidemment sa partition de souverainiste de gauche. Mais ses « pudeurs de gazelle » - pour reprendre une expression de son leader - sur les questions identitaires le condamnent à plafonner dans le vote populaire. Quant au PS, il usera sans doute de sa dernière énergie pour sauver les meubles, c’est-à-dire quelques fauteuils. De toute façon, il n’est plus qu’un satellite hésitant entre l’attraction de la planète LREM et celle de FI. Les lois de la physique électorale trancheront.

Une nouvelle polarisation, donc. Mais Édouard Philippe a exprimé devant le MoDem ce qui est sans doute la pensée profonde de la « Macronie » sur cette nouvelle structuration de la vie politique. "Le vrai clivage, c’est entre l’élévation des consciences et la flatterie des bas instincts, ce réflexe populiste qui nous menace tous et que nous devons toujours écarter." Une nouvelle façon de concevoir la France d’en haut et celle d’en bas. En clair, défendre la souveraineté de la France, son identité, c’est faire appel aux "bas instincts". Plus clair encore, ce nouveau clivage, c’est tout simplement le camp de la lumière – des Lumières - contre celui de l’obscurité. Les sachants contre les ignorants (notamment en faisant n’importe quoi dans l’isoloir). Les biens mis contre les boiteux. Les penseurs contre les instinctifs.

Allons, ne mégotons pas : le camp du bien contre le camp du mal. Macron est grand. Et Édouard Philippe est son prophète…

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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