Pas de trêve de Noël pour la grippe ! Si l’on développait les centres pour « petites urgences » ?

Il n'y a pas de trêve de Noël pour les virus, et comme tous les ans, la grippe fait la une de beaucoup de médias, faisant resurgir ainsi les sujets classiques de l'encombrement des urgences hospitalières, des mesures de prévention à prendre et du nombre de morts prévisible.

Les uns se demandent à partir de quand se rendre aux urgences pendant que les autres s'interrogent sur la nécessité de se faire encore vacciner. Questions sans grand intérêt mais significatives d'une manière de penser.

Les urgences hospitalières ne sont pas destinées à traiter la grippe, pas plus qu’au moins la moitié des pathologies qu’elles reçoivent quotidiennement. Elles sont, malheureusement, devenues une sorte de « service poubelle » où on envoie toute la pathologie qui ne trouve pas preneur ailleurs ; et plutôt que de se poser les bonnes questions, les médias font des reportages sur ces services saturés et sur le personnel surchargé par cet afflux de malades qui viennent s’ajouter à un quotidien déjà largement pourvu en pathologies en tous genres.

Car si les malades viennent aux urgences, c’est qu’ils n’ont pas trouvé ailleurs un médecin pour les accueillir. Rares sont les généralistes chez lesquels on peut obtenir un rendez-vous dans la journée, et encore plus rares sont les villes qui possèdent un service de consultation d’urgence extra-hospitalier, auquel les malades peuvent s'adresser pour cette médecine de dépannage que les généralistes assument de moins en moins et qui va encombrer inutilement les services hospitaliers destinés à traiter des cas plus importants.

Hélas, à part quelques initiatives privées, ces structures font cruellement défaut, et ce n'est pas l’action des agences régionales de santé, qui s’acharnent à imposer des schémas organisationnels qui datent d'avant Jésus-Christ, au lieu de rechercher et de promouvoir des solutions innovantes, qui va améliorer cette situation.

Pourtant, la multiplication de ces centres de réception des « petites urgences » tenus par des urgentistes ou des généralistes est une solution d'avenir (qu'admettent tous ceux qui connaissent bien le problème) pour que les malades trouvent une réponse adaptée à leur demande et que les services hospitaliers ne croulent pas sous cette pathologie du quotidien qui, il faut aussi le noter, leur permet de rentabiliser leurs services.

Mais, pour beaucoup de médias, il est plus facile de dénoncer les effets d’un événement que de vouloir attirer l’attention sur les causes.

Faute de mieux, on nous parle de prophylaxie individuelle et, à défaut de nous conseiller de porter des masques (pas très cool !), on rappelle qu’il faut se laver les mains, tousser dans le creux du coude, mais on oublie de dire que pour être vraiment efficace, il faudrait éviter les transports en commun, les spectacles et tous rassemblements, qu’ils soient professionnels, ludiques ou autres. Toutes choses bien difficiles à réaliser, à moins d’arrêter la vie de la société pendant quelques semaines.

Alors, pour limiter les dégâts, on nous conseille de nous vacciner car, bien que la protection ne soit pas absolue, on diminue cependant de manière significative les possibilités d’être infectés.

Mais… cela ne met pas à l'abri de tous les autres virus qui, malheureusement, ne manqueront pas de se manifester pendant cette période hivernale !

Joyeux Noël quand même.

Dr. Jacques Michel Lacroix
Dr. Jacques Michel Lacroix
Médecin - Médecin urgentiste et généraliste

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