[Édito] Euthanasie : Emmanuel Macron n’a plus que cet écran de fumée à vendre

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C’était mardi, en fin d’après-midi. La police nationale communiquait fièrement sur son compte Twitter, photo du brave homme - ou plutôt de l’homme brave - à l’appui : « À Morlaix, un policier adjoint a sauvé de la noyade une femme suicidaire. Il n’a pas hésité à se jeter à l’eau et à nager sur une centaine de mètres jusqu’à la rive pour la ramener saine et sauve. » Le tweet rencontre un grand succès. Bravo à ce policier courageux. Non, la police ne tue pas, contrairement à ce qu’affirment certains, mais elle sauve. D’aucuns, dans les commentaires du tweet, réclament pour lui la Légion d’honneur. On le félicite. Pourtant, si l’on s’en tient à la philosophie du « suicide assisté » auquel le Comité consultatif national d'éthique (CCNE) vient d’ouvrir la porte dans notre pays, ce policier  aurait dû détourner le regard de cette femme désespérée. Voire, soyons cynique, lui maintenir la tête sous l’eau pour l'aider ? Puisque son souhait était de mettre fin à ses jours...

Quelle contradiction… Il en est une qui n’a sauvé personne mais qui a bien reçu la Légion d’honneur, c’est Line Renaud. Marraine de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD), elle milite pour l’euthanasie et affirme que le président de la République lui a confié y être favorable. Nous aurons l’euthanasie, c’est écrit. Emmanuel Macron est impuissant sur tous les sujets - sécurité, immigration, éducation, souveraineté, énergie, inflation… -, le seul terrain sur lequel il avance, au pas de course, c’est le sociétal. Ce sera sa martingale, son tour de passe-passe, son écran de fumée, LE sujet sur lequel les Français se déchireront et qui permettra d'occulter tous les autres. Les opposants  seront traités, comme il se doit, de catholiques intégristes et vite cornerisés. Et Emmanuel Macron, sur le fringant destrier du progrès, sortira victorieux, laissant son nom dans l’Histoire pour qualifier une insondable et terrifiante boîte de Pandore. L’euthanasie, ce sera lui. Grâce à lui, nous pourrons tous - la manipulation sémantique atteignant des sommets - « mourir dans la dignité ». Ceux qui s’y refuseront - passé un certain âge, passé un certain état, mais où sera au fait le curseur, et qui le mettra ? - seront réputés, tôt ou tard,  vivre dans l’indignité. On nous assure, croix de bois, croix de fer, que l'on investira en même temps dans les soins palliatifs. La bonne blague.

En janvier dernier, une tribune de Thierry Beaudet, président de la Mutualité française, en faveur de l’euthanasie, avait suscité un profond malaise. Le 8 septembre dernier, lors du 43e Congrès de la Mutualité française, à Marseille, les mutuelles ont réitéré une incursion qui ressemble fort à un conflit d’intérêts, par une « conférence inspirante » (sic) au titre biaisé : « Choisir sa fin de vie : l’ultime liberté ? » « Euthanasie, de quoi se mêlent les mutuelles ? », interroge, indigné, Tugdual Derville dans La Croix. À quand un grand colloque « inspirant » de la CPAM vantant les  mille et une vertus humanistes de l’euthanasie… et les économies substantielles qu'elle offrirait à la société ?

Gabrielle Cluzel
Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

50 commentaires

  1. Dans quelques temps, du fait de l’augmentation du « temps de travail », les sans dents seront morts en moins de 10 ans après leurs prise de retraite … Donc seuls les « nantis » n’ayant pas eu une carrière « usante » ( comme Line ou J-Luc auront le plaisir spirituel de se poser la question « j’ai bien vécu … maintenant je veux mourir ».
    La mort au lieu des « soins palliatifs » en fin de vie à cause d’une maladie ayant la seule issue ( la mort ) est à discuter et doit avoir lieu dans le cercle restraint de la famille. Le reste des « interventions » ( surtout les compagnies d’assurances ) relève des « croque mort » et des charognards avides d’un potentiel gain financier …

  2. Je ne voit pas en quoi il est glorieux d’empêcher quelqu’un qui a décidé de se suicider et de le ramener à son état premier ( désespéré) , sauf si le sauveteur apporte une rupture dans la spirale , à savoir : une personne à qui parler et qui sera apte à comprendre.
    Restons dignes ! ( Ah , mais : Oui, mais……: c’est quoi, la dignité ?

    • Si cette personne a décidé de quitter ce monde (et ne pas être sauvée?), elle aurait pu choisir un hôpital pratiquant ce genre de « soin ». A tout hasard je vous rappelle, d’une part, que le motif « de non assistance à personne en danger » fait partie du code pénal et est passible de prison et d’autre part, que le sauvetage et la protection d’être humain fait partie des missions assignées à la police. Il y a des moyens dignes et légaux mis à disposition du public pour s’assurer une fin de vie, pourquoi ne pas les utiliser?

  3. Jusqu’à présent quand on allait à l’hôpital on était à peu près certain que l’on ferait tout pour nous guérir et nous maintenir en vie ! Désormais, si cette loi scélérate est votée,( et nul doute que Macron la fera entériner sans débat dans la nuit par l’AN) on ne sera plus sûr que l’hôpital cherchera à nous soigner jusqu’au terme de la vie ! Terrifiant ! Le seul but poursuivi par Macron est de cliver pour régner !

  4. Excellent article Madame Cluzel , Vous avez fait le tour de la question, dans un condensé dont vous avez le secret .Toutes les questions .que l’on pourrait se poser autour de l’euthanasie et ses conséquences sont réunies là. Les réponses sont très certainement parmi celles que vous avez suggéré ! Line Renaud ne sait pas dans quel panier de crabe elle s’est engagée . Elle est loin des histoires terre à terre de Mutuelles et CPAM ! tous les lobbies sont déjà sur le pied de guerre ainsi que les ARS !

  5. Qu’est-ce que des « soins palliatifs » ?
    Pour ceux qui malheureusement ont vécu cette expérience auprès d’un proche, on s’aperçoit que ces » soins » consistent à un cocktail d’analgésiques et une privation de nourritures solides mise à part une perfusion de glucose…
    Et l’agonie peut durer plusieurs jours voire deux ou trois semaines…

    • Tout dépend où se situent ces services dits de Soins Palliatifs.
      J’ai travaillé dans de nombreux (en tant qu’accompagnatrice et formatrice) et je peux vous dire que le personnel était aux petits soins pour les malades : massages à 4 mains (pour éviter les douleurs), câlins, repas donné à la petite cuillère par des soignants patients et empathiques, échanges : paroles, gestes…

      Alors oui, des analgésiques (analgésique veut dire : suppression de la douleur physique), mais aussi prise en charge de la douleur psychologique, sociale, de l’entourage et prise en charge de la douleur spirituelle (dite existentielle pour les athées)

    • Il est toujours difficile de se mettre à la place d’un être aimé de, penser et de décider pour lui. Se mettre dans la « peau » (empathie) d’un autre n’est pas à la portée de tout le monde, les sentiments personnels submergeants le plus souvent les facultés de raisonnement. Et c’est là le centre du problème, comment penser et décider « honnêtement » pour les autres?

  6. Pour une fois , je suis en désaccord avec G . Cluzel. La Belgique et la Suisse , où se pratique la mort assistée , ne sont pas des pays barbares. Je suis favorable à la mort assistée , à condition que ce soit très bien encadré . Document écrit du citoyen et qu’il exprime verbalement sa volonté si il est conscient ,. Un conseil de médecins qui statue sur l’état de santé. Le droit pour les soignants de refuser d’administrer une injection létale.
    Des questions qui doivent être débattues au parlement. Bien sûr , on peut s’interroger , sur l’opportunité d’aborder cette question. Macron , ne se sert il pas de cette occasion pour masquer le fiasco intégral de sa politique, surtout quand on entend les dernières annonces de Mme Borne . Gouvernement responsable , mais pas coupable , comme d’habitude

    • « la mort assistée  » = souvent demandée par des gens qui refusent de se suicider (et qui pourraient) et qui préfèrent qu’un soignant la lui donne..
      Tellement plus simple, hein!
      Ils pensent à ceux qui poussent la seringue?
      Boff, ils s’en foutent!

      Quand à l’histoire du pompier qui sauve la pauvre suicidaire =
      Oui, si elle avait été aimée, écouté, comprise, probablement qu’elle n’en aurait pas été là

      Merci pour cela :  » Le droit pour les soignants de refuser d’administrer une injection létale »
      J’ai vu de mes collègues dans des états pas possibles devant ce qu’on voulait leur imposer.

    • Vous posez là les véritables interrogations : si la personne est PARFAITEMENT (sous aucunes influences) consciente de ses choix il n’y a plus de questionnement, mais si ce n’est pas le cas?

  7. Mourir dans la dignité… Ah la
    bonne blague présidentielle.
    M. Macron sait-il que mourir d’un « coup porté à la gorge », très en vogue ces temps-ci, n’est pas une mort digne ? Avant de pérorer sur notre fin de vie, il devrait se pencher sur la question de notre sécurité.

    • « Se pencher sur notre sécurité » et j’ajouterais sur la vie. La vie des Français, qu’ils soient au début, au milieu ou vers la fin de leur chemin de vie. Toute vie est sacrée. Qui a le droit de décider de sa fin?

  8. L’être humain en passe de devenir moins que l’animal. La peine de mort interdite, mais l’euthanasie et l’IVG qui sont autant d’assassinats sont acceptés. Ce monde marche sur la tête.

    • En effet. Tous ces thuriféraires de la mort programmée et donnée sciemment sur décision d’un collectif de professionnels de santé, nous rabaissent tout simplement aux rang d’animaux ce compagnie que l’on peut décider de piquer au prétexte fallacieux de souffrances insupportables.

      • c’est ce que l’on appelle » l’Ingénierie Sociale », dont le but est d’amener, par diverses méthodes psychologiques, l’être humain à décider de sa soumission et de sa propre suppression. Une démonstration nous est donnée dans le cas  » d’épidémies  » de Covid, Variole du singe et toutes celles à venir. L’argument principal étant la protection de l’autre on se soumet par humanité au pouvoir en place.

  9. Que Mademoiselle from Armentières ait un avis contraire ne me trouble pas, pourvu qu’elle le garde pour son usage propre (si l’on peut dire) , mais que cette influenceuse sociétale reçoive la médaille des soldats pour conforter ses choix est un tromperie de plus de la part du Président . Il n’y a aucune dignité à mourir même pour cet ancêtre indien qui , se sentant définitivement inutile, s’échappe et s’en va mourir parmi les gibiers qu’hier il chassait .

  10. Merci pour cet. article .
    Le grand champion de l’euthanasie c’était Hitler ..Qui y pense .?
    Le projet qui se prépare est monstrueux .
    Battons nous avec ce qui nous reste de forces .

      • disparition ou euthanasie ? Et dans les inutiles il convient de compter les opposants AUX pouvoirs en place et ceux qui ne servent plus à rien. Bilderberg ne s’en est pas caché et nous a parfaitement expliqué les tenants et aboutissants de ce qui nous attendait. Les évènements ne devraient pas nous surprendre, et pourtant que de palabres inutiles.

  11. Il y a necessairement quelque chose à faire pour ce sujet douloureux, qui regarde le patient et sa famille, car la loi « léonetti », ne résoud rien et est particulièrement cruelle.
    Malheureusement, le président dont la gestion du pays est catastrophique, n’a plus que le domaine soiétal pour exister.
    On sait malheureusement ce qu’il en est, l’humain semble bien loin, l’humain ne devient que la variable d’ajustement budgétaire, avec en plus une réforme des retraites qui ne fera qu’accélérer les problèmes du troisième et du grand age !

  12. En plus de l’idéologie progressiste qui anime nombre de mutuelles, celles-ci ne négligent-elles pas le fait que le coût d’une euthanasie est sans doute bien moindre que celui d’une hospitalisation en soins palliatifs …

    • La réponse est dans la question … De grâce, arrêtez cette naïveté qui encourage ces soit disant « progressistes »

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