Déliter l’armée : dernière étape pour espérer gagner ?

Mai 2021. La guerre continue mais la victoire se profile contre le Covid-19 à coups de vaccin. Souffle déjà une brise d’optimisme à l’idée de festoyer bientôt en terrasse. Emmanuel Macron, qui a déjà résisté au virus en 2020, et fort de l’immunité présidentielle, n’a plus qu’un an à tenir. Il sait qu’il ne faut pas crier victoire trop tôt mais, objectivement, sa réélection est très bien partie.

Il prend soin de ne pas avoir d’enfant et tous les sondages le donnent gagnant, preuve déjà qu’il ne finira pas comme François Hollande ou Jules César.

Une « 4e vague » peut advenir mais, atténuée par l’immunité acquise par beaucoup, ce ne devrait pas être un tsunami. Il pourrait même en profiter pour surfer dessus comme en 2017 sur les sondages.

Rien à craindre pratiquement, côté gilets jaunes. LBD et canons à eau en ont vacciné certains et l’argent public coule à flots pour parer d’autres remous.

Neuf candidats sont déjà déclarés contre lui. La plupart à droite, alors que les médias s'inquiètent de la division de la gauche. Huit sont très loin de sa hauteur dans les sondages. Seule Marine Le Pen surnage un peu. Mais, déjà coulée en 2017, Marine ne peut pas compter sur une vague médiatique pour la renflouer. Une déferlante terroriste, alors ? Oui, mais pourquoi les islamistes iraient-ils compléter son élection ?

Houellebecq a prophétisé la victoire d'un musulman dans un an. Il n’y a pas de tel candidat déclaré, mais le prix du vote islamique a monté. Paris vaut bien une messe, et Jean-Luc Mélenchon, conducteur officiel des Insoumis, peut faire office après une ultime conversion. Il prétend nous faire communier en lui à la République. Mais ce n’est plus un enfant de chœur. Vétéran des prétendants, on a surtout envie de lui offrir un masque et des charentaises.

Macron a raison de craindre l’armée. Qui d’autre, finalement, peut l’arrêter ?

Il doit montrer qui est le chef. La lettre des généraux est intolérable, de même que le courrier adressé, le 14 avril, aux groupes parlementaires qui mentionne : « Une guerre hybride nous a été déclarée, elle est multiforme et s’achèvera au mieux sur une guerre civile, ou au pire sur une cruelle défaite sans lendemain ». On ne peut laisser dire cela ! Laisser les forces de l’ordre réagir dans notre pays ? Il faut sévir.

Le pire mal, c’est l’extrême droite. 40 % des militaires seraient contaminés. Il faut des gestes barrières. Éloigner et cagouler les officiers. Par principe de précaution, resserrer le bâillon sur la grande muette, jusqu’à l’étouffement s’il le faut. Une solution pour éviter la guerre civile est de diviser l’armée. Pas déployer ses divisions, ce serait une folie, mais scinder son âme. Faire en sorte que nos militaires se battent entre eux, en silence, et laissent les civils tranquilles. Macron sait ce qui lui reste à déliter pour régner. Pour désunir les militaires, inventer une tentative de putsch comme il a fait est un joli coup.

Emmanuel est un artiste. Il veut réécrire l’Histoire et prolonger son rôle dans la représentation nationale. Metteur en scène de Castex, il a révélé son sens du comique de geste. Il apprécie sûrement celui de situation, dans l’agression de la CGT par l’extrême gauche.

Cette comédie ne déjoue pas la tragédie contemporaine : le dilemme entre guerre civile et soumission fatale.

L’abstention est tentante dans le choix entre la peste et le choléra que la République nous laisse, mais un élu doit sortir dans un an. Au contraire de sa devise, mais pour qu’elle vive, les Français ressentent en majorité le besoin des principes de l’armée : respect du devoir, hiérarchie, non-fraternisation avec l’ennemi. Ils la suivront. Elle a donc le devoir de tenter de resserrer les rangs des patriotes en portant un candidat au-dessus de la mêlée. Le général de Villiers, par exemple, puisque son prénom est désiré dans les quartiers. Sinon, elle vote pour la soumission, perd son honneur, puis la France.

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Dr Emmanuel Jalladeau
Médecin neurologue

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