Décès de Pierre Rabhi : les erreurs de l’idéologue de la décroissance

Pierre_Rabhi

Tout le « gratin » du « wokisme » et du climato-gauchisme, parmi lequel Sandrine Rousseau, Benoît Hamon et Anne Hidalgo, a rendu hommage à l’agro-écologiste Pierre Rabhi, décédé à Lyon, ce 4 décembre. Pierre Rabhi est reconnu comme l’un des grands théoriciens du décroissantisme.

Considérant que « la rationalité des prétendues Lumières a instauré un nouvel obscurantisme », Rabhi regarde toute forme de développement comme source d’aliénation du peuple. En promettant l’abondance grâce au travail, la société prométhéenne aurait privé le peuple des moyens traditionnels de subsistance liés à son environnement et l’aurait projeté dans l’esclavage et la misère.

Reprenant l’idéologie du prêtre philosophe viennois Ivan Illich, promoteur d’une société sans école et sans hôpitaux, les décroissantistes rejettent en masse les principaux véhicules du développement : science, médias, publicité mais aussi politiques sociales et sanitaires. Ainsi, accroître l’espérance de vie ou réduire la mortalité infantile grâce aux progrès de la médecine deviennent des contre-objectifs : « La mort est une réalité, elle fait partie de l’identité du village et la communauté a élaboré des rituels collectifs pour rendre la douleur supportable. » En toute logique, le décroissantisme s’oppose également au développement des pays émergents : « E
n choisissant ce modèle conduisant au désastre, les pays émergents contribueraient à accélérer un processus qui ne peut être que fatal à tous »
, explique Rabhi.

Le décroissantisme ne plaide pas en faveur d’une société capitaliste à croissance négative mais d’une nouvelle société impliquant une transformation profonde « décolonisant l’imaginaire économique et productif » et promouvant un retour à l’ère préindustrielle, précapitaliste et pré-économique. Pour Rabhi, « la pauvreté est une véritable option de vie et la sobriété une nécessité vitale ». La société décroissantiste s’articule autour de petites communautés autosuffisantes dans lesquelles les besoins matériels sont limités et les ressources produites localement. L’abondance n’est plus matérielle mais relationnelle : convivialité, solidarité, égalité, justice.

L’écologisme, le marxisme et l’anarchisme

Le décroissantisme a trois filiations différentes : l’écologisme, le marxisme et l’anarchisme. Le constat de départ relève bien de l’écologie : un monde fini ne pouvant supporter une croissance infinie, si la société continue sur sa lancée, la planète court à sa perte. C’est la première filiation.

Bien que jugeant très sévèrement le productivisme marxiste, les décroissantistes sont à une écrasante majorité issus de l’extrême gauche. C’est la seconde filiation. Ils y empruntent les valeurs traditionnelles de partage, de solidarité et d’égalité. Comme les marxistes orthodoxes, ils abhorrent la liberté d’entreprendre et perçoivent le libéralisme comme une source d’inégalités. La haine du capitalisme que nourrissait le marxisme classique a été remplacée par la haine du développement.

Enfin, le décroissantisme puise ses bases politiques dans l’anarchisme. C’est sa troisième filiation. Il condamne la démocratie représentative et promeut une démocratie directe structurée autour de fédérations autonomes associant les citoyens aux décisions quotidiennes. L’État et la propriété privée disparaissent, la monnaie n’existe plus et les biens rares sont répartis de façon égalitariste mais parcimonieuse en fonction des besoins de chacun.

Ce projet pour le moins terrifiant ne semble pourtant pas effrayer certains mouvements jeunistes comme Youth for Climate, Extinction Rebellion ou OnEstPrêt. Conformément à la pensée décroissantiste, ces collectifs considèrent que « la race humaine étant en danger imminent d’extinction, il faut s’extirper de ce système toxique, sortir du confort et démanteler les hiérarchies ». On y retrouve clairement les trois filiations. L’écorce écologique (« il est l’heure, la planète se meurt ») entoure des objectifs décroissantistes (« pas d’avenir sans décroissance ») teintés de marxisme (« planet before profit ») et d’anarchisme (référendum d’initiative citoyenne). Dans sa charte, Youth for Climate se qualifie à la fois de décroissantiste, d’anticapitaliste, d’égalitariste et de décentralisé.

Le philosophe Jean Pierre Le Goff dépeint la façon machiavélique avec laquelle le climato-gauchisme utilise la « crainte millénaire de la fin du monde » pour imposer aux jeunes générations la vision chimérique d’une humanité sans frontières, unie, pacifiée et solidaire, dans laquelle les pauvres et les conflits auraient disparu. Hélas, les rêves de sociétés idéales aboutissent plus souvent aux privations de libertés et à l’esclavage.

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Philippe Charlez
Ingénieur des Mines de l'École polytechnique de Mons (Belgique), docteur en physique de l'Institut de physique du globe de Paris, enseignant, membre du bureau politique de Identité-Libertés.

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