C’est un fait, je suis blanc : c’est grave, docteur ?

elisabeth moreno

Franchement, là, ça devient insupportable. Il y a aurait donc un privilège blanc, dans ce pays. Pour Emmanuel Macron, c’est « un fait ». Il l’a affirmé dans un long entretien à L’Express. Comme c’est un fait, ça ne se discute même pas. La Terre est ronde, le soleil se lève à l’est, se couche à l’ouest, il fait nuit à minuit, l’eau mouille et être un Blanc (je crois qu’on met encore une majuscule dans un souci de parallélisme des formes) de moins de cinquante ans, aujourd’hui, en France, est un privilège. Au passage, je suis un Blanc mais j’ai plus de cinquante ans : j’ai donc pas droit à ma carte privilège ! C’est donc un fait, que dis-je, un postulat, un axiome. Quelque chose qui ne peut se démontrer mais s’impose à nous comme une réalité. Un dogme, si vous voulez et avez l’esprit métaphysique.

Et comme les Français sont longs à la comprenette, le ministre délégué chargé de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances et autres lieux, vient d’en rajouter une louche sur LCI : « Évidemment, il y a un privilège blanc. »

Le nom du ministre ? Élisabeth Moreno. Ne pas confondre avec Morano Nadine. Rien à voir. Celle-là, c’est une privilégiée, même si elle a plus de cinquante ans : elle est blanche et d’origine ritale, donc européenne. Moreno Élisabeth, elle, est née au Cap-Vert, autrement dit en Afrique. Et puis, elle est bien plus distinguée, n'est-ce pas ? Son histoire personnelle, vous la trouverez sur Wikipédia, donc, on vous en fait grâce, d’autant que la place nous est comptée. Entre nous, elle serait née à Romorantin ou à Vierzon, serait-elle ministre ? On a bien le droit de se poser la question, puisque, visiblement, c’est la mode, notamment au plus haut de l'État, de tout ramener aux origines. Pas longtemps qu’elle est ministre : depuis le 6 juillet. Donc, faut bien qu’elle fasse parler d’elle, qu’elle se dépêche d’imprimer, comme on dit, si elle ne veut pas être de la prochaine charrette.

C’est un fait, il y aurait donc encore, à vue d’œil, en gros et à la louche, quelques millions de privilégiés dans ce pays. Combien ? On ne sait pas dire car les statistiques ethniques, rappelons-le, sont interdites. Mais alors, est-ce grave, docteur ? Question importante, s'il en est. Non, nous dit le ministre délégué qu’une photo traînant sur les réseaux sociaux nous montre, la moitié du postérieur posé sur sa table ministérielle, couverte de dossiers (la table, pas le ministre), de l’air de nous dire : « Vous voyez, moi, j’y suis bien arrivée. » On est, comme qui dirait, rassurés. « Il ne faut pas que les gens se sentent coupables d’avoir une situation plus confortable », nous dit-elle. Ouf ! Responsables mais pas coupables, en quelque sorte, tous ces Gaulois. Débitant son catéchisme, bien comme il faut, le ministre explique que « ce qui est important, c’est de lutter contre ces inégalités, et pour pouvoir lutter contre ces inégalités, il faut commencer par les reconnaître ». Comme on dit, faute avouée, faute à demi pardonnée.

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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