Benjamin Griveaux a mal commencé 2019

Le premier Conseil des ministres de cette nouvelle année a donné l'occasion, à Emmanuel Macron, de poursuivre son offensive en règle contre les gilets jaunes via son porte-parole Benjamin Griveaux. Cette ligne de la « foule haineuse » donne malheureusement raison à la lettre ouverte citoyenne adressée à Emmanuel Macron par un collectif de gilets jaunes conduit par Priscillia Ludosky : "La colère va se transformer en haine si vous continuez, de votre piédestal, vous et vos semblables, à considérer le petit peuple comme des gueux, des sans-dents, des gens qui ne sont rien."

Benjamin Griveaux n'est plus seulement le porte-parole, mais le porteur d'huile sur le feu : "Depuis les annonces d'Emmanuel Macron, le mouvement dit des “gilets jaunes” est devenu pour ceux qui restent mobilisés un mouvement d'agitateurs qui veulent l'insurrection et renverser le gouvernement."

Éléments de langage accueillis avec stupéfaction à la base du mouvement, par exemple dans le petit groupe de gilets jaunes venus, ce vendredi après-midi, apporter sereinement, dans sa permanence de Villeneuve-sur-Lot, leurs doléances au député LREM Olivier Damaisin, député nommé coordinateur pour la Nouvelle-Aquitaine du grand débat national. À les regarder, on n'avait pas vraiment l'impression d'avoir affaire à des insurgés. Le décalage est immense. Benjamin Griveaux devrait sortir de sa circonscription parisienne...

C'est que Benjamin Griveaux veut, comme son maître, cadrer ce « grand débat » duquel a déjà été retiré le thème de l'immigration : "Le grand débat national ne doit pas être un grand déballage, ni une volonté de rejouer l'élection de 2017, mais un moment de dialogue nourri à l'issue duquel se formuleront des propositions."

Encore quelques mots bien choisis pour apaiser les choses à la veille de l'acte VIII ? Benjamin Griveaux les a tous trouvés : « radicalisés », « complotistes », « conspirationnistes »...

On est effaré de constater que le gouvernement reprend la stratégie qui ne lui a guère réussi depuis le mois de novembre. N'a-t-il pas vu que 55 % des Français souhaitent toujours que le mouvement se poursuive ? Comme si tout n'avait pas été dit, comme si on avait oublié de mettre des choses sur la table, comme si les Français avaient l'impression que le pouvoir jouait un très mauvais jeu, entre une diabolisation méprisante et une fermeté policière parfois démesurée, avec ces morts, ces blessés ayant perdu une main, un œil...

Benjamin Griveaux a mal commencé 2019.

Floris de Bonneville
Floris de Bonneville
Journaliste - Ancien directeur des rédactions de l’Agence Gamma

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