Autopsie d’une élection
En ce printemps électoral 2017, de nombreux candidats patriotes aux législatives (dont je fus) ont pu faire leur la célèbre citation du général Cambronne à Waterloo : "La garde meurt mais ne se rend pas !" Car c'est bien à un baroud d'honneur que nous avons pris part, alors que, depuis le second tour de la présidentielle et l'élection d'Emmanuel Macron, les troupes, mais surtout les chefs (en particulier à droite), n'ont cessé de se débander. Certes, une bonne partie de l'électorat ne s'y est pas trompée, désertant devant les urnes à plus de 50 %. Mais comment ne pas relever et souligner la minable prestation d'une droite patriote qui, hormis le panache de Nicolas Dupont-Aignan se sacrifiant lors de l'entre-deux-tours de la présidentielle pour relever le drapeau et redonner de l'allant aux troupes, aura failli sur toute la ligne.
Programme électoral inapproprié, stratégie approximative, aveuglement des chefs et des appareils : toutes les conditions étaient réunies, malgré un contexte national qui avait rarement été aussi favorable, pour que l'échec soit au rendez-vous lors de ces deux consultations électorales majeures que sont la présidentielle et les législatives.
Les signes avant-coureurs de cette Bérézina électorale étaient pourtant nombreux.
Tout d'abord, un programme en parfait décalage, sur certains points de première importance, avec les attentes des Français. Ainsi, la question de la sortie de l'euro et, d'une façon plus générale, de la politique européenne de la France aurait-elle dû être réglée bien en amont des élections. Ce ne fut pas le cas, ce qui contribua à décrédibiliser le discours de la présidente du Front national lors des débats pour l'élection présidentielle, et lui fit perdre de très nombreuses voix.
La stratégie électorale, ensuite. Malgré les enseignements qui auraient dû être tirés des élections passées (municipales, départementales et régionales), il ne fut pas une seule fois évoqué, lors de la préparation de ces élections printanières, la nécessité de rechercher des alliances politiques qui auraient permis de faire face, en position favorable, aux candidats du système. Le second tour des législatives illustrera vraisemblablement, une fois de plus, ce manque de vision et d'anticipation qui sont la marque des grands partis et des grands responsables politiques.
Enfin, le manque de discernement des responsables du Front national qui, malgré de nombreux avertissements, n'ont jamais pris la peine de se remettre en cause, allant même jusqu'à provoquer par leur jusqu’au-boutisme idéologique, l’écœurement et le départ de certains de ses membres les plus dévoués, et parfois les plus populaires.
Il sera certainement plus facile, dimanche soir prochain, de rechercher les coupables de ce gâchis électoral dans les médias, dans le système ou même, comme certains hommes politiques dépités, dans l'insoutenable légèreté de l'électeur. Il n'en demeure pas moins que les plus lucides ne pourront pas échapper longtemps à la nécessité d'une introspection rigoureuse et méthodique qui devrait les conduire, en toute logique, à une sérieuse remise en question de leur façon d'envisager et de faire de la politique.
Néanmoins, il reste encore, d'ici dimanche, quelques cartes à jouer. Tout d'abord, celle de la mobilisation des patriotes, qui pourrait, dans quelques cas, faire basculer le sort d'une élection a priori compromise. Ensuite, celle d'une opposition déterminée aux candidats d'une France inféodée à Bruxelles. Enfin, celle d'une révolte massive de la droite, pour l'honneur !
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