Apprendrait-on mieux le français en Égypte qu’en France ?

EGYPTE
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Cet article a été publié le 19/03/2023.

À quelques jours de la rentrée des classes, la question se pose...

Emmanuel Macron prétend vouloir redonner à la langue française sa place et son rôle dans le monde, mais il ne se préoccupe guère de son enseignement en France. Il n'a de considération que pour la langue anglaise, qui est la langue du marché, au point qu'on se demande s'il ne se passerait pas volontiers de sa propre langue. Il s'accommode fort bien que l'anglais demeure une langue officielle de l’Union européenne, émaille ses propos d'anglicismes et étale, à la moindre occasion, sa maîtrise de l'anglais. La situation est différente en Égypte, qui pourrait lui servir d'exemple.

Le ministre de l'Éducation égyptien, Reda Hégazi, a lancé un projet financé par l’Agence française de développement (AFD), en partenariat avec France Éducation international (FEI), le réseau Canopé et l’Institut français d’Égypte (IFE). Dénommé le projet TrèFLE, il forme des inspecteurs et des professeurs, avec l'ambition d'augmenter le nombre d'élèves qui apprennent le français en langue vivante 2. Soulignons qu'aujourd'hui, déjà, plus de trois millions d'élèves apprennent le français en Égypte dans plus de 5.000 écoles. Et pas question de brader cet enseignement : l'exigence est la règle. « C'est un projet qui reflète les profondes relations entre nos deux pays », a déclaré Reda Hégazi qui, soit dit en passant, paraît plus dynamique que notre Pap Ndiaye.

Le français comme matière obligatoire dans les collèges publics égyptiens, dès la première année de collège, c'est assurément une bonne nouvelle ! Cette mesure permettra aussi d'entretenir les liens culturels et civilisationnels entre les deux peuples. Quand l'intérêt économique rejoint l'intérêt culturel, on ne peut que se réjouir. Ce n'est pas être nostalgique que de regretter l'époque où le français était, en Europe et dans le monde, la langue de la culture, des échanges et de la diplomatie. Encore faudrait-il que la langue française ne fût pas en péril dans notre pays.

En comparaison de l'Égypte, la France fait pâle figure. Non seulement elle est incapable de développer l'enseignement de langues étrangères autres que l'anglais – voyez, par exemple, l'état de l'allemand, du portugais et du russe –, mais elle ne se donne pas les moyens d'enseigner correctement sa propre langue. Quand on constate le petit nombre d'heures de cours consacrées au français, le faible niveau d'une majorité d'élèves et les mesurettes de Pap Ndiaye pour y remédier en classe de 6e, on peut se demander si les petits Égyptiens n'auront pas bientôt une meilleure pratique de la langue française que les petits Français. Sans compter qu'ils seront protégés des dérives de l'écriture et du langage inclusifs.

Il est vrai qu'un homme qui a déclaré, pendant sa première campagne présidentielle, qu'« il n'y a [...] pas une culture française, il y a une culture en France, elle est diverse, elle est multiple » ne peut considérer le français que comme un outil de communication, au même titre que l'anglais dont il raffole. En décembre 2022, Emmanuel Macron ne s'est-il pas vu distinguer, avec son ami le Premier ministre canadien Justin Trudeau, par l'Académie de la Carpette anglaise, une institution qui ne manque pas d'humour, pour son « acharnement à promouvoir la domination de l'anglais en France » ?

Nos dirigeants, comme des enfants insupportables chez eux mais exemplaires chez les autres, semblent plus soucieux de l'image et du rayonnement de la langue française à l'étranger que dans leur propre pays. Quand cesseront-ils de déconstruire la langue, la culture et l'Histoire de leur pays ? Au train où vont les choses, nos enfants auront bientôt plus de chances d'être bien instruits à l'étranger. Car ce n'est un secret pour personne que les lycées français à l'étranger, qui ne reçoivent pas que des enfants d'expatriés, échappent aux dérives de notre enseignement.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 28/08/2023 à 11:21.
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Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

Vos commentaires

31 commentaires

  1. En Egypte comme dans les terres d’islam ils ont intérêt à bien apprendre le Français pour faire avancer leur taqya…. Mais en France faut surtout pas, faut leur apprendre leur future langue obligatoire : l’arabe.

  2. Je ne cesse de me souvenir de mon meilleur professeur de français dans les années 60/70, il s’appelait Alexandre Biyidi Awala, l’exact opposé du Pap N’Diaye, il m’a fait aimer ma langue maternelle lui qui en avait une autre. Ce n’est que bien plus tard que j’ai découvert qu’il s’agissait de Mongo Beti, grand écrivain camerounais persécuté par le régime et réfugié en France où il fut agrégé. Il ne nous a jamais parlé de ses souffrances, à cette époque on était discret sur ces choses. Comme tout ceci a bien changé… Monsieur Biyidi, j’ai eu la chance de vous rencontrer, vous êtes dans mon Panthéon, à plus d’un titre.

  3. Incroyable de constater que de nombreux étrangers et chefs d’états aiment davantage la France que Macron qui s’acharne à la détruire . Quand à l’enseignement dans nos écoles il se dégrade d’année en année .

  4. Pourquoi se cassent-ils la tête à apprendre le français quand cette langue risque de suivre le sort du Latin. A moins que ce soit pour mieux nous noyauter.

    • parcequ’ils ont encore envie de se cultiver ! parcequ’ils croient encore qu’être  » cultivé » peut faire la différence dans leur vie, et que sans doute ils ont raison !!

  5. Ben voyons, ce n’est pas difficile d’apprendre mieux le Français qu’en France ! Que demander à un pays qui méprise sa culture et son histoire judéo-chrétienne ? Que demander à un pays qui finance la préservation des cultures à l’autre bout du monde et qui finance la destruction de sa propre culture ? Il fut des périodes où des gens là étaient considérés comme traitres et traités comme tel.

    • Et les cours en sont gratuits, il suffit d’aller dans dans les espaces d’attente n’importe où. Et pour que vous entendiez bien la prononciation de cette langue si suave les voix sont toujours hautes

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