« Dans les années 60, il y a eu un gauchisme des deux rives. Nous allons bâtir un conservatisme des deux rives ! »

François de Voyer fait partie de ceux qui accompagnent Marion Maréchal-Le Pen à Washington. Que vont-ils y faire, précisément ? Que traduit l'emballement médiatique suscité par l'annonce de ce "retour" ? Écoutez-le attentivement, ses réponses sont passionnantes...

François de Voyer, vous dirigez le collectif AUDACE, un réseau d’entrepreneurs. Vous faites également partie de cette campagne de Marion Maréchal Le Pen aux États-Unis.
Qu’allez-vous y faire précisément ?

Nous allons tout d’abord l’accompagner et la soutenir. Le but est avant tout de rencontrer des personnes qui comptent dans la société civile, y compris des entrepreneurs et des décideurs. Nous souhaitons, par cette prise de contact, à la fois nous inspirer des succès observés aux États-Unis, et rechercher des soutiens moraux, un réseau des deux côtés de l’Atlantique et à terme des financements.

La formule la plus utilisée pour définir cette visite est « conservatisme des deux rives ».
Qu’est-ce que cela inclut exactement ?

La gauche américaine des années 60 a réussi à infiltrer l’ensemble de la société américaine en s’inspirant de la French theory née en France. Le succès du gender aujourd’hui est finalement lié à un gauchisme des deux rives.
L’idée est désormais de bâtir l’alternative en s’inspirant du succès américain afin d’essayer d’occuper les différents pouvoirs en France. Cela ne passera pas seulement par la politique électorale.
N’y voyez aucun mépris de la politique électorale ni de la part de Marion ni de ma part. Simplement, nous manquons de relais à droite. Il y a de belles initiatives qui ont été créées. Boulevard Voltaire en est une, l’Incorrect en est une autre. On peut aussi citer la multiplication des écoles comme l’IFP. Il faut continuer dans ce sens pour irriguer la société afin que les idées de droite rayonnent dans tous les lieux de pouvoir.

Dans l’agenda de Marion Maréchal Le Pen, il y a évidemment ce discours devant les conservateurs américains après le vice-président américain. Quelles autres personnalités va-t-elle rencontrer pendant ce séjour ?

Son agenda est encore secret. Je ne peux donc pas vous dévoiler les gens qu’elle est censée rencontrer. Elle n’arrive que ce soir à Washington. Mais, je peux vous dire que nous, autour d’elle, avons déjà été contactés par beaucoup de décideurs et de responsables de grandes associations américaines.
Elle a en tête de rencontrer idéalement tous les gens qui sont également sortis de la politique électorale et qui aujourd’hui tentent de construire les idées conservatrices à travers les relais associatifs et les médias politiques. Parmi eux bien sûr, on retrouve Nigel Farage et d’autres responsables sortis de l’électoralisme qui sont en train de bâtir le succès de nos idées pour demain.

Le nom de Marion Maréchal Le Pen suffit-il pour la faire connaître du public américain ?

Paradoxalement, le fait qu’elle soit sortie du jeu politique traditionnel lui a donné une espèce de hauteur de vue qui lui permet de représenter un peu aujourd’hui le rassemblement des droites européennes. Je pense que c’est à ce titre qu’elle a été invitée, pour son expérience passée en tant que député, mais également pour cette capacité à transcender un peu les différentes nations européennes.
Il faut être très clair. Autant l’Union européenne est aujourd’hui un frein au développement de nos idées, autant notre succès ne se bâtira que sur une alliance des conservatismes européens. Et je crois qu’elle a cette capacité à devenir un peu une icône du conservatisme en Europe. Elle a bien fait de sortir du jeu politique. Je pense que son entrée dans l’associatif, le métapolitique, l’éducation et la formation me semble d’excellent augure pour le succès de nos idées demain.

L’emballement médiatique que suscite cette visite et cet intérêt que porte le public à Marion Maréchal Le Pen traduit-il selon vous quelque chose ?

Je pense que cela traduit l’envie de la part de tous les courants de droite de construire ensemble et de dépasser le jeu partisan que l’on voit aujourd’hui.
Quand on voit qu’un Laurent Wauqiez refuse toute idée de dialogue avec tout représentant du Front national, cela ne traduit pas du tout les préoccupations des électeurs, de ce que j’observe sur les réseaux sociaux et des gens que je rencontre en privé. Les gens de droite nous demandent de nous rassembler pour que nous puissions enfin gagner. Qu’on en finisse avec la malédiction Mitterrand. Cela s’est passé en Autriche et c’est en train de se passer en Italie. Il faut donc absolument continuer ce combat commun et dépasser les écueils partisans.
Je vois de bonnes initiatives dans certains partis. Je vois Les amoureux de la France, la réforme avec le congrès du Front national. Il faut continuer dans cette direction et cesser de s’empêcher de dialoguer ensemble alors qu’on partage l’essentiel des idées en commun.

Nous avons bien compris que ce n’était pas un retour à la vie politique, mais un ancrage dans la métapolitique. Marion Maréchal Le Pen se qualifie-t-elle néanmoins comme membre du Front national?

Elle refuse absolument et catégoriquement de s’impliquer à l’heure actuelle dans le jeu des partis. Elle ne veut bien sûr pas gêner ses anciens alliés et ses anciens soutiens. Elle ne veut simplement pas retourner dans ce jeu politique. Ce n’est pas du tout à l’ordre du jour. Elle est absolument claire là-dessus. Pour autant il n’y a aucun mépris derrière cela. Elle se montre très admirative de ceux qui continuent le combat dans l’arène politique. Mais pour elle, ce n’est pas à l’ordre du jour.
Elle veut s’investir autrement, par le combat culturel, dans l’éducation et la formation. Elle a encore l’amour de la France, notre pays, chevillé au corps. Et c’est de cette manière qu’elle veut s’investir et se battre aujourd’hui.

François de Voyer
François de Voyer
Chef d'entreprise - Président du collectif Audace

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