En un an, Macron a perdu sa gauche : vent de panique à l’Élysée !
Les signes sont nombreux et vont tous dans le même sens : Macron a perdu ses soutiens dans l'électorat de gauche. D'abord, il y eut toutes ces fonctions essentielles concédées à la droite juppéo-centriste : Premier ministre, Bercy, Budget. Ensuite, toutes ces caresses adressées à la France du bon sens en économie et à l’Éducation nationale notamment, avec M. Blanquer. Enfin, il y eut ce Président régalien, versaillais, Invalides, Bernardins jusqu'à plus soif.
Ce positionnement, dont on peut saluer, sinon la sincérité, du moins l'intelligence, s'est logiquement traduit par une popularité en net progrès dans l'électorat de droite, jusque chez les fillonnistes et les électeurs de Marine Le Pen. Mais aussi par une rétraction nette dans l'électorat de gauche : le « en même temps » semble toucher une limite de ce côté. Les électeurs de gauche ont, en effet, leurs raisons : la politique économique menée est celle d'un Alain Juppé, barbu et drôle certes, mais d'un Alain Juppé, et la gauche a des frissons dès qu'elle entend M. Collomb, pour qui elle votait les yeux fermés quand il était socialiste, parler de « submersion migratoire".
Donc, un an après son élection, selon l’IFOP, 55 % des sympathisants LR disent aujourd’hui soutenir le chef de l’État, contre 26 % seulement des électeurs de gauche. Et un sondage Elabe pour Les Échos et Radio Classique enregistre un effondrement de la popularité de M. Macron au sein de l'électorat de gauche : -5 % et même -12 % chez les sympathisants socialistes et radicaux. Bernard Sananès, président d'Elabe, parle même d'un risque de décrochage "définitif" du chef de l'État dans l'électorat de gauche. Emmanuel Macron ne progresse plus que dans une seule catégorie d'électeurs : ceux de François Fillon. Pour notre sondeur lanceur d'alerte,
À force d'accumuler les signaux soutenant une image de président de droite, vous prenez le risque de ne plus pouvoir changer votre image. C'est un peu comme l'image de président des riches.
Et les sirènes ont retenti jusque dans la macronie. Le Président lui-même, dont on sait l’hypersensibilité au kairos, a commandé une note aux trois économistes inspirateurs de son programme, note que révèle Le Monde, toujours aussi réactif sur ces sujets, et en tout cas bien plus que sur les « ristournes » faites au candidat Macron pour sa campagne électorale. Philippe Aghion, Philippe Martin et Jean Pisani-Ferry pointent "l’image d’un pouvoir indifférent à la question sociale".
L’ambition émancipatrice [...] du programme présidentiel échappe à un nombre grandissant de concitoyens, y compris parmi les plus fervents supporteurs de 2017. [...] Le thème de la lutte contre les inégalités d’accès, qui était constitutif de l’identité politique du candidat, est occulté.
Si vous êtes en attente d'un virage à gauche du pouvoir, vous irez lire Le Monde. Mais Macron va-t-il se gauchir ? L’Élysée laisse planer le doute. Et quelque chose nous dit que non. L'un de ses conseillers a déclaré, au sujet de cette note : "Elle a été lue avec attention mais elle ne présage en rien la politique du gouvernement."
Le phénomène Macron est passionnant car, en un an, il a remplacé son socle de centre gauche par un socle de droite : transfusion totale ! Du jamais-vu en politique, où chaque Président s'appuyait toujours sur un socle identique auquel il agglomérait sans jamais perdre ses bases. Là, il n'y a pas eu ajout mais substitution. C'est dire le caractère extrêmement liquide et fragile de ces soutiens, qui ne se solidifieront et ne se rejoindront que sous la pression d'une grande peur, comme l'an dernier. Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen semblent toujours disponibles pour le jeu. Et les Français ?
En tout cas, en un an, Macron a perdu sa gauche. Maintenant, il ne lui reste plus qu'à perdre son vernis de droite. Mais là, c'est à nous de jouer.
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