Affaires Benalla, Alstom, McKinsey : l’État macroniste sourd et aveugle

Larmes Macron

Emmanuel Macron, qui n’entend pas débattre avec les autres candidats à la présidentielle, répondra-t-il aux questions soulevées par les différentes affaires qui ont marqué son quinquennat ?

Le Président-candidat est sommé par tous ses adversaires, de gauche comme de droite, de rendre des comptes sur quelques dossiers, et plus récemment sur l’affaire McKinsey. Emmanuel Macron s’en serait bien passé, le jour de son grand oral. Un rapport était publié par la commission d’enquête du Sénat sur les cabinets de conseil, révélant d’une part l’opacité de ces contrats et, d’autre part, le mensonge de McKinsey affirmant payer ses impôts en France, alors qu’il n'aurait payé aucun impôt sur ses sociétés depuis dix ans, entre 2011 et 2021. Sous serment, face à la commission d'enquête du Sénat le 18 janvier 2022, le directeur associé de McKinsey en charge du secteur public, Karim Tadjeddine, avait martelé : « Je le dis très nettement : nous payons l'impôt sur les sociétés en France et l'ensemble des salaires sont dans une société de droit français qui paie ses impôts en France. » Mediapart évoque un « phénomène tentaculaire au sein de l’État », celui du recours aux cabinets de conseil : des sommes colossales dépensées en conseils (plus d’un milliard d’euros en 2021, selon Mediapart), une opacité entre circuits de décision et action publique, une influence majeure pour une efficacité mitigée : la question des masques, des vaccins et des radars routiers, c’est eux ! La baisse de 5 euros des APL, une prestation de conseil facturée 4 millions d’euros, c’est eux ! Des travaux fleuves sur « les évolutions du métier d’enseignant » facturés 486.000 euros provoquant des rires dans l’assemblée et un séminaire annulé, c’est eux ! La réforme avortée des retraites, c’est encore eux…

La classe politique s’indigne donc de cette banalisation du recours aux coûteux cabinets de conseil révélée par la commission d’enquête sénatoriale. Selon Mediapart : « Le paroxysme semble toutefois avoir été atteint pendant la crise sanitaire, où au moins 68 commandes sont passées, “dans un climat d’impréparation de l’État”, pour un montant total de 41 millions d’euros. » Les trois cabinets en cause, McKinsey (campagne vaccinale), Citwell (masques et blouses) et Accenture (systèmes d’information, dont le passe sanitaire) ont ainsi facturé à l’État 11.128 jours de conseil pendant la crise avec une facture moyenne de 2.168 euros par jour et par consultant. L'opposition fulmine. Valérie Pécresse écrit, dans un tweet : « Emmanuel Macron doit s’expliquer sur le recours massif de l’État à l’entreprise McKinsey dont le Sénat révèle qu’elle ne paye pas ses impôts en France. Comment pouvait-il ne pas le savoir ? » Delphine Batho, porte-parole de Yannick Jadot, ajoute : « Voilà comment on démantèle l’État et le service public. Non seulement le gouvernement a payé des millions d’euros de commandes de conseils à McKinsey, mais en plus, c’est un fraudeur fiscal ! » Jordan Bardella fustige à son tour : « Entre ses prestations douteuses, ses liens étroits avec la Macronie et son optimisation fiscale, il s’agit d’un énième scandale d’État. »

Débauche de moyens

Car cette affaire des cabinets de conseil s'ajoute à d'autres. Rappelons que le Président-candidat a été impliqué dans la vente d’Alstom à General Electric alors qu’il était secrétaire général adjoint de l’Élysée (2012-2014) puis ministre de l’Économie (2014-2016). Le député LR Olivier Marleix avait saisi le parquet sur ces conditions de vente, et notamment la passivité de la Justice face aux soupçons de corruption. Le député relevait (Mediapart, 23/7/2019) : « Le fait que l’on puisse retrouver dans la liste des donateurs ou des organisateurs de dîners de levée de fonds des personnes qui auraient été intéressées aux ventes précitées [Alstom, Technip, Alcatel…] ne peut qu’interroger. S’il était vérifié, un tel système pourrait être interprété comme un pacte de corruption. » Là encore, un rapport révèle « la débauche de moyens mis en œuvre pour acheter la décision du gouvernement ». L’affaire Benalla date un peu mais illustre également la privatisation de la sécurité présidentielle et les manœuvres du responsable de la sécurité personnelle et privée d’Emmanuel Macron, en charge de protéger ses secrets et son intimité, mis en cause dans les affaires dites de la Contrescarpe, des passeports et des contrats russes. Quelques ombres au tableau d’Emmanuel Macron, qui ne semblent pas ternir ses 30 % d’intentions de vote. Jusqu'à quand ?

Iris Bridier
Iris Bridier
Journaliste à BV

Vos commentaires

65 commentaires

  1. Le cabinet McKinsey, c’est déjà une grosse corruption. Mais il y a mieux. Dans la vente d’Alstom , le mari de Valérie Pécresse est lui aussi impliqué . Quant on vous dit que ces deux là c’est bonnet blanc et blanc bonnet. Sans oublier qu’à cause de cette vente, Hollande a été obligé de modifier la loi suer la haute trahison sinon Macron serait en prison ….

  2. Pourquoi payer tout ces rapports ? Nos ministres ne servent â rien alors.? Responsable mais pas coupable, on connaît la musique !

  3. Tous les candidats devraient s’unir le temps de dégommer Macron en lançant conjointement une pétition demandant des comptes sur les détournements de fonds du gouvernement.

    • Absolument. En tout cas RN , Résistance, Philippot et Aignan et les autres, tous unis et Xi macron sorti du paysage! N’est-ce pas l’objectif unique?

  4. Vous avez raison, tout semble glisser sur lui comme de l’eau sur les plumes d’un canard…et vous en oubliez beaucoup, toutes les affaires les ministres et membres du gouvernement, les mis en examen , les comportements ou déclarations incroyables , qui auraient valu d’être immédiatement viré dans le privé (notre hallucinante Sibeth par exemple…, Buzin etc) qui ont été tous couverts au minimum par un silence assourdissant, voire même décorés (Buzin..)
    Il doit rendre des comptes!

  5. Le Pire état l’ennemi du Mal, une situation comme celle-ci, où ce que vous nous apprenez culmine sur un gros tas de mauvaises gestions, il est une mesure qui serait judicieuse! Certes à grosses conséquences de plusieurs sortes: renoncement des 11 candidats, privés des joutes habituelles, au demeurant ridicules pour cette élection, à leur candidature! Une
    grande première, avec Larcher comme successeur transitoire !

  6. Concernant Mackinsey il faut ajouter le fils Fabius et aussi Van der leyen le laboratoire Pfezer et son mari Une simple affaire de famille dénuée d’intérêts naturellement et Il ne serait pas surprenant de voir certaines figures du FMI dans ce marigot

  7. L’affaire Alstom est à elle seule édifiante (voir « le traître et le néant ») et elle a même été reconnue par l’intéressé puisqu’il a fait racheter 3 fois plus cher les activités stratégiques qu’il avait bradées. Il y a là au minimum matière à une enquête parlementaire et à une mise en accusation devant une Haute Cour de Justice de la République (dissoute fort opportunément naguère). C’est autrement plus grave que l’affaire des costumes de Fillon.

  8. Merci à Iris Bridier pour ce bel article . Peut etre aurait-il pu être enrichi d’un court exposé des liens existants entre le gouvernement , le Conseil Constitutionnel et le Directeur McKinsey France . Mais peut être que M. Fabius y aurait vu ombrage

  9. Pour l’heure, c’est des larmes pour l’Ukraine, et oubliez mes frasques et autres turpitudes. Autrement dit: » Circulez, y’a rien à voir. »

  10. Ce n’est que de la poudre aux yeux. Si Mediapart n’avait pas de parti pris pour Janus, ses investigateurs auraient retrouvé la déclaration fiscale de Macron de l’année précédente de sa prise de fonction comme ministre. Et évaluerait son vrai patrimoine. Je pense qu’on trouverait la même « optimisation » que pour ces cabinets dits de conseil.

  11. Il préfère ne pas avoir à répondre à des questions non préparées, tel un élève médiocre. Dans le débat précédant le premier tour de 2017, B. Hamon lui avait demandé s’il était vrai qu’une partie de ses financements venait des laboratoires pharmaceutiques… Cette année, on pourrait lui demander des comptes sur bien des sujets. Désagréable…

  12. Si le président ne fait pas confiance à ses ministres pourquoi ne pas s’en séparer définitivement pour confier la gestion du pays à ces fameux cabinets – on nous prend vraiment pour des imbéciles en restant polie.

  13. Un pays magnifique où les fonctionnaires sont les plus nombreux … Nous sommes dans le beau pays où les budgets des ministères ont vertigineusement augmenté ces 5 dernières années …. Et nous sommes dans le pays où l’Etat dépense un pognon de dingue en cabinets conseils ! Cherchez l’erreur !Sous Sarkozy, l’affaire des sondages de l’Elysée a été portée en justice. Là, rien … Bon, nos journalistes « impartiaux » ne manqueront pas de rappeler les affaires de celui qui a la trouille de débattre !

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