Un écran peut être ce qui dissimule et ce qui montre des images. Il y a des écrans de fumée et nous avons nos petits écrans. Le Président Macron est le roi de l'écran sous son aspect ambivalent, le prince de la société du spectacle.

Macron est un homme de gauche, dont le parcours et l'ascension doivent tout aux coteries de gauche et il est parvenu à séduire à la fois les arrivistes forcenés qui l'accompagnent désormais et les gogos, lesquels se disent ravis de dépasser le vieux clivage gauche-droite. La gauche ne l'a jamais renié. Seuls les gens de droite croient en ce dépassement. Le tour de passe-passe du nouvel élu consiste à habiller la distinction de nouveaux mots, et de parler de progressistes et de conservateurs.

Depuis longtemps, la mainmise de la gauche sur la pensée unique qui règne dans notre pays identifie le progrès au bien et le conservatisme au mal. Macron peut redonner à la fonction présidentielle une prestance "gaullienne", ce n'est qu'une apparence mensongère qui farde une intention aux antipodes du gaullisme et qui consiste à dissoudre notre nation et son identité dans l'Europe, l'atlantisme et le grand marché mondial.

Le style présidentiel qui émerveille les médias camoufle la source de son pouvoir : une manipulation de l'opinion publique qui a escamoté le débat du premier tour au profit d'un harcèlement médiatique et judiciaire du favori - François Fillon. L'homme politique d'expérience, ayant gravi et occupé tous les échelons de responsabilité politique, devenait un "mis en examen" pour avoir, de façon transparente d'ailleurs, fait bénéficier sa famille de certains avantages des fonctions qu'il occupait.

"On cria haro sur le baudet, ce pelé, ce galeux" d'où venait tout le mal et, une sordide question de costumes venant s'y ajouter, la vieille classe politique et ses pratiques étaient écartées pour laisser place à la jeunesse sans tache et pleine d'espérance - macronienne en un mot.

Or, l'affaire Ferrand, vient de briser l'écran. Le député socialiste a été l'un des artisans essentiels de la réussite présidentielle. Macron, qui lui doit tant, a insisté sur la solidarité que son ministre devait susciter chez ses collègues.

Il a affiché son soutien, tandis que les magistrats faisaient cette fois la sourde oreille à la rumeur montante. La différence criante entre la précipitation contre Fillon et la retenue envers Ferrand est inquiétante. Sous la pression de l'opinion publique et des sondages, le parquet de Brest a fini par craquer et a ouvert une enquête. Les éléments de celle-ci sont beaucoup plus lourds que ceux qui ont "tué" Fillon.

D'abord, ils ne relèvent pas de l'autonomie de l'Assemblée et du pouvoir législatif. Ensuite, ils ont été sciemment soustraits à l'attention et encore récemment couverts par le mensonge.

Si on compare cette affaire avec celle de François Fillon, deux différences apparaissent qui devraient motiver les magistrats à enquêter sur la première : complexité et volonté de dissimuler chez Ferrand, simplicité et clarté des faits chez Fillon ; famille évolutive et clan chez Ferrand, et famille stable avec cinq enfants chez Fillon.

La loi va bientôt moraliser la vie politique grâce au chevalier blanc qui habite désormais l'Élysée. On va donc empêcher les élus d'embaucher leur conjoint ou leurs enfants, même lorsqu'ils sont compétents. On va ainsi interdire la transmission quand celle-ci est nécessaire à la société et qu'elle est logique dans l'entreprise ? Mais celui qui emploiera sa maîtresse ou son giton, celle qui recrutera son amant ne seront pas concernés. Les compagnes floues auront des avantages ignorés des épouses. La loi se sera éloignée de l'éthique en favorisant l'hypocrisie et aura, une fois de plus, affaibli la morale traditionnelle au nom de la moralisation. C'est un beau résumé de l'imposture Macron, le Président écran !

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03 juin 2017 à 0:58

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