Éric Zemmour encore qualifié pour le second tour : les détails passionnants de ce nouveau sondage

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L'ascension fulgurante d'Éric Zemmour semble se confirmer. La nouvelle vague du sondage Ipsos-Sopra Steria pour Le Monde le place, en effet, en deuxième position, à 16 %-16,5 %, derrière Emmanuel Macron donné à 24 %.

Ce second sondage à le donner qualifié est intéressant à plus d'un titre. D'abord, cette enquête du Monde - déjà menée il y a cinq ans - se démarque des autres sondages par le vivier d'électeurs interrogés : « 16.228 Français représentatifs de la population, soit plus de dix fois la jauge minimale. » De plus, « c’est le même échantillon qui sera interrogé à toutes les vagues. » La marge d'erreur est donc plus faible (moins d'un point).

Ensuite, pour le score d'Éric Zemmour, il montre que son ascension fulgurante correspond à un phénomène profond : ni Marine Le Pen, ni ses concurrents LR, quels qu'ils soient, ne parviennent à reprendre le dessus : elle est donnée à 15 %, Xavier Bertrand à 13 %. Certes, ils sont dans la même zone. Mais, pour Marine Le Pen, le décrochage est tout de même brutal : rappelons que la même enquête, en avril dernier, la donnait entre 26 et 28 %.

En outre, la cristallisation du vote Zemmour est aussi confirmée par le versant qualitatif de l'enquête qui a constaté qu'il « bénéficie d’un électorat solidement arrimé ». D'abord par son homogénéité idéologique : « L’électorat d’Éric Zemmour est idéologiquement très marqué. Ses électeurs [...] n’ont pour principales préoccupations que l’immigration (75 %) et la délinquance (51 %) – respectivement 46 points et 24 points au-dessus de la moyenne. Inversement, ils n’accordent guère d’importance à l’environnement (12 %) ou aux inégalités sociales (7 %). Ils estiment à 96 % que l’islam est une menace pour la République et à 98 % qu’il faut fermer davantage la France sur le plan migratoire. » Eux-mêmes s'estiment « radicaux ». Rien d'étonnant. C'est, pour Éric Zemmour, à la fois sa force et sa faiblesse. Force, car solidifier cette base sera son meilleur atout dans sa « primaire » face à Marine Le Pen, à qui elle manque déjà cruellement. Faiblesse s'il ne parvient pas à l'élargir, notamment dans une perspective de second tour. En outre, l'électorat Zemmour est déterminé : « 57 % de ses électeurs pensent en effet qu’il sera qualifié pour le second tour et élu. 83 % d’entre eux estiment qu’il a l’étoffe d’un président de la République. » Là encore, pour quelqu'un qui n'est toujours pas officiellement candidat, n'est pas un homme politique et faisait 3 % il y a deux mois, c'est spectaculaire.

L'analyse sociologique de son électorat peut aussi lui donner quelques espoirs : il « est sociologiquement assez équilibré – et c’est une force si on le compare aux électorats de Marine Le Pen ou de Xavier Bertrand. Il réalise en effet des scores relativement proches quel que soit l’âge des électeurs [...] Il réalise des scores relativement proches également entre les principales professions, de 14 % chez les CSP+ à 16 % chez les CSP-, cet écart de deux points culminant à 18 points pour Marine Le Pen. » Cela correspond, d'ailleurs, à son analyse et son ambition, comme il l'a déclaré à BFM : « Ça me conforte dans mon analyse. [...] Je rassemble un tiers des électeurs populaires et un autre tiers de la bourgeoisie. C’était ça l’enjeu pour moi. »

Le Monde égrène ensuite les handicaps du candidat Zemmour : fibre sociale et déficit d'image notamment. « 70 % répondent qu’il n’a pas l’étoffe d’un président de la République – il est, sur cette question, 37 points derrière Emmanuel Macron et même dix points derrière Marine Le Pen [...] et 71 % qu’il ne donne pas une bonne image de la France à l’international. »

Éric Zemmour a indiscutablement des progrès à faire. Mais est-ce l'appréciation que vous donnez à un élève qui passe de 0 à 16 deux mois après la rentrée ?

Frédéric Sirgant
Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

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