Quand l’obligation vaccinale accentue les déserts médicaux

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Il est de plus en plus de villes où obtenir un rendez-vous médical lorsque l’on est un nouveau patient relève de la mission impossible. Toujours la même réponse, des délais de plusieurs mois quand ce n’est pas une invitation de la secrétaire à passer son chemin. La question des déserts médicaux est liée au niveau insuffisant du numerus clausus pendant les années 1990. Longtemps, nos ministres ont pensé que pour réduire le déficit de la Sécurité sociale, il fallait limiter le nombre de médecins ! Résultats de cette politique sanitaire : nombre de praticiens arrivent à l’âge de la retraite et les nouvelles générations ne sont pas assez nombreuses pour compenser ces départs.

Le site du gouvernement nous explique que « pour remédier à cette situation, une réforme globale des soins de proximité a été prévue. Le plan d’accès aux soins, présenté en octobre 2017 par le Premier ministre et la ministre des Solidarités et de la Santé, en posait les premiers jalons. La stratégie Ma Santé 2022 vient maintenant donner un nouvel élan à cette dynamique et la doter de nouveaux outils. Cette politique s’appuie sur la mobilisation des acteurs de terrain, à qui elle propose une palette d’outils variés qu’ils peuvent utiliser en fonction des spécificités de leurs territoires. » Un joli jargon technocratique qui tend à faire oublier que ce même gouvernement prive des patients de leurs médecins lorsque ces derniers préfèrent renoncer à exercer que de se soumettre à l’obligation vaccinale.

Ainsi, le Dr Françoise Van Dien, à Pleudihen, en Bretagne, médecin généraliste de 66 ans. En pleine crise du Covid, l’année dernière, comme tous ses confrères, elle n’a pas démérité, loin de là. Son maire David Boixière la décrit dans le bulletin municipal : « Dès le 17 mars 2020, en plein trouble, elle s’est immédiatement engagée à nos côtés au sein de la cellule COVID intercommunale. En plus d’être auprès de ses patients dans cette période si particulière, elle a été un soutien de terrain indéfectible. » Aujourd’hui, malgré son excellente réputation, ses bons et loyaux services, elle ne peut plus exercer car elle n’est pas vaccinée. Quatre maires bretons, des communes de Pleudihen-sur-Rance, La Vicomté-sur-Rance, Saint-Hélen et Lanvallay (Côtes-d'Armor), se sont unis pour signer une lettre de protestation à l'ARS de Bretagne. Ils écrivent : « Comment gérer la santé des 1.583 patents du Dr Van Dien, la centaine de consultations qu’elle assume hebdomadairement dont la dizaine de visites pour des personnes hospitalisées à domicile ou dépendantes, sans compter ses interventions régulières pour les résidents de l’EHPAD de Pleudihen ? »

Les patients et amis du Dr Van Dien organisent une manifestation, en présence des maires, à Dinan, samedi 23 octobre, pour se rendre à la permanence d’Hervé Berville, député LREM des Côtes-d’Armor. Une mobilisation qui aide la généraliste « à tenir », qui « l’épaule dans [son] positionnement », constatant avec amertume « que les médecins vieillissent et qu’on est en train de se désertifier ». Celle qui avait prévu de former la jeune médecin qui allait lui succéder l’année prochaine et, ainsi, « garantir la pérennité de l’offre médicale » voit ses projets mis à mal. Un courrier recommandé du Conseil de l’ordre l’attend au bureau de Poste. Elle ne souhaite pas aller chercher ce qui pourrait être sa lettre de radiation. « C’est d’une violence inouïe, totalement inédite », déplore-t-elle, ajoutant que « cette incapacité à entendre des avis contradictoires signe la fin de la démocratie ».

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Iris Bridier
Journaliste à BV

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