Attaque de Colombes : c’était bien un islamiste radicalisé !

Capture d'écran
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On a d'abord parlé d'un homme fragile psychologiquement, selon la formule consacrée. Mais, après quelques jours de garde à vue, il a bien fallu reconnaître que l'auteur de l'attaque contre deux policiers, lundi, à Colombes, présentait le profil d'un islamiste radicalisé. Selon Le Parisien, c'est « un individu très politisé, connaisseur du conflit israélo-palestinien et présentant un fort intérêt pour l'actualité au Mali et en Somalie ».

Aucun commentateur n'a encore osé dire ouvertement qu'il ne supportait plus d'être confiné dans un immeuble HLM et qu'il a craqué. Lundi, en fin d'après-midi, il se met au volant de sa BMW – une voiture ordinaire pour qui est au chômage – avec deux couteaux et une lettre manuscrite où il prête allégeance à l'État islamique, affirmant sa volonté « de se lancer à corps perdu dans la bataille pour imposer la charia sur l'ensemble de la Terre ». Rien ne paraît planifié. Il achète du pain dans une boulangerie puis, à 500 mètres de chez lui, aperçoit deux policiers en train de contrôler le conducteur d'un véhicule : « Il appuie sur l'accélérateur et percute de plein fouet les deux fonctionnaires, blessant plus légèrement un policier municipal », raconte Le Parisien.

Selon un proche de l'enquête, « ce n'est pas un grand intellectuel mais il a des connaissances géopolitiques et n'est pas déséquilibré ». Il assumerait complètement son acte « puisque Allah [l']a désigné ». Il aurait expliqué que l'épidémie du coronavirus représentait pour lui « un signal divin » auquel il convenait de répondre en passant à l'action. Il se défendrait de s'en prendre aux civils, mais il estimerait être en guerre contre les forces de l'ordre et les militaires, « ces soldats ennemis ». Nul doute que sa défense saura tirer parti de ces délicatesses. Contacté par Le Parisien, son avocat a indiqué porter plainte pour « violation du secret de l'enquête, du droit à la présomption d'innocence et du droit au respect de la vie privée », mais n'a pas souhaité faire de commentaire sur le fond.

Les médias ne se sont guère étendus sur cette affaire. Elle est pourtant là pour rappeler que la crise sanitaire n'a pas effacé le danger terroriste. Christophe Castaner a publié un tweet de circonstance, se gardant de prendre parti : « Mes pensées accompagnent nos deux policiers blessés, alors qu'ils étaient engagés pour nous protéger. Hommage au sang-froid des policiers municipaux qui leur ont porté secours et ont interpellé le mis en cause. L'enquête qui débute fera toute la lumière sur ses motivations. » De son côté, l'exécutif libère des détenus pour raisons sanitaires, y compris des radicalisés. Début avril, Nicole Belloubet assurait que « les détenus terroristes, les criminels et les personnes condamnées pour des faits de violences intrafamiliales » étaient exclus, affirmant que seuls 25 détenus reconnus comme radicalisés avaient bénéficié d'une libération anticipée.

Les Français peuvent donc dormir sur leurs deux oreilles. Les radicalisés ne sont libérés qu'au compte-gouttes ! On continue de verbaliser les imprudents qui sortent de chez eux sans attestation, mais les apprentis terroristes peuvent céder à leurs pulsions sans inquiéter plus que de raison. On n'a pas la même fermeté, pour faire respecter le confinement, dans les quartiers sensibles que sur le reste du territoire. C'est bien normal, n'est-ce pas ? On ne veut surtout pas risquer de susciter des violences urbaines. Décidément, la Macronie a beau prétendre se réinventer, elle reste confinée dans ses préjugés ! Plutôt que de chercher à culpabiliser les Français, elle devrait s'interroger sur ses propres faiblesses.

Philippe Kerlouan
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

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