[Une prof en France] Menaces d’attentats : pourquoi l’école ?

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De très nombreux établissements scolaires ont été, récemment, la cible de menaces terroristes. Ces dernières se sont révélées fantaisistes, mais elles ont trouvé un écho dans la population, dont l'inquiétude est entretenue de façon constante par les médias et les organes étatiques. Depuis des années, les Français vivent sous la pression constante du terrorisme, sans que l'État ne semble en mesure, quel que soit le gouvernement, de juguler cette menace, qui n'a fait que s'accroître. J'étais étudiante dans le Quartier latin lors de l'attentat du RER B, en 1996. Je fais donc partie de la génération qui aura passé l'essentiel de sa vie dans ce climat d'insécurité. Auparavant, les attaques terroristes étaient liées à des revendications précises. Aujourd'hui, elles participent juste d'un climat, d'une guerre latente dont personne ne dit le nom et dont les autorités font semblant d'ignorer l'existence, pensant peut-être ainsi la rejeter dans le néant, ce que l'on ne nomme pas n'accédant pas pleinement à l'existence (c'était la minute de philosophie ontologique…).

Mais si les écoles étaient réellement visées, en tant que structures, et non seulement à travers l'individualité de leurs agents, qu'ils soient professeurs comme Samuel Paty ou Dominique Bernard, ou directeurs, cela ferait-il davantage réagir la population et nos dirigeants ? L'école est le véritable symbole de la République française, le creuset du système, car elle n'a pas d'autre fonction, en réalité, que de forger la société de demain, de façonner les citoyens qui en seront les cellules organiques, en un mot, de « faire communauté ». On n'a pas besoin de l'école publique, nationale, étatique, pour instruire les enfants, on s'en est passé pendant des siècles et cela fonctionnait très bien. Mais on a besoin de l'école pour former un corps politique à grande échelle, une communauté nationale, quand on a détruit tous les points d'appui traditionnels du patriotisme. C'est pour cette raison que reprocher à l'école d'être une structure politisée, de faire tourner l'essentiel de ses préoccupations autour d'éléments qui ne sont pas directement corrélés à l'instruction académique, c'est lui faire un faux procès, qui révèle juste que l'on n'a pas compris sa raison d'être et qu'on projette sur elle un rêve vertueux qui n'a jamais été pleinement dans son programme. L'école n'est pas là, essentiellement, pour rendre chaque enfant, individuellement, plus cultivé ni plus intelligent ; elle a été conçue pour façonner un corps social selon les critères définis par le gouvernement, qui n'alloue pas le premier budget de l'État à une œuvre philanthropique. C'est bien pour cela que nos ministres successifs, depuis plusieurs décennies, nous rappellent que l'école a vocation à se substituer à la famille pour, justement, pouvoir assurer cette fonction politique.

Viser une école serait donc conforme au principe même du terrorisme. Il y a encore quelques années, le terrorisme était le fait de groupes armés, entraînés et structurés, mais aujourd'hui, ce sont des ados paumés, souvent sans histoire, qui peuvent à tout moment frapper et tuer. Tous ces jeunes trouvent des relais nombreux dans une partie de la population et participent de cette pression terroriste, qui n'a pas besoin de passages à l'acte massifs pour assurer son efficacité sur l'esprit des élèves comme de leurs parents. La majeure part des Français a intégré dans son logiciel mental qu'il y a « des gens », partageant certains points communs, à qui il est prudent de ne plus se confronter. Les comportements des élèves se sont adaptés, celui des parents aussi, l'institution a changé certains de ses programmes, a négocié certains de ses principes : le terrorisme à l'école a déjà gagné dans une large mesure. Il ne sera donc pas nécessaire de déposer une bombe dans un collège : la gangrène intérieure a déjà presque fini son travail.

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Virginie Fontcalel
Professeur de Lettres

Vos commentaires

15 commentaires

  1. Cela fait des années que l’école sert à formater les enfants par l’idéologie de gauche, augmentée ces dernières temps, du wokisme le plus décomplexé et de l’entrisme islamique. Les parents doivent être vigilants et ce n’est pas toujours évident. Ou, s’ils en ont les moyens, envoyer leur progéniture dans le privé.

  2. En clair, cela se nomme la dhimmitude. Non ? Le prix de cette lâcheté risque d’être élevé…

  3. … « pourquoi l’école » ?
    Parce que les musulmans, particulièrement les intégristes, refusent que le « savoir » soit donné aux enfants, particulièrement les filles

    Celles-ci doivent restées ignorantes toute leur vie, et accepter tout des mâles dominants et de leur vision de ce que doit être la société.
    Ces gens-là ne sont pas construits intellectuellement pour vivre dans nos sociétés libérales et ouvertes !
    C’est pourquoi il faut absolument renvoyer tout ces extrémistes, à plus ou moins degrés d’importance, dans leur pays au plus vite, afin que « l’école » toute entière ne devienne aussi gangrenée que « Sciences-PRO hamas ».
    S’il n’est pas déjà trop tard ?

  4. « L’école n’est pas là, essentiellement, pour rendre chaque enfant, individuellement, plus cultivé ni plus intelligent ; elle a été conçue pour façonner un corps social selon les critères définis par le gouvernement, ». Et c’est une enseignante qui écrit cela ? Vous avez une drôle de conception de votre métier.

  5. je lis votre article après un autre qui, ailleurs, parlait du théorème de Thalès… et oui, nous avons oublié d’enseigner le théorème de Thalès, mais surtout, surtout, nous avons oublié pourquoi ! et cela donne votre article sur l’enseignement…

  6. Bonjour Virginie. Habituellement je vous suivais dans vos analyses, sans broncher. Aujourd’hui, vous m’effrayez. A la suite d’une première lecture, j’ai cru, un moment, à de l’humour, à de l’ironie, à de la dérision. Relue, je perçois un certain militantisme qui serait raccord avec l’esprit d’une majorité d’enseignants, endoctriner les élèves, en réponse à une volonté gouvernementale. Je vous cite «  » On n’a pas besoin de l’école pour instruire ….. mais pour former un corps politique. » Effrayant ! En clair, si je vous comprends bien, appliquer la ligne de conduite imposée par le gouvernement. C’est ainsi que vous acceptez tous les produits dérivants, dont étude du genre, sans la moindre résistance. Vous participez ainsi à l’indiscipline d’un milieu composé d’enfants qui nécessitent avant tout, rigueur et développement des aptitudes à recevoir des valeurs exemplaires. Dans un passé où la valeur « patriotisme  » s’imposait progressivement, nos enseignants se tenaient tout particulièrement éloignés de tout endoctrinement. Ils se contentaient d’instruire , par la lecture, par l’explication de textes inscrits dans leur époque, par des commentaires de faits historiques et leur impact sur l’évolution sociale, par le développement de la réflexion cartésienne et par moments , par quelques règles du savoir vivre en communauté. A aucun moment, l’esprit partisan de l’enseignant se manifestait. C’est ainsi que progressivement s’est formé mon idéologique, que j’ai été en possibilité de m’orienter vers tel mouvement politique. Une démarche tout à fait personnelle, sans aucune pression de qui que ce soit. A l’époque ,mes parents étaient beaucoup préoccupés par la direction de leur établissement que par mes orientations politiques dont ils se désintéressaient totalement. Pour en revenir au patriotisme. Il s’acquiert par des convictions forgées par un environnement. Lorsque vous percevez un Chef d’Etat qui va-t-en guerre sans réflexion majeure, qui prétend engager l’armée française pour s’opposer à une cause qui ne nous agresse pas, on est en droit de se demander si c’est le patriotisme qui le guide ou la satisfaction de son égo. S’il est toujours français ou s’il a l’esprit ailleurs. Je vais enfoncer le clou « L’école n’est pas là pour rendre un enfant plus cultivé, plus intelligent ». Ouah ! Tout autant que moi vous savez qu’il existe plusieurs formes d’intelligences . Certaines sont à développer plus que d’autre, sont accessibles plus que d’autres. Renoncer à cette belle mission, les mettre en valeur, c’est renoncer à sa propre existence d’enseignant, à sa propre destination. A mon avis. Seriez-vous démotivée à ce point ? Ce qui peut vous requinquer, cette expression que vous nous adressez. N’hésitez pas à vous libérer. Bonne semaine Virginie. Toujours heureux de vous lire.

    • « Former un corps social » par l’enseignement était le but déclaré de l’école de Jules Ferry. L’école obligatoire avait pour but de former des citoyens qui adhéraient à l’idéologie républicaine de l’époque, d’avoir un réservoir de soldats en cas de guerre, et de lutter contre l’influence de l’Église, qui jusque là avait le monopole de l’instruction des enfants. L’école de Jules Ferry voulait remplacer -entre autres- la religon catholique par la religion républicaine. Rien n’a vraiment changé, sauf la qualité de l’enseignement. Souvenez-vous de Vincent Peillon qui voulait arracher les enfants à leur « déterminisme social », et qui a utilisé le terme de « religion » pour parler de l’école.

  7. Madame Fontcalel, la dernière phrase de votre article résume celui-ci de façon malheureusement fort réaliste. Les gens de ma génération, aujourd’hui grand-parents sommes effarés et très inquiets mais pas étonnés par la dégradation scolaire et sociale en général. Nos politiciens procèdent depuis 50 ans à l’avilissement, à la déconstruction de cette « république », république des mécréants.
    Courage et détermination !

  8. La gangrène ne se trouve pas seulement dans nos écoles mais partout , dans les entreprises , les commerces , dans la rue . La gangrène porte un nom , elle a un visage et ne cesse de s’amplifier par la faute de nos politiques et de l’UE .

  9. Malala Yousafzai se fait connaître du grand public début 2009, à 11 ans, par son témoignage intitulé « Journal d’une écolière pakistanaise » (Source Wiki). Elle dénonce les violences du Tehrik-e-Taliban Pakistan qui incendie les écoles pour filles et assassine ses opposants
    A 15 ans elle est victime d’une tentative d’assassinat la blessant grièvement par tir d’une balle dans la tête, un attentat revendiqué par les Talibans qui tentaient d’interdire la scolarisation des filles.
    En 2014, âgée de 17 ans, elle obtient le prix Nobel de la paix.
    En France nous glissons doucement mais sûrement.

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