[L’œil américain] Intifada des campus : les petits propagandistes du Hamas félicités par l’Iran

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À Téhéran, les mollahs doivent se frotter les mains. Les étudiants de Columbia, avec leur campagne d’occupation des campus qui se répand comme une traînée de poudre dans tous les États-Unis, viennent de leur rendre un fier service. Et que dire du moment choisi ? Les dirigeants iraniens ne pouvaient rêver mieux. Les centaines de missiles et de drones lancés sur Israël, la nuit du 13 au 14 avril, avaient recentré l’attention médiatique sur la menace constituée par l’Iran pour la stabilité régionale et refédéré une partie de l’opinion publique mondiale autour de l’État hébreu.

Replacer Gaza sur le devant de la scène

En déployant des tentes sur leur campus quatre jours plus tard, le 17 avril, les étudiants de la prestigieuse université new-yorkaise ont créé un événement médiatique qui a permis d’inverser la tendance et de revenir à la priorité du régime iranien : replacer Gaza et la cause palestinienne sur le devant de la scène internationale.

Le 10 avril dernier, quelques jours avant le lancement de l’attaque iranienne contre Israël, le guide suprême Ali Khamenei a prononcé un discours au cours duquel il a insisté sur le fait que la « question de Gaza » était le « principal problème du monde islamique ». Et comme il l’avait fait peu avant l’attaque du Hamas du 7 octobre, il s’en est à nouveau pris aux pays musulmans entretenant des liens avec l’État hébreu, les décrivant comme trahissant l’oumma islamique. « Ceux qui aident le régime sioniste contribuent à leur propre destruction, a-t-il ajouté. Ils doivent arrêter de faire ça. C’était notre suggestion précédente, et c’est certainement aussi notre suggestion maintenant : les gouvernements islamiques devraient rompre leurs relations économiques et politiques avec le régime sioniste, au moins temporairement ! » Réactiver le conflit israélo-palestinien est, en effet, la meilleure stratégie pour neutraliser le danger d’un rapprochement israélo-arabe sous parrainage américain. Avant le 7 octobre, Israël était sur le point de normaliser ses relations avec l’Arabie saoudite. La guerre à Gaza a opportunément bloqué ce processus et contribué, à l’inverse, à isoler Israël et les États-Unis, non seulement au Moyen-Orient mais sur l’ensemble de la scène internationale.

Dans son discours du 10 avril, Ali Khamenei s’est félicité que la question palestinienne soit devenue désormais « une priorité mondiale ». « Les marches et manifestations qui ont lieu partout dans le monde en soutien aux Palestiniens, au peuple de Gaza et aux peuples opprimés de cette région sont sans précédent. Nous n’avons jamais rien vu de pareil auparavant », a-t-il déclaré. L’occasion pour le guide de s’en prendre alors aux gouvernements occidentaux. D’après lui, si certains d’entre eux « peuvent parfois dire certaines choses [contre Israël] », en réalité, dans la pratique, ils ne donnent aucun signe d’action concrète et, au contraire, « apportent leur aide au régime sioniste ».

Pour faire plier l’administration Biden et les dirigeants européens, les Iraniens comme leurs mandataires ont parfaitement conscience de l’importance stratégique de l’opinion publique. « Les manifestations qui ont lieu dans plusieurs endroits de notre monde arabe et islamique sont très importantes, mais plus importantes sont les manifestations qui ont lieu à Washington, New York, Londres, Paris et en Europe occidentale, car ces manifestations font pression sur leurs gouvernements », déclarait, en novembre dernier, Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah.

Ingérences étrangères ?

Une stratégie d’influence qui sait s’adapter à la diversité de ses publics. À l’habillage religieux des messages, destiné à enflammer la « rue arabe » et à unifier l’oumma islamique autour de Téhéran, se substitue, pour les Occidentaux, une rhétorique anticolonialiste qui fait écho aux éléments de langage de la gauche intersectionnelle. Un tour de passe-passe qui permet de transformer des organisations terroristes en mouvements de « résistance ». Le 30 mars dernier, quelques jours après avoir participé à un séminaire organisé par des étudiants de Columbia au cours duquel sa femme avait déclaré qu'«il n’y a rien de mal à être membre du Hamas », Khaled Barakat, un militant lié au Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), expliquait, lors d’une interview accordée à la télévision Al-Manar (Hezbollah-Liban), que la nouvelle génération aux États-Unis soutenait la « résistance armée ainsi que le retrait de l'entité sioniste de l’intégralité de la Palestine occupée »« Cette génération exprime courageusement cette position, ajoutait-il, parce qu'elle a un meilleur accès à l'information et aux faits, grâce aux nouvelles technologies et aux plates-formes de médias sociaux, mais aussi grâce à une évolution très importante dans les universités : l'introduction du colonialisme, du racisme et de l'esclavage dans les programmes d'histoire. » Deux semaines plus tard, on pouvait, effectivement, constater les bienfaits de ces enseignements. « Oh [Brigades] Al-Qassam, vous nous rendez fiers ! Tuez un autre soldat maintenant ! », scandaient des manifestants soutenant l’installation du « campement de solidarité avec Gaza » à l’université de Columbia, le 17 avril dernier. Une référence décomplexée à la branche armée du Hamas.

« Je suis horrifié et dégoûté par l'antisémitisme répandu sur et autour du campus de l'université de Columbia – comme l'exemple d'une jeune femme tenant une pancarte avec une flèche pointant vers des étudiants juifs indiquant "Les prochaines cibles d'Al-Qasam" ou encore une femme qui crie "Nous sommes le Hamas" […] », déclarait alors le maire de New York, Eric Adams. Le visage caché derrière leurs keffiehs, les petits gardes rouges du wokisme démontrent leur capacité à se transformer en petits soldats du djihad. Une métamorphose qui ne tient pas de la génération spontanée.

L’heure est à la lutte contre les ingérences étrangères, nous dit-on. Sans doute serait-il temps, alors, d’évaluer l’influence d’États et d’organisations terroristes islamistes sur l’extrême gauche antisémite et violente qui, des deux côtés de l’Atlantique, sévit dans les universités avec la complaisance de certains médias et partis politiques.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 30/04/2024 à 13:56.
Frédéric Martin-Lassez
Frédéric Martin-Lassez
Chroniqueur à BV, juriste

Vos commentaires

5 commentaires

  1. Ben voyons ! Ils ne sont pas seulement félicités par l’Iran, mais financés par l’Iran avec la complicité de notre gouvernement ! Tous ces islamô gôôôôchos, s’ils étaient honnêtes et sincères, partiraient se battre pour et en Palestine plutôt que de vivre comme des rois, en sécurité, protégés, nourris et entretenus par des infidèles.

  2. Si un pays est sensé se taire c’est bien ce pays vue le nombre de ses citoyens ayant subit la peine de mort.

  3. J’ai beau chercher, je n’arrive toujours pas à comprendre pourquoi la présence d’une petite enclave de culture occidentale grande comme deux départements français au moyen Orient dérange autant de personnes pourtant issues de cette culture, et sans liens avec la culture arabe.
    Après tout, les musulmans sont des millions à pratiquer leur culture en occident, et ils s’y sentent chez eux et du reste ils le sont!

    • Les idiots utiles de l’islamisme seront ses premières victime. Cette naïveté est incompréhensible.

      • Je souscris à 100% au commentaire ci dessus signé Jacques DARRICARRERE. ISRAËL est la cible des islamistes car il incarne la civilisation occidentale, c’est extrêmement clair !!!

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