68 euros d’amende pour avoir… tapé sur des casseroles !

Il y a des choses graves, dans la vie, des trucs avec lesquels il ne faut pas rigoler. Des faits délictueux, voire dangereux, qui mettent en cause la démocratie et justifient - qui sait - l’état d’urgence. Des choses pour lesquelles on fait intervenir fissa la police afin de protéger les populations contre la menace imminente, l’attentat peut-être, l’atteinte à l’intégrité physique sûrement.

De quoi que je cause ? comme disait Sarkozy. Des concerts de casseroles et autres batteries de cuisine.

On apprend ainsi, incidemment, par la bande et le côté tangentiel, qu’une trentaine de citoyens du Pas-de-Calais ont reçu le 1er avril, à leur domicile, une amende de 68 euros pour "émission de bruit portant atteinte à la tranquillité du voisinage ou la santé de l’homme". Mais ça n’était pas un poisson.

Il faut dire que leur forfait est des plus graves : cette dangereuse bande avait offert un accueil en « casserolade » au meeting de François Fillon devant la salle du Minck, à Calais, le 21 mars, où le nouveau comte d’Artois Xavier Bertrand et la dame Bouchard, mairesse locale, venaient soutenir le candidat le mieux costumé de la saison. Monsieur Bertrand a les oreilles sensibles. Il a appelé la brigade anticriminalité (50 agents !) qui a fait cesser cet odieux tapage et verbalisé les contrevenants. 68 euros d’amende. Ça fait cher la gamelle.

Et là, voyez-vous, je ne me lasse pas de relire le motif de la condamnation :

Émission de bruit portant atteinte à la tranquillité du voisinage ou la santé de l’homme.

Dans une France où on a laissé pendant des mois des hordes de pouilleux organiser chaque nuit le bazar sonore place de la République, des excités d’extrême gauche casser les centres-villes, les "antifascistes" s’opposer régulièrement par la force aux meetings du Front national, tout cela devant une police contrainte de demeurer spectatrice, c’est beau ! C’est beau, surtout, venant de Xavier Bertrand, ministre du même Fillon durant tout le quinquennat Sarkozy, qui a laissé s’installer et perdurer la jungle de Calais au mépris de tous les Calaisiens… sans souci, alors, que cela pût porter "atteinte à la tranquillité du voisinage ou la santé de l’homme" !

Bref, à quinze jours du premier tour de scrutin, cela en dit long sur la frousse de tous ces prétendus défenseurs de la liberté d’expression !

Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

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