Les femmes battues doivent-elles s'en réjouir ou se demander comment la Justice, naguère si laxiste, dont les moyens et les places de prison manquent cruellement pour ne pas laisser les délinquants en toute impunité, est parvenue à juger aussi fermement et rapidement un prévenu ? Quand elle le souhaite, elle le pourrait donc ?

Reconnu coupable des faits, jeudi, Damien Tarel écope de 18 mois de prison dont quatre mois fermes, privation des droits civiques durant 3 ans, interdiction de détenir des armes pendant 5 ans et obligation de recevoir des soins psychologiques. « Quand j'ai vu son regard sympathique et menteur qui voulait faire de moi un électeur, j'étais rempli de dégoût », témoigne, à la barre, le prévenu qui estime « que les gilets jaunes et le peuple français s'expriment, mais ne sont pas écoutés ». Il aurait giflé un citoyen lambda, il n’aurait risqué que 750 euros d’amende, rappelait son avocate Me Elodie Guellier, dans Le Figaro. Pour mémoire, Nolan Lapie, qui avait giflé Manuel Valls, en janvier 2017, avait été condamné à six mois avec sursis.

Ainsi, donc, dans notre pays, il est désormais acté que l’on peut défenestrer une femme juive en criant Allah akbar et être reconnu pénalement irresponsable, et prendre quatre mois de prison ferme pour une gifle. Damien Tarel avait bu avant de commettre son acte, mais à l’inverse de Kobili Traoré, l'assassin de Sara Halimi considéré comme atteint de « bouffées délirantes », le gifleur, pourtant sous l’emprise de l’alcool, ne bénéficiera pas du même traitement.

Depuis l’annonce du verdict et l’emprisonnement immédiat de Damien Tarel, les réactions se multiplient dans les médias. « Je n'ai jamais vu une telle condamnation et exécution pour une seule gifle donnée par un mari à son épouse », tweete l’avocat Caroline Mecary, pourtant proche soutien de Jean-Luc Mélenchon. « J’ose espérer que la Justice aurait été aussi sévère dans le cas où l’assaillant aurait eu un profil plus à gauche. Il est clair que la Justice est très, très partiale aujourd’hui », analyse, pour sa part, Alain Finkielkraut sur France 5.

Pour Jean-Yves Le Gallou, « ce qui est le plus choquant, dans la condamnation de Damien Tarel pour la gifle, c’est moins la prison que l’obligation de « soins psychologiques ». Une psychiatrisation des opposants qui rappelle les pires du stalinisme. » Damien Tarel est proche des gilets jaunes. La fermeté et la rapidité de son jugement pourraient bien réveiller quelques tensions dans un peuple muselé qui souffre depuis trop longtemps.

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11 juin 2021 à 14:19

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