« Il risque d’y avoir beaucoup de déçus chez les militants d’En Marche ! »

Pour Hélène Strohl, Emmanuel Macron a été élu parce qu'il "correspondait le mieux à l'imaginaire postmoderne".

Mais cet imaginaire postmoderne est-il "une pure stratégie de campagne ou la réalité de ce qu'il est et de ce qu'il va faire" ?

Selon vous, de quoi Emmanuel Macron est-il l'icône ?

L’élection d’Emmanuel Macron et la manière dont la campagne a été menée s’inscrivent dans cet imaginaire de la postmodernité. On en retrouve la mise en scène de la jeunesse, cette espèce de marketing politique tribal ou encore une référence à la tradition avec Jeanne d’Arc et l’entrée au Louvre par exemple.

Pour beaucoup d’observateurs, ce n’est pas un phénomène nouveau. On peut citer Justin Trudeau, Mattéo Renzi ou encore Alexis Tsipras, comme si la mode était au young leader. Emmanuel Macron s’inscrit-il dans ce mouvement ?

Par certain côté, il s’inscrit dans juvénoïa.
Mais, en même temps, Emmanuel Macron se distingue en ce qu'il est aussi représentatif de la modernité. C’est un bon élève de classe préparatoire, un inspecteur des Finances, etc.
On peut donc se demander si l’imaginaire postmoderne ne relève que d'une pure stratégie de campagne, ou au contraire si c'est la réalité de ce qu’il est, et surtout de ce qu’il va faire.

Pourrait-il être un représentant du vieux monde qui essaye de se faire passer pour quelqu’un qui appartient à l’ère postmoderne ?

Je ne crois pas beaucoup à ces manipulations-là. Je crois qu’Emmanuel Macron a été élu parce qu’il correspondait le mieux à cet imaginaire postmoderne.
Il faut quand même se rappeler qu’il n’a pas été élu par une grande part des électeurs. Les abstentionnistes restent les grands vainqueurs de ces élections.
D’autre part, je ne suis pas sûre que les gens qui ont voté pour lui croyaient véritablement qu’il allait représenter cette postmodernité. Je pense même que le passage à un mode de régulation du vivre ensemble postmoderne ne passe de toute façon pas par une élection à la présidence de la République. Personne ne peut croire que c’est Emmanuel Macron qui va nous permettre de trouver de nouvelles manières de vivre ensemble. Ce sera plutôt des initiatives qui viendront d’un peu partout et de manière un peu foisonnante.

Diriez-vous comme beaucoup d’observateurs qu’Emmanuel Macron est une bulle ?
Va-t-il continuer à baisser dans les sondages ?

Je ne sais pas trop. Je pense que les réponses aux sondages sont ce que les sondeurs cherchent. Les gens répondent un peu n’importe quoi.
Je crois surtout qu’il risque d’y avoir beaucoup de déçus chez les militants d’En Marche! et notamment les gens des comités locaux qui ont soutenu sa candidature. Ceux-là représentaient véritablement une autre manière de faire de la politique et ne se retrouvent pas dans un certain nombre de mesures rationalistes ou technocratiques prises par Emmanuel Macron et son entourage de l’inspection des Finances.

Hélène Strohl
Hélène Strohl
Haut-Fonctionnaire à l'inspection générale des affaires sociales

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