And the winner is …

La cérémonie des César du cinéma a pour principal intérêt de renseigner sur les thèmes qui ont le vent en poupe dans le happy few branché gauchisant parisien, en sachant que le fil rouge éternel qui permet d'accéder à la plupart des statuettes est tressé du couple victimisation/culpabilisation. Le méchant étant quasi systématiquement le mâle occidental.

Longtemps, la Shoah fut sans le moindre risque un gage de billet gagnant. Mais il est clair que ce sujet a beaucoup de mal à conserver sa pole position, tant La Liste de Schindler, La vie est belle ou Le Choix de Sophie nous semblent, aujourd'hui, appartenir au monde d'avant. C'est que l'islamo-gauchisme immigrationniste a pénétré les esprits, à vrai dire très perméables, des leaders d'opinion autorisés. Désormais, les souffrances du peuple juif ont été priées de s'effacer devant celles du palestinien et de ses cousins. Ainsi Timbuktu (meilleur film en 2015) et Fatima, en 2016, illustrent bien cet amour du lointain, assez peu partagé toutefois par le spectateur de base (387.000 entrées pour Fatima). Mais le retour de balancier n'a pas tardé. Effet attentats, jungle de Calais ou viols de Cologne… l'image du pauvre musulman ex-colonisé méritant réparation a fait doucement place à celle de l'envahisseur au cimeterre entre les dents. Il fallait donc trouver une nouvelle victime, un nouvel exploité.

Une piste originale aurait pu être l'excellent film de Jean-Pierre Bacri Le Sens de la fête : un patron de PME bougon mais humain, en butte aux innombrables soucis des petites entreprises qui, elles, ne bénéficient pas d'avances sur recettes. Dix fois "nominé", évidemment pas couronné : un patron, même harcelé, ne peut pas être un héros !

L'autre piste évidente depuis l'affaire Weinstein, les #balancetoutcequetupeux et autres convulsions épileptoïdes des néo-féministes aurait été un film sur les malheurs des pelotées du métro (de préférence par un skinhead FN). Mais, à moins de s'appeler Jean-Pierre Mocky, on ne fait pas un film en trois jours de RTT… On s'est donc rabattu sur 120 battements par minute, parce que, depuis Les Nuits fauves, les angoisses du séropositif sont la valeur refuge, le couteau suisse de l'émotion cinématographique.

Pour autant, les participants à la cérémonie ne manquèrent pas, en arborant un bout de ruban blanc, de sacrifier à cette nouvelle religion qui compte dans le cinéma un nombre incroyable de nouveaux convertis, et donc de plus prosélytes : la lutte contre les violences sexistes. (Certains portaient, d'ailleurs, étrangement cette faveur vrillée en gamma grec, comme l'insigne de la Milice. Trop jeunes pour avoir vu Lacombe Lucien, probablement…)

Mais bonne occasion, pour certaines dames du métier, de réclamer la mise en place de quotas de femmes dans le milieu du cinéma. Sans faire de promesses, le ministre de la Culture s’est immédiatement montré en parfait accord avec la profession…

Alors, ouvrons les paris pour le César 2019. Ce ne sera pas le nazi contre le juif, le de souche contre l'immigré, le patron contre l'employé. Ce sera la femme contre l'homme.

Richard Hanlet
Richard Hanlet
Médecin en retraite, expert honoraire près la Cour d'appel de Versailles

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