Pour Castaner, les gilets jaunes ont causé la mort d’une vieille dame et favorisent les islamistes

Christophe_Castaner_2017

Si on ne l'était pas au départ, Christophe Castaner donnerait, chaque jour davantage, envie de devenir gilet jaune. Après sa désastreuse gestion du 17 novembre, il enchaîne les accusations contre ce mouvement. On avait bien compris, dès le matin du 17, avec l'exploitation scandaleuse du tragique décès d'un gilet jaune, que ce serait son plan de bataille : la peur (au passage, j'ai encore dans les oreilles ces antiennes macroniennes nous disant qu'il ne fallait pas « céder à la peur »). Le succès du 17 ne l'a visiblement pas poussé à être plus inventif.

Donc, à chaque bilan quotidien, c'est "Apocalypse Now" : nombre de morts, de blessés, de forces de l'ordre agressées. Et puis, il entre parfois dans certains détails tragiques, qu'il voudrait dissuasifs et susceptibles de retourner l'opinion contre les gilets jaunes. Lundi, il incriminait les blocages à Angoulême qui auraient empêché la réanimation d'une vieille dame. "Cinquante minutes pour faire trente kilomètres. [...] Elle est décédée dans l'après-midi." L'argument est imparable.

Sauf que, si Le Monde n'a pas daigné envoyé ses Décodeurs, La Charente libre, plus proche de l'événement et de la France périphérique, s'y est collée :
"Selon nos premières informations, il s'agit d'une femme de 85 ans, découverte en arrêt cardiaque à Montbron. Appelés à 8 h 20, les médecins sont arrivés à 9 h 10 à Montbron. Toutes les voies de circulation ainsi que la bande d'arrêt d'urgence étaient bloquées. Certaines voitures avaient été abandonnées par leurs utilisateurs. Il n'y aurait pas eu assez d'effectif pour mettre en place une escorte. L'ambulance n'a pas été retardée directement par des gilets jaunes. Parallèlement, la réanimation n'a pas été tentée immédiatement. Selon des acteurs de terrain, le bilan n'aurait pas forcément été différent avec une intervention plus rapide. L'octogénaire est en réalité décédée dès le matin. Elle n'a jamais été réanimée."

D'après Sud-Ouest, le parquet d’Angoulême a ouvert une enquête pour recherche des causes de la mort et une autopsie doit être pratiquée jeudi. Mais aucune information judiciaire visant les gilets jaunes. M. Castaner a parlé un peu vite. Et faux : hier soir, son cabinet reconnaissait "une erreur". Assenée avec aplomb par le ministre de l'Intérieur lors d'une conférence de presse très solennelle place Beauvau ? Une "fake news" destinée à discréditer les gilets jaunes. Ni plus ni moins. Le jour même où le ministre de la Culture Riester fait adopter une loi contre les "infox" en déclarant à l'Assemblée : "La manipulation n’est pas seulement une menace, mais une réalité […] bien installée." Bien installée place Beauvau, en tout cas.

Mardi, Christophe Castaner remet ça. Révélant qu'un attentat islamiste avait été déjoué et qu'une cellule djihadiste devait profiter du mouvement des gilets jaunes du 17 pour passer à l'acte, il affirme : "Il faut avoir en tête que la mobilisation massive de nos forces de sécurité a aussi un effet sur notre capacité à intervenir sur d'autres sites du territoire."

Pas faux. Mais est-il vraiment judicieux de lancer cette nouvelle accusation et ce chantage à la face de la France périphérique dont le vote montre qu'elle est l'électorat le plus révolté par la menace islamiste ? Surtout quand on s'appelle Christophe Castaner et que, durant toute sa longue carrière d'apparatchik et d'élu socialiste, on ne s'est guère inquiété de ce danger ? Cela devient de plus en plus gros et indécent.

Christophe Castaner n'a jamais été très crédible, mais là, il bat tous les records avec ses amalgames simplistes, ses accusations infondées et ses "fake news".

Or, ce mouvement des gilets jaunes est né de deux éléments : la culpabilisation et le mépris de la part du gouvernement (vous êtes des beaufs), et le mensonge (vous êtes de grands pollueurs). C'était l'acte I de la pièce. Auteur : Benjamin Griveaux.

Pour répondre à ce mouvement inédit, Christophe Castaner, dans l'acte II, emploie exactement les mêmes procédés : culpabilisation méprisante et mensonge grossier. Dans sa jeunesse, Christophe Castaner s'adonna au poker avec succès, paraît-il. Ministre de l'Intérieur, c'est "poker menteur" tous les jours. Et on ne peut pas dire que ce soit un succès.

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