Drogues : légaliser ou continuer de les interdire ?

Dire « continuer d’interdire les drogues » est incongru, le laxisme qui prévaut ne donnant pas à croire qu’elles sont effectivement interdites.

L’habileté politicienne a mobilisé en cette matière la quintessence de ses florilèges. Quelques déclarations guerrières visent à apaiser le chaland ; elles suscitent aussitôt des réprobations qui justifient l’impossibilité d’arrêter l’expansion des drogues ; et l’impuissance publique continue de laisser dire et de laisser faire.

Le budget de la nation subventionne des associations qui font l’apologie des drogues (Act’up ) ou qui, à tout le moins, militent pour leur légalisation (Association Nationale de Prévention de l’Alcoolisme et autres Addictions). Il finance à un haut niveau la Mission interministérielle de Lutte contre les drogues et les toxicomanies, à la tête de laquelle ont sévi des missionnaires démissionnaires (Mmes Maestracci et Jourdain-Menninger, ainsi que M. Jayle) ; MILDT devenue (la belle affaire) MILDECA, mission interministérielle de lutte contre les drogues et conduites addictives (élargissant le bocal pour tenter de noyer le poisson). Ces trois présidences (à la différence de celle de M. Apaire) furent manifestement au service de la légalisation des drogues, à commencer par le cannabis. Leurs responsabilités dans ce « désastre des toxicomanies* » doivent être partagées avec ceux qui les ont nommé et qui ne les ont pas débarqués quand leurs dérapages devenaient manifestes (peur d’en faire des « boucs émissionnaires » ?).
La guerre contre les drogues, en France, n’a pas été perdue, car elle n’a pas été déclarée et que le sujet a été confié à une troisième colonne, à des infiltrés et autres desperados sociétaux.

L’OEDT (Observatoire européen des drogues et toxicomanie) vient de « donner un carton rouge » à la France, fustigeant l’absence d’information de sa jeunesse sur les drogues et toxicomanies. Dès lors, on ne peut s’étonner d’être, parmi les 28 Etats de l’Union européenne, les plus intoxiqués, ni surpris de ne figurer qu’au 27e rang des performances éducatives internationales du classement PISA. Depuis bientôt 20 ans nous réclamons cette pédagogie à des interlocuteurs aux faciès éteints voire narquois. Sur toute la durée du secondaire, les jeunes Français ne bénéficient, au mieux, que d’une information de deux heures, par des intervenants spécialisés de la gendarmerie. Les enseignants, infirmières, médecins scolaires, chefs d’établissement, responsables des clubs sportifs…, ne sont pas formés à aborder ces problèmes.

La surdité, la cécité du monde politique à ce problème majeur pour notre nation, a contribué au « dégagisme ». Loin des salutaires changements attendus, on s’inquiète d’une banalisation supplémentaire du cannabis, si devait prévaloir une simple contravention pour l’usager, fut-elle de 300 euros, si elle était donnée en solde de tout compte.

La loi de prohibition du cannabis de 1970, n’a pas été appliquée par l’administration judiciaire. Elle l’a abordée sur le mode du tout ou rien, oubliant opportunément le tout (punition par une amende maximale de 3750 euros, ou par un an de prison au maximum), en choisissant trop systématiquement le rien ; alors que les peines maximales prévues (effectivement énormes) pouvaient être ramenées au niveau d’une amende substantielle, voire d’une brève peine de prison avec sursis, dissuadant des récidives.

De nombreux médias, et pas des moindres, ont contribué d’une façon majeure à la banalisation des drogues, en prenant soin d’occulter leurs méfaits sanitaires majeurs.

Les statistiques ont été présentées sur le mode de l’euphémisme, déclarant que le phénomène était général. Elles oubliaient de souligner que le pire était chez nous et que nous caracolions en tête du peloton des européens intoxiqués.

Comble d’impudence, ceux qui ont conduit à ce désastre estiment désormais, qu’au point où nous en sommes, nous n’avons plus qu’à nous rendre ; à accepter la défaite, d’abord pour le cannabis et bientôt pour les autres drogues. Parmi eux pérorent des « addictologues » qui, impuissants à guérir, prônent la drogue pour tout et la drogue pour tous. En dehors de leur domaine d’expertise ils se font les chantres du « cannabis médicament » puis, comme pour rassurer sur l’aboutissement de leurs errements, ils promeuvent les salles de shoots afin d’accueillir en fin de trajectoire ceux qu’ils auront laissé entrer dans la spirale infernale de la drogue.

Alors : Stop ou encore ? On donne un coup d’arrêt ou on poursuit la dégringolade ?

Jean Costentin
Jean Costentin
Docteur en médecine

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