À partir du moment où Vincent Lambert va être euthanasié, il n’y a plus de raisons de ne pas accepter la loi sur l’euthanasie

Le CHU de Reims vient de se prononcer pour l'arrêt des traitements de Vincent Lambert, à l'issue d'une procédure collégiale qui a duré cinq mois. Jean-Marie Le Méné réagit au micro de Boulevard Voltaire. Il précise que si cette procédure est collégiale, la décision d'arrêter les traitements revient, in fine, à une personne, en l'occurrence au docteur Vincent Sanchez. Ainsi, une seule personne décide seule de la vie ou de la mort d'un patient. Pour Jean-Marie Le Méné, l'arrêt des traitements doit être appelé par son nom : il s'agit d'une euthanasie.

Le docteur Vincent Sanchez du CHU de Reims s’est prononcé pour l’arrêt des soins de Vincent Lambert, à l’issue d’une décision collégiale qui a duré cinq mois. Comment réagissez-vous ?

On parle en effet d’une procédure collégiale, mais c’est surtout la décision d’un médecin qui décide souverainement. C’est la décision d’un seul homme. Un seul médecin rend un avis et décide tout seul de la vie ou de la mort d’un patient.
C’est la quatrième procédure collégiale, et celle-ci qui risque d’aboutir. Pratiquement toutes les voies judiciaires ont été épuisées. Cette décision va conduire à l’euthanasie de Vincent Lambert.
La nutrition et l’hydratation de Vincent Lambert ne seront plus assurées, car la loi Leonetti les a considérées de façon tout à fait déraisonnable comme des traitements.
Je rappelle que la loi Leonetti date de 2005. Une deuxième loi appelée la loi Leonetti Claeys l’a aggravée dix ans plus tard. Elle a considéré pour la première fois que nourrir ou hydrater pouvait être assimilé à un traitement. Par conséquent, quand on décide d’arrêter les traitements d’une personne pour ne pas faire d’acharnement thérapeutique parce qu’ils sont inutiles, on arrête aussi, par la même occasion, la nutrition et l’hydratation. Cela a pour conséquence de faire mourir la personne non pas de la maladie, hélas incurable, qui l’affecte, mais de la privation de nourriture et d’eau.
Je précise que Vincent Lambert est une personne handicapée comme il en existe des milliers en France et ailleurs. Il est handicapé à la suite d’un accident de la route qui l’a rendu tétraplégique, c’est-à-dire paralysé. Il a en outre une activité relationnelle relativement faible et un état de conscience altéré. C’est la raison pour laquelle on parle d’un état pauci-relationnel, c’est-à-dire que la qualité des relations est assez faible. Pour autant, on ne peut pas dire qu’il n’en a pas. De même, on ne peut pas dire qu’il n’y a pas de conscience.
Vincent Lambert n’est donc pas malade, il n’est pas en fin de vie, il ne souffre pas, il est relativement jeune et il n’a jamais voulu mourir. La meilleure preuve est qu’un médecin a interrompu son alimentation pendant trente-et-un jours et Vincent Lambert s’est accroché à la vie et il n’a pas voulu mourir.
À l’issue de cette quatrième procédure, on risque d’arriver au terme. Je veux vraiment insister sur le fait qu’il s’agit d’une procédure d’euthanasie. La loi Leonetti est une loi mauvaise depuis le début. La fondation Jérôme Lejeune a montré que c’était une loi d’euthanasie, contre toutes les autres institutions qui n’ont pas voulu le voir, que ce soit le monde politique de droite ou de gauche ou les autorités morales et religieuses. La majorité d’entre elles continuent d’ailleurs à considérer que la loi Leonetti est une bonne loi. Le premier paragraphe du dernier texte de la conférence des évêques de France par exemple rappelle que la loi Leonetti reste un modèle. C’est évidemment extrêmement dommage. Je ne vois pas très bien ce qu’ils peuvent dire face à ce cas d’euthanasie manifeste.

La mort de Vincent Lambert par euthanasie serait-elle la porte ouverte à la légalisation de l’euthanasie ?

À partir du moment où Vincent Lambert est euthanasié, il n’y a plus de raison de ne pas accepter la loi sur l’euthanasie. On est déjà dans l’euthanasie. On n’est pas ici dans un cas de fin de vie. Il n’est pas malade, il n’est pas vieux, il ne souffre pas, il bouge, il ouvre les yeux, il tourne la tête, il remue ses membres et il est capable aujourd’hui de déglutir.
D’autres établissements étaient prêts à prendre Vincent Lambert. De même, il existe des établissements qui s’occupent de personnes handicapées à la suite d’un accident de la circulation.
C’est dramatique d’avoir mis Vincent Lambert dans un établissement de soins palliatifs au sein d’un hôpital où il n’a rien à faire. On l’a mis en soins palliatifs alors qu’il n’a rien à y faire et en plus, on ne lui donne pas accès aux soins auxquels il aurait pu prétendre. Il aurait pu bénéficier d’un fauteuil adapté, de soins de kinésithérapie et d’une réhabilitation de sa fonction de déglutition puisqu’il est maintenant capable d’avaler. Si on avait donc travaillé la déglutition, il pourrait aujourd’hui avaler.
Cette maltraitance de l’hôpital de Reims à l’égard de son patient Vincent Lambert va se solder par une obligation pratiquement de le faire mourir.
C’est évidemment un pas de plus dans l’euthanasie dont on va enfin prononcer le nom dans les mois qui viennent. Maintenant qu’on a pratiqué la chose, il ne reste plus qu’à mettre une étiquette sur la chose qu’on a pratiquée.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 11/04/2018 à 9:58.
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Jean-Marie Le Méné
Président de La Fondation Jérôme Lejeune

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