Quand tout se tire en quenouille, il ne faut pas non plus s’étonner qu’à son tour, l’armée française puisse se barrer en sucette. Inutile de revenir plus longtemps sur la fracassante démission du général de Villiers ; tout a été dit et bien écrit sur ce site.

On résumera donc juste l’affaire en quelques mots. Nos soldats, quel que soit leur indéniable courage, s’en vont à la guerre en guenilles. Ne parlons même pas des théâtres d’opérations où ils n’ont, globalement, rien à foutre, intérêts bien compris de la France s’entend (Afghanistan aujourd’hui, ex-Yougoslavie hier), où ils sont sommés de se faire trouer la peau sans avoir véritablement le droit de se défendre ; il suffit d’avoir passé une petite semaine à Sarajevo pour comprendre ce que nos soldats ont enduré, que ce soit en termes de frustrations et de pertes humaines.

Être soldat, d’ailleurs, relève plus de la vocation que du simple métier. On est soldat, on naît soldat comme on devient cureton : c’est un sacerdoce. Autrefois, avant que le goulag fleuri ne devienne la règle en nos contrées et qu’on nous oblige à manger cinq fruits ou légumes par jour, les société étaient ordonnées en trois ordres ; les Grecs de jadis et les Navajos d’antan l’avaient bien compris. Soit les clercs, les guerriers et les paysans…

Le premier ordre avait en charge l’âme des deux seconds. Le deuxième préservait la vie des deux autres. Quant au troisième ? Il nourrissait tout ce petit monde. Puis vint le temps des marchands, pour lesquels tout s’achète et tout se vend. C’est notre monde à nous ; monde que nous subissons sans véritablement appelé de nos vœux. Il paraît que c’est le progrès et l’inéluctable marche du monde, le "cercle de la raison" - Jacques Attali et Alain Minc dixit.

Dans ce petit univers étriqué, nos soldats sont comme des anomalies dérangeantes. D’étranges scories anachroniques. Qui n’ont plus qu’un seul droit : crever la gueule ouverte tout en étant obliger de la fermer. La grande muette, comme on dit. « En même temps », dirait Emmanuel Macron, la France aime son armée. Lors de son investiture, il remonte les Champs-Élysées en command-car, quelque part entre Daniel Prévost dans Les Chinois à Paris, de Jean Yanne, et le général Leclerc, pour ensuite mettre nos pioupious à la diète.

Plus un rond pour nos poilus mis à poil, donc ; et c’est miracle si l’armée française fonctionne encore, mendiant ses munitions à « l’ami » américain, obligée de cannibaliser avions et hélicoptères, lui arrachant, l’une après l’autre, pièces de rechange afin qu’un engin puisse s’envoler tandis que deux restent à terre. Et ne parlons même pas des chaussures et des gilets pare-balles, la majeure partie du temps payés sur une solde qu’ils ne touchent plus, la majeure partie du temps. Même le plus acharné des antimilitaristes aurait pitié…

"En même temps", le tout nouveau Président tout beau, tout frais, tout neuf, mais issu de cette génération n’ayant jamais fait son service militaire, se rendant compte que sa vision « verticale » du pouvoir commençait à virer biaisée, a tenté de rassurer les plus kakis de nos compatriotes. Le croiront-ils ? Depuis les promesses faites à Massu par de Gaulle, tout est permis, tout est possible…

On notera "qu’en même temps", une autre polémique agite nos mairies. Le portrait officiel d’Emmanuel Macron serait trop grand pour les traditionnels cadres républicains destinés à être affichés en nos mairies. D’où surcoût à prévoir pour remettre tout ceci à l’équerre et le petit doigt sur la couture du pantalon. Et pendant que nos édiles courent faire leurs courses, juste histoire de ne pas manquer les soldes de chez IKEA®, nos soldats meurent…

Suivre la politique française est, décidément, un délice quotidien.

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22 juillet 2017 à 1:28

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