Après l’actrice Catherine Deneuve et notre consœur Élisabeth Lévy, entre autres femmes de tête, c’est au tour de Brigitte Bardot (qu’on ne présente plus) de libérer la parole quant au retour du nouvel ordre moral.

À propos du « harcèlement sexuel » et de la chasse à l’homme y afférent, elle déclare donc à Paris Match : "Concernant les actrices, et pas les femmes en général, c’est, dans la grande majorité des cas, hypocrite, ridicule, sans intérêt." Le distinguo est effectivement de taille, entre la caissière de supermarché obligée d’accorder ses faveurs à un chef de rayon parce qu’autrement, c’est le chômage, et l’aspirante starlette prête à tout, ou presque, pour entrer dans la lumière.

D’un côté, l’abus de pouvoir caractérisé, la violence sociale, le chantage à la misère. De l’autre, les mœurs particulières d’un milieu qui ne l’est pas moins, mœurs jadis assez bien résumées par l’acteur Sim : "Dans ce milieu, il faut coucher pour réussir. Moi, j’ai réussi pour pouvoir enfin coucher…"

D’ailleurs, les mœurs en question sont-elles si noires ? On entend beaucoup les actrices assurant avoir été harcelées et nettement moins les autres qui se contentent de faire leur métier normalement, avec des producteurs et des metteurs en scène tout aussi normaux. Brigitte Bardot, par exemple : "Moi, je n’ai jamais été victime d’un harcèlement sexuel. Et je trouvais charmant qu’on me dise que j’étais belle ou que j’avais un joli petit cul. Ce genre de compliment est agréable."

Il n’en fallait pas plus pour que l’infatigable Caroline De Haas tweete en retour : "Concours de qui dira la plus grosse énormité. Brigitte Bardot se lance dans la compétition." Bel accès de fausse modestie, sachant qu’en la discipline, cette chaisière féministe fait figure d’Usain Bolt.

Mais là où notre BB nationale appuie là où ça commence à faire mal, c’est quand elle s’en prend autant, si ce n’est plus, aux « harcelées » qu’aux « harceleurs » : "Il y a beaucoup d’actrices qui font les allumeuses avec les producteurs afin de décrocher un rôle. Ensuite, pour qu’on parle d’elles, elles viennent raconter qu’elles ont été harcelées…" Il est un fait que cela peut procurer à ces « victimes » un subit accès de notoriété, tel que récemment constaté. C’est d’autant plus vrai que celles qui sont les plus en pointe dans ces affaires ont soudainement vu passer leur nom du bas en haut de l’affiche.

Des donzelles qui feraient bien de s’inspirer de la bonne humeur de celle qui admet joyeusement avoir fait "don de sa beauté et de sa jeunesse aux hommes". Douce insouciance, heureuse époque durant laquelle, entre galanterie et gaudriole, l’esprit français permettait d'éviter ces deux écueils que sont la débauche et la pudibonderie. C’était avant le retour en force du puritanisme féministe, enfant dégénéré du moralisme bourgeois.

Pascal Thomas a fait de fort jolis films sur le sujet, la grâce des femmes et la maladresse des hommes. Les revoir est plus que jamais d’actualité.

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18 janvier 2018 à 20:46

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