Bien sûr, que le cannabis tue…

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Il faut enfin en finir avec ce fabliau, colporté de longue date, exprimé : « Le cannabis, lui, ne tue pas. » Cette assertion est née du constat isolé que son principe actif, le tétrahydrocannabinol (THC), n’induit pas de dépression respiratoire, à la différence des opiacés et opioïdes puissants, dont les overdoses peuvent être létales. Cette différence mise à part, de nombreux autres mécanismes ou circonstances peuvent être à l’origine d’effets létaux du cannabis.

Le cannabis partage, avec le tabac, les mêmes causes de cancérogénèse, mais à un plus haut niveau, car sa combustion produit sept fois plus de goudrons cancérigènes pour les sphères ORL et broncho-pulmonaire. De plus, le THC réduit la capacité des défenses immunitaires à débarrasser l’organisme des cellules cancéreuses qui s’y forment en permanence.

La combustion du cannabis produit cinq fois plus d’oxyde de carbone que celle du tabac. Ce poison de l’hémoglobine réduit sa capacité de transporter l’oxygène des poumons vers les tissus. Il est la troisième cause de déclenchement des infarctus du myocarde (Nawrot et coll., The Lancet, 2011) ; il frappe aussi chez les adolescents (Ramphul et coll., American Journal of Cardiology, 2018).

Chez les diabétiques de type I (candidats au coma diabétique), il multiplie par deux les décompensations qui imposent une hospitalisation (Schwenk, JAMA Internal Medicine, 2018) ; ces comas acido-cétosiques d’une extrême gravité sont fatals quand leur traitement n’est pas immédiat.

Le cannabis peut être à l’origine d’accidents vasculaires cérébraux chez les sujets jeunes (Wolff et coll., Journal of the American College of Cardiology, 2015).

Sur la route il est impliqué, seul, dans près de 200 accidents mortels annuels. Son association à l’alcool multiplie par 14 le risque d’accident mortel (Laumon et coll., British Medical Journal, 2001).

Il induit des troubles dépressifs qui peuvent comporter, en embuscade, des tentatives de suicide (Carvalho, European Psychiatry, 2018), dont 10 % d’entre elles sont fatales. La fréquence de ces tentatives a évolué chez nos jeunes parallèlement à leur consommation de cannabis (elle est de plus en plus précoce, parfois dès 12 ans, avec un recours à des produits de plus en plus fortement dosés en THC).

Le cannabis est responsable de près de 15 % des cas de schizophrénie (Andréasson et coll., The Lancet, 1987, confirmé, depuis lors, par de multiples autres études). Ce qui correspond, en France, à 80.000 cas. Ces patients peuvent être responsables d’homicides. Leur espérance de vie est abrégée, en moyenne, d’une vingtaine d’années ; 10 % d’entre sont victimes d’une mort brutale (suicide, accident, accident thérapeutique).

Le cannabis incite au recours à d’autres drogues : tabac, alcool, cocaïne, amphétaminiques, morphiniques, ajoutant à ces toxiques ses propres méfaits.

Il incite à la « biture expresse »/alcoolisation aiguë qui, avec son coma subséquent, peut mettre en jeu le pronostic vital.

Par ses effets désinhibiteurs, il est à l’origine de comportements auto- ou hétéro-agressifs, ainsi que de prises de risques, tels ceux de rapports sexuels non protégés, qui exposent au SIDA et aux hépatites B ou C.

Les bébés dont la maman était consommatrice de cannabis semblent plus fréquemment victimes d’une mort subite (qui ne serait plus, alors, inexpliquée).

Celui dont la jeunesse a été parasitée par le cannabis, tenté de faire un bilan de sa vie, prenant alors conscience de l’énorme gâchis socio-professionnel et familial qu’avec cette drogue il s’est infligé, peut être incité à s’anéantir dans toutes les drogues ou à mettre fin à ses jours encore plus rapidement.

Que ceux qui prônent un accès facilité au cannabis, par sa légalisation, se pénètrent de tous les risques évoqués. Espérons qu’ils changeront alors leur point de vue et, même, se feront préventeurs. Sinon, la persistance dans leur revendication relèverait de la non-assistance à personne en danger.

Les chiffres de la létalité du cannabis finiront par être précisés. On peut d’ores et déjà pressentir qu’ils sont d’un très haut niveau (supérieur aux 79.000 morts annuels du tabac en France), ce qui permet d’anticiper que sa légalisation serait criminelle.

Jean Costentin
Jean Costentin
Docteur en médecine

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