Z, un bouc émissaire !
Z est-il un Socrate populiste dégradé en idéologue ? Un frustré à qui la politique ne suffit plus ? Un trop-parleur pour bien agir ? C’est ce que suggérait, dans Valeurs actuelles de la semaine passée, le philosophe Vincent Coussedière, demandant au polémiste de ne pas être candidat. Dans Le Figaro (13 novembre), Boualem Sansal écrivait, en tout cas : « La vraie nouveauté, c’est Zemmour, le polémiste, qui impose à tous ses thèmes de campagne. Et voilà que tous, manchots, pingouins et autres canards boiteux lui emboîtent le pas mais avec des couacs et des “oui mais” qui montrent qu’ils ne feront rien sinon déplorer, soumis qu’ils sont à la doxa en vigueur. » Que l’Histoire lui donne raison ou non, Zemmour, reprenant Jacques Bainville, dit avoir été conduit à l’action pour ne pas regretter de ne pas l’avoir fait. Non, la politique n’est pas la mise en œuvre d’une pensée dégradée.
Dans l’émission « Punchline » du 9 novembre, Alain Finkielkraut, sans préjuger de l’homme providentiel « qui incarnera la continuité de la France », pointe le risque que le discours de Zemmour, « par ses références historiques à Barrès et Maurras », s‘il est fort sur l’identité de la France, soit gâché par des casseroles. Entendons : « résurrection du nationalisme xénophobe, antifascisme imaginaire, retour des années 30 ». Sauf que nous ne sommes plus au temps des années trente. La question n’est pas un retour en arrière fantasmé mais le danger présent qu’un village français s’appelle Colombey-les-Deux-Mosquées. Surtout, Zemmour, en abordant le thème de Pétain et Vichy, a voulu donner un coup de pied dans la fourmilière des pensées toutes faites. Lisons l’excellent dossier de Causeur sur le sujet.
Alors, Zemmour, un enragé ? On accuse toujours celui qui annonce la guerre de la provoquer. Les pacifistes valident le diagnostic zemmourien mais « redoutent le danger de la division ». Comme s’il n’y avait pas une fracture française, des ennemis de la République face auxquels l’État est désarmé, avec une « désassimilation généralisée », le naufrage de l’école, la maltraitance de notre langue, le « wokisme » de l’Université ?
Laure Adler n’ignorait pas que Franz-Olivier Giesbert avait préfacé, en septembre 2021, le livre de Jacques Bainville, cet historien qui a fréquenté, un temps, l’Action française et qui parle de « la France comme d’une personne », la désignant comme « le pays de l’heureuse diversité. » Pourquoi ne pas rappeler que l'Histoire de France, écrite dans une prose superbe, est le livre de chevet du « polémiste controversé ? » Pourquoi n’avoir, comme références, que les heures les plus sombres, révolues, de notre République ? Avant de crier au loup, nous ferions mieux de lire l’académicien Jacques Bainville.
Boute-feu, Zemmour ? Peut-être. Bouc émissaire, assurément ! C’est tellement rassurant d’étiqueter quelqu’un qui ose agir et prendre un risque ! La vérité est simple. Ni girouette ni éolienne, Z est un « phénomène », au sens propre, qui apparaît, au temps opportun, dans le paysage politique.
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