[Vive la France] On continue à fabriquer des chevaliers !

Capture d’écran (4207)

On a facilement tendance à croire, aujourd’hui, que la nature humaine a changé, que tout est plus laid, plus petit, plus mesquin, plus difforme. Ce serait une grave erreur. Ce qui a changé, ce n’est pas la nature humaine, qui est à la fois grandiose et minable depuis toujours : c’est le modèle dominant. De même qu’en mécanique quantique, c’est le regard de l’observateur qui force la polarisation des particules, c’est le point de fixation de notre regard (collectif) sur le monde qui détermine l’idée que nous nous faisons de notre destin. Oui, le regard de la société s’est déplacé : il glorifie les victimes, les opprimés réels ou (surtout) imaginaires, il exalte le ratage, le crime, la déviance, la dysmorphie, l’échec, le renoncement. Ce n’est pas pour autant que tout ce qui fut jadis grand, idéaliste, gratuit a disparu. Un bref regard sur le compte X de l’Académie militaire de Saint-Cyr Coëtquidan suffira à nous en convaincre.

La lande bretonne, près de la forêt de Paimpont, n’est pas ce que l’on appellerait un coin facile : il fait froid, il pleut, la nuit tombe à 15 h 30, tout est désert ; bref, on se croirait dans une sorte de remake humide de Shining. Mais c’est ainsi, et depuis Pierre Sergent, « nous savons qu’il faut Saint-Cyr sévère » pour qu’émergent des générations de chefs dignes de leurs glorieux aînés. Comme pour le prouver une nouvelle fois, c’est une de ces bruines perçantes, dont la Bretagne a le secret, qui tombait en un soir de ce mois de novembre, sur la cour d’honneur de cette Académie, qui héberge à la fois Saint-Cyr, l’École militaire interarmes (EMIA, destinée aux meilleurs sous-officiers, sélectionnés pour accéder à l’épaulette) et l’École militaire des aspirants de Coëtquidan (EMAC), dernière venue, qui forme les officiers sous contrat. On y remettait, ce soir-là, les sabres des élèves de l’EMIA. La brève scène partagée par le compte de l’Académie retrempera les cœurs des plus blasés.

Adoubés

Selon l’antique rituel, on y voit une centaine de sous-lieutenants en tenue bleue, au garde-à-vous, écouter le discours du général directeur des ressources humaines de l’armée de terre. Ils étaient sur le point de recevoir leurs sabres, qui symbolisent l’état d’officier. « En vous agenouillant, songez au chemin parcouru, songez aux milliers de vos anciens qui vous ont précédés. En vous relevant rappelez-vous qu’être officier, c’est être au service de ses soldats, leur donner le meilleur de vous-même. » Il n’y a rien de plus à dire. Un ordre claque ; les élèves officiers mettent un genou à terre. Au commandement « Adoubez ! », leurs parrains, de tous les grades et de toutes sortes de régiments de l’armée de terre, posent la lame de leur sabre sur les épaules des filleuls, qui changent ainsi symboliquement d’état. Puis, les nouveaux chevaliers se relèvent.

Il n’y pas grand-chose de différent depuis un millénaire ou presque. La République est même bien contente de trouver, chaque année, des centaines de jeunes gens qui, malgré la propagande de l’école et la démission des parents, ont envie de mettre leur vie sur la table, au service de quelque chose de plus grand qu’eux. Alors oui, ce qui s’est décentré, ce ne sont pas les valeurs de la France qui dure : c’est notre regard. Sachons le poser sur des choses qui comptent. Vive la France !

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

45 commentaires

  1. J’ai encore en mémoire cette projection en début d’année, dans notre petit ciné local, de « Vaincre ou mourir ». La salle était remplie des élèves st-cyriens. Quelle ambiance !

  2. J’ai servi aux sous-marins, entre autre, j’ai vue dans des cas difficiles le comportement des officiers, des hommes de la meilleur trempe.

  3. Pas tout à fait d’accord avec la deuxième partie de l’adoubement. « En se relevant, c’est d’abord et avant tout être au service de la France et des Français et ensuite seulement de ses soldats, bien sûr ! ».

    • Avis partagé ;les officiers sont là pour commander les soldats dans l’intérêt de la France, pas être à leur service. Qu’ils soient à l’écoute de leurs hommes, çà c’est autre chose.

  4. L’armée est au service de la France et c’est certainement l’un des derniers bastions. Adoubé moi même en 85 j’ai servi mon pays et non des gouvernements. Encore bravo et merci à ces jeunes qui s’engagent pour cet idéal prêts à donner leur vie pour notre liberté.

  5. L’instruction reçue, pourtant de haut niveau, ne fait pas les chefs mais conforte ceux qui le méritent dans ce nouveau statut. Le goût de servir est une notion qui n’appartient qu’à eux depuis que, malgré son prestige, X est devenu Ecole civile où l’on est recruté avant la fin du cursus .

  6. Existe-t-il une armée en France pour justifier la formation de tant d’officiers? De quel côté seront-ils quand le pays s’eveillera?serons nous en opposition avec ces hommes admirables quand le pouvoir leur donnera ordre de protéger la cause du cahot à venir ?je suis inquiet.

  7. C’est ce genre de cérémonie qui devrait inonder les plateaux télé.
    En France c’est bizarre: tout ce qui est Bien on le cache et tout ce qui est Moche on l’exhibe. Cherchez encore l’erreur.

    • Hélas ! Dans la société civile, on évitait de dire ce que faisait mon époux.
      L’anti-militarisme existe toujours notamment dans l’éducation nationale.
      Ainsi notre fils de 8 ans vit-il féliciter un petit camarade en classe, article de presse scotché au tableau, dont le père avait attrapé un très gros poisson mais rien sur son père, article de presse dans le même journal le même jour, qui avait pris le commandement du régiment de la ville. C’était il y a 25 ans et rien n’a changé…

  8. Il y a plus de 20 ans maintenant mon fils obeit à l’ordre  » à genoux les hommes , debout les officiers », à Saint Cyr, personne ne peut rester de marbre devant cette cérémonie qui vous prend aux tripes.

    • Née à Coetquidan…toutes ces cérémonies font parties de ma jeunesse ..c’est beau et émouvant ..belle jeunesse..

  9. L Grande Muette, celle qui est aux services de la caste politicienne qui trahie l’essence même de notre nation.

    • N’exagérons rien !
      Néanmoins, et lorsque nous assistons à certaines prise de positions télévisuelles d’officiers supérieurs et d’officiers généraux, il faut admettre que la réserve de Wasp (7H09) ne manque pas d’acuité.
      A cet égard, le discours d’un général français après nos brillantes performances au Kosovo, en dit long sur ce risque.
      Ceci étant, rendons un hommage justifié à Saint-Cyr qui reste certainement une meilleure école de courage, de compétences et de patriotisme que la plupart de nos autres « grandes » écoles désormais revisitées par le mondialisme quand ce n’est pas le wokisme..

  10. Ce sont des personnes comme celles-ci qui doivent gouverner le pays, et non des énarques qui n’ont aucune colonne vertébrale et à qui on n’a pas appris l’amour de la France, suivez mon regard !

  11. Que ça fait du bien d’avoir des bonnes nouvelles , chose très rare par les temps qui courent . L’honneur de ce pays est encore là parmi ces jeunes que certains en prennent de la graine .

    • En espérant de ce qu*il on apprit ne sois pas les mêmes guides politique que le gouvernement qui nous diriges. Ils vont défendre qui à votre avis?

  12. Sélectionnez parmi les meilleurs sous officiers ? Non parmi ceux qui ont le meilleur niveau scolaire ce qui ne veut pas dire être meilleur sur le terrain , ceci vérifiez pendant près de 40 ans de service …

    • Pas tout à fait vrai ;les élèves de l’EMIA ont certes le niveau pour réussir le concours, mais ils ont aussi Été de bons Sous-officiers dans les emplois qui ont précédé leur entrée à l’école.

    • La Marseillaise, sans doute, mais écoutez le Chant du Départ : une merveille, même pour moi qui ne suis guère enthousiasmé par la République Socialiste .

      • Vous avez totalement raison. Ainsi, mon père ancien résistant a voulu être enterré, avec le drapeau français sur son cercueil pendant la cérémonie (auquel il avait droit et les anciens combattants sont venus à cette cérémonie) et que soit passé ce chant. Les anciens combattants se sont levés et je crois que toutes les personnes présentes (la salle était pleine) ont pleuré.
        Ce chant est magnifique.

  13. Bien vu monsieur Florac. S’il est une institution grande et généreuse, c’est bien la « Grande muette » qui sait chercher et exalter la valeur de l’homme par son rattachement à une cause d’exemplarité.

Commentaires fermés.

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