[Vive la France] On continue à fabriquer des chevaliers !

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On a facilement tendance à croire, aujourd’hui, que la nature humaine a changé, que tout est plus laid, plus petit, plus mesquin, plus difforme. Ce serait une grave erreur. Ce qui a changé, ce n’est pas la nature humaine, qui est à la fois grandiose et minable depuis toujours : c’est le modèle dominant. De même qu’en mécanique quantique, c’est le regard de l’observateur qui force la polarisation des particules, c’est le point de fixation de notre regard (collectif) sur le monde qui détermine l’idée que nous nous faisons de notre destin. Oui, le regard de la société s’est déplacé : il glorifie les victimes, les opprimés réels ou (surtout) imaginaires, il exalte le ratage, le crime, la déviance, la dysmorphie, l’échec, le renoncement. Ce n’est pas pour autant que tout ce qui fut jadis grand, idéaliste, gratuit a disparu. Un bref regard sur le compte X de l’Académie militaire de Saint-Cyr Coëtquidan suffira à nous en convaincre.

La lande bretonne, près de la forêt de Paimpont, n’est pas ce que l’on appellerait un coin facile : il fait froid, il pleut, la nuit tombe à 15 h 30, tout est désert ; bref, on se croirait dans une sorte de remake humide de Shining. Mais c’est ainsi, et depuis Pierre Sergent, « nous savons qu’il faut Saint-Cyr sévère » pour qu’émergent des générations de chefs dignes de leurs glorieux aînés. Comme pour le prouver une nouvelle fois, c’est une de ces bruines perçantes, dont la Bretagne a le secret, qui tombait en un soir de ce mois de novembre, sur la cour d’honneur de cette Académie, qui héberge à la fois Saint-Cyr, l’École militaire interarmes (EMIA, destinée aux meilleurs sous-officiers, sélectionnés pour accéder à l’épaulette) et l’École militaire des aspirants de Coëtquidan (EMAC), dernière venue, qui forme les officiers sous contrat. On y remettait, ce soir-là, les sabres des élèves de l’EMIA. La brève scène partagée par le compte de l’Académie retrempera les cœurs des plus blasés.

Adoubés

Selon l’antique rituel, on y voit une centaine de sous-lieutenants en tenue bleue, au garde-à-vous, écouter le discours du général directeur des ressources humaines de l’armée de terre. Ils étaient sur le point de recevoir leurs sabres, qui symbolisent l’état d’officier. « En vous agenouillant, songez au chemin parcouru, songez aux milliers de vos anciens qui vous ont précédés. En vous relevant rappelez-vous qu’être officier, c’est être au service de ses soldats, leur donner le meilleur de vous-même. » Il n’y a rien de plus à dire. Un ordre claque ; les élèves officiers mettent un genou à terre. Au commandement « Adoubez ! », leurs parrains, de tous les grades et de toutes sortes de régiments de l’armée de terre, posent la lame de leur sabre sur les épaules des filleuls, qui changent ainsi symboliquement d’état. Puis, les nouveaux chevaliers se relèvent.

Il n’y pas grand-chose de différent depuis un millénaire ou presque. La République est même bien contente de trouver, chaque année, des centaines de jeunes gens qui, malgré la propagande de l’école et la démission des parents, ont envie de mettre leur vie sur la table, au service de quelque chose de plus grand qu’eux. Alors oui, ce qui s’est décentré, ce ne sont pas les valeurs de la France qui dure : c’est notre regard. Sachons le poser sur des choses qui comptent. Vive la France !

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

45 commentaires

  1. Mon diplome d’ingénieur d’une grande école, après avoir la Préparation-Militaire, j’ai fait mon Service-Militaire dans la Marine ou je suis directement comme Aspirant. C’était en 1964. « Honneur-et-Patrie » _ »Valeur-et-Discipline ».

  2. L’Armée sert la Patrie, pas un régime gouvernemental. Elle est l’Armée française, elle n’est pas l’Armée républicaine. Après avoir refusé deux fois d’être inapte et que, moi aussi, j’ai arpenté cette lande bretonne au sein du 3ème Bataillon de l’ESM, j’ai voulu servir et protéger ma Patrie, la France, et non son régime politique, la Vème République.
    Et quand, près de 26 ans plus tard, j’ai raccroché mon képi, c’était avec la satisfaction du travail bien fait.
    Bravo à l’engagement de tous ces Dolos et bon vent pour leur carrière en dépit des incertitudes et des menaces intérieures et extérieures à notre Patrie.

  3. Déjà, le simple passage au service militaire était pour la majorité une étape décisive dans la vie ! Ayant choisi de faire le mien en volontaire aux para commandos, je peux vous assurer que les valeurs apprises pendant ce terme m’ont suivies durant mon existence, j’ai maintenant 77 ans, je suis en pleine forme et pour rester fidèle au « spirit » je vais en salle de sport trois fois par semaine. Bravo à ces jeunes qui s’engagent pour l’amour de leur pays en consentant les efforts indispensables à la réalisation de leur idéal.

    • @Maurice Joly. Je suis plus jeune que vous, mais je suis suffisamment âgé pour avoir passé un an dans une caserne, sans qu’on me demande mon avis. C’est pourquoi je pense, à la différence de Prisca Thévenot, qu’il ne faut surtout pas rétablir le service militaire. Des professionnels motivés et bien entrainés feront toujours mieux que des piou-pious dont les seules armes sont un balai et une serpillère. Quant à expliquer que c’est un formidable creuset républicain, en mélangeant riches et pauvres et Français de souche et Français récents, les gaucho-progressistes qui avancent ces balivernes faisaient jouer leurs relations pour que leur progéniture aille à Sciences Potes plutôt que dans une caserne.
      Enfin, si on veut rétablir l’ordre dans ce pays, il faut rétablir la discipline à l’école et virer tous les juges rouges ! Il y a des tas de pays qui n’ont pas de service militaire et qui pourtant n’ont pas d’émeutes !

  4. Pour y avoir assisté il y a longtemps, oui on ne ressort pas le même, même si l’éducation qui précédait l’événement était déjà « stricte ».
    Évidemment, ça marque les officiers, tout comme leurs proches.

  5. Notre armée est Française avant d’être républicaine.
    Elle forme un Tout, et elle ne serait rien sans l’ensemble.de.ses membres, SoldatS, Sous officiers, officiers. On peut même y ajouter les généraux aux ordres, certains y croient encore.

  6. Il serait toutefois temps que les Chevaliers cessent de prêter allégeance à un pouvoir indigne d’eux. Il y a des moments de l’histoire où la désobéissance devient une vertu civile. Ces jeunes hommes ont encore le cœur pur… La politique et les politiciens ne tarderont pas à les corrompre pour transformer leur noblesse en servilité, à l’image de ceux des hauts gradés, qui vont les commander….

    • Vous me semblez bien pessimiste!
      Une armée, sauf peut-être dans certains pays d’autres continents, ne fait pas de politique. Elle obéit aux ordres du gouvernement élu par le peuple! Les officiers ont le devoir de servir, sans prendre de position politique (sauf lorsque citoyens, ils votent!), sinon où va-t-on? De quel droit des officiers engageraient leurs hommes dans des combats politiques sans lendemain et avec lesquels ils ne seraient pas obligatoirement d’accord?… Ces officiers sont des personnes adultes qui savent ce qu’ils doivent faire. Le service de la France commande plus haut et plus noble que de vagues velléités politiciennes. Nous avons vu le résultat de cela avec l’affaire algérienne. Ne mettez pas tout le monde dans le même sac! Je suis un officier supérieur (à titre étranger) en retraite.

    • Si je puis me permettre, ils prêtent allégeance à la NATION pas au gouvernement qui est temporaire. Elu par le peuple et au service du peuple à qui il appartient de faire respecter la constitution.

  7. Le problème c’est que cette belle armée composée d’hommes d’honneur et courageux doit obéir au « Guignol » qui nous dirige !! En principe un vrai chef c’est celui qui est accepté par la troupe et qui donne l’exemple .Dans notre cas nous sommes loin du compte !!

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