Vingt ans après le 11 septembre : prendre conscience de la supercherie américaine

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Ce 11 septembre, on se souvient de la tragédie spectaculaire qui s’est déroulée à New York, il y a vingt ans, faisant s’écrouler les deux tours jumelles qui étaient l’un des symboles de cette ville. Au volant de ma voiture pour me rendre à une réunion, je recevais l’information à la radio et, abasourdi, je l’annonçais aux autres participants qui crurent à une mauvaise plaisanterie, l’espace d’un instant. Ces moments restent gravés dans la mémoire. Ma sympathie pour les États-Unis et pour le nouveau président américain de l’époque me poussait naturellement à souhaiter une réponse à la hauteur du crime.

Brutalement touché de plein fouet au cœur même de sa puissance économique et militaire, le vainqueur de la guerre froide révèle ses fragilités et suscite la sympathie. Les pompiers et les policiers de New York, aux côtés de leur excellent maire Rudy Giuliani, symbolisent cet héroïsme, anonyme et quotidien, qui s’appelle le civisme. Stallone peut aller se rhabiller. Lorsque l’heure westernienne de la vengeance sonne, lorsque la punition commence, ce n’est que justice : le géant frappe d’abord l’Afghanistan, chasse les talibans qui avaient accueilli leurs « frères » islamistes d’Al-Qaïda mais ne capturent pas le chef de cette organisation terroriste qui sera abattu bien plus tard au Pakistan. Une vaste coalition antiterroriste se constitue. La traque est universelle, les méthodes employées transgressent allègrement le droit, les États qui participent à la curée ne sont pas toujours très recommandables, mais face à l’horreur et à la barbarie, tous les moyens sont bons…

Peu de commentateurs remarquent, alors, que le ver est dans le fruit. Qui sont donc les auteurs des attentats du 11 septembre ? Ce sont les alliés islamistes des Américains dans leur lutte victorieuse contre les Soviétiques en Afghanistan, et saoudiens pour la plupart. La démocratie modèle est, en effet, l’alliée, depuis 1945, d’une monarchie absolue fondée sur une théocratie totalitaire : le royaume saoudien. Le plus grand ami de l’Amérique dans la région est le Pakistan, pays défini par la discrimination systématique en faveur des musulmans. Très rapidement, l’illusion va se dissiper : certes, Washington veut « construire » une démocratie afghane. Elle chasse les talibans du pouvoir, commet l’erreur de ne pas rétablir le vieux roi Zaher Shah, celui que les pro-soviétiques avaient détrôné et sous lequel la paix régnait. Mais sans s’impliquer à connaître le pays, menant une guerre de haut et de loin, avec des pertes limitées - 2.500 hommes en vingt ans -, les Américains vont saisir le prétexte du 11 septembre pour tomber sur une proie beaucoup plus tentante, économiquement par son pétrole, politiquement et socialement avec une population que les « néo-cons » jugent adaptable à la démocratie. L’Irak - la dictature baasiste et militaire de Saddam Hussein, proche de l’URSS dans le passé, assagie, mais surtout affaiblie par ses défaites et par les sanctions, amputée par le séparatisme kurde, minée par l’opposition des chiites majoritaires - est la cible. Après un succès initial, l’opération tourne au désastre. L’Amérique a réussi cet exploit de transformer une dictature laïque et domptée en un membre potentiel de l’axe chiite, un allié de l’Iran, le grand ennemi des Saoudiens et des États-Unis.

Aujourd’hui, la déconfiture semble encore plus totale en Afghanistan. Mais derrière leur humiliation, grosse d’un surcroît d’ambitions chez les terroristes islamistes et, plus généralement, chez les ennemis de l’Occident, ce qui transparaît, c’est le vieux tropisme islamiste de la Maison-Blanche. L’ennemi de l’oligarchie américaine, malgré les discours, n’a jamais été celui-là. Le Printemps arabe, soutenu par les États-Unis d’Obama, a tenté de déboulonner des dictatures laïques au profit des Frères musulmans. L’ennemi principal est peut-être la Chine, mais celui qui est visé avec le plus d’animosité, c’est la Russie et tout ce qui, de près ou de loin, lui ressemble. Vingt ans après, alors que la guerre punitive menée en Afghanistan n’a servi à rien, sinon à renforcer le danger islamiste, on doit prendre conscience de la supercherie américaine : le terrorisme islamiste n’est pas leur ennemi prioritaire. C’est pourquoi la France a eu raison de ne pas intervenir en Irak et tort de soutenir Washington en Bosnie et au Kosovo, contre nos amis serbes, en Afghanistan où 90 soldats français sont morts pour rien, en Syrie où, Dieu merci, le régime a tenu bon grâce à la Russie sauvant des centaines de milliers de chrétiens d’Orient du massacre et de l’exode.

Christian Vanneste
Christian Vanneste
Homme politique - Ancien député UMP, Président du Rassemblement pour la France, Président de La Droite Libre

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