Valérie Pécresse tente de séduire la City

Le 29 mars 2019, le Royaume-Uni quittera officiellement l'Union européenne. Tandis que les conservateurs exultent et que la gauche se lamente, le monde de l'entreprise et de la finance scrute avec un œil attentif l'évolution des événements. Face aux incertitudes et à l'hypothèse d'un "hard Brexit", plusieurs entreprises envisagent d'ores et déjà une délocalisation de leurs activités. Paris compte bien tirer son épingle du jeu.

Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France, s'est ainsi rendue à Londres ce mardi 14 novembre, en compagnie du lobbyiste financier Arnaud de Bresson, pour une opération de séduction massive auprès des entrepreneurs qu'elle souhaite inciter à s'installer en France. Des représentants de 70 sociétés implantées à Londres étaient présents pour l'écouter vanter les mérites de la capitale française. "Nous sommes une grande capitale complète, un lieu d'innovation unique en Europe. Nous avons une main-d'œuvre très qualifiée, une qualité de vie exceptionnelle", a clamé l'ancien ministre qui s'est transformé, pour l'occasion, en VRP de sa région.

Dès l'été, la britannique HSBC avait promis un "renforcement" de sa présence à Paris. Après le déplacement de Valérie Pécresse, d'autres grands noms de la finance ont annoncé vouloir en faire de même. Parmi eux : JPMorgan, Bank of America, Citigroup et Morgan Stanley. L'opération de charme semble donc un succès : plus de 2.500 emplois auraient été promis en région parisienne selon sa présidente qui vise à présent le nombre de 10.000 d'ici 2019.

Paris n'est pas pour autant assuré de devenir le siège de ces grandes firmes. Bank of America et JPMorgan ont, en effet, choisi Dublin comme destination principale. Quant à Citigroup et Morgan Stanley, c'est à Francfort qu'ils ont décidé d'établir leur siège. La cité hessoise est en effet l'une des places financières les plus en vue pour ces sociétés. Le Mainhattan (surnom donné au quartier d'affaires de Francfort) a ainsi vu un afflux de firmes financières britanniques comme Standard Chartered. Il faut dire que la fiscalité y est très avantageuse.

La fiscalité, c'est la seule ombre au tableau idyllique de Lutèce. Dès 2016, Valérie Pécresse s'en était émue et avait demandé à François Hollande de "travailler sur le régime des impatriés". Un vœu pieux, semble-t-il. En effet, de nombreux Français établis à Londres redoutent encore de revenir en France : "Ce qu'ils m'ont dit […] il y a encore un doute sur la stabilité fiscale en France. On sait que de bonnes décisions ont été prises fiscalement, mais est-ce que ça va durer?", a confié Valérie Pécresse, qui a pu discuter avec de nombreux expatriés. "Ces questions-là, je vais les porter auprès du gouvernement […] il faut qu'on y réponde", assure-t-elle.

La France a effectivement de nombreux atouts pour être un pôle financier majeur sur les marchés. Pour y parvenir, faut-il encore que ce pays se départisse de son gauchisme mental, de sa culture de l'impôt et de la culpabilisation du succès. L'exécutif est certes sur la bonne voie, mais il reste encore du chemin à parcourir pour faire de la France une thalassocratie économique.

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Nicolas Kirkitadze
Etudiant en Histoire

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