La semaine dernière, entre les deux tours des élections législatives, Emmanuel Macron lançait l’idée d’un « Conseil national de la refondation », allusion plus que lourdingue au Conseil national de la Résistance, fondé par le général de Gaulle durant la Seconde Guerre mondiale et dont le programme, en matière sociale, est la référence absolue jusqu’à ce jour, en oubliant que le très honni régime de Vichy n’était pas resté les bras croisés en ce domaine. Pour cause de défaite – ou de victoire – relative de la majorité présidentielle à ces législatives, la réunion qui devait se tenir ce mercredi 22 juin a été reportée sine die.

Exit, donc, le CNR, mais voici que l’idée de « gouvernement d’union nationale » vient de sortir du chapeau du magicien de l’Élysée. La dernière fois que la France a connu un gouvernement d’union nationale, c’était durant l’hiver 1945-1946. On était au sortir de la guerre et il fallait reconstruire la France. Dans ce gouvernement, présidé par le général de Gaulle, on trouvait des socialistes comme Vincent Auriol, des « divers droite », des MRP (démocrates chrétiens) comme Georges Bidault, un rescapé du Parti radical, des « sans étiquette », comme André Malraux et… des communistes (cinq), dont Maurice Thorez, secrétaire général du PCF qui venait de passer cinq ans en exil en URSS.

Et ce n’est sans doute pas un hasard si, mardi, à l’occasion des consultations par Emmanuel Macron des leaders politiques ayant vocation à constituer un groupe à l’Assemblée nationale, Fabien Roussel, secrétaire général du PCF, s’est empressé, à sa sortie de l’Élysée, de relater que le Président « envisageait » la constitution d’un « gouvernement d’union nationale ». L’occasion est trop belle de revenir dans le jeu politique pour un parti dont le leader, rappelons-le, n’a obtenu que 2,28 % des suffrages exprimés à l’élection présidentielle (un peu plus de 800.000 voix, soit 300.000 voix de moins que Jean Lassalle, histoire de remettre les choses en place) mais qui réussit à tirer son épingle du jeu avec 12 députés élus.

Gouvernement d’union nationale, donc ? Certes, depuis 2019, nous sommes en guerre contre le Covid (à notre connaissance, l’armistice n’a pas été signé…). Certes, la guerre fait rage aux marches de l’empire bruxellois. Certes. Mais le pays est-il dans une situation telle qu’il faille envisager un gouvernement d’union nationale ? Union nationale qui serait, du reste, très relative, puisque Olivier Véran, ministre chargé des Relations avec le Parlement, s’est empressé de préciser, ce mercredi matin, qu’il excluait LFI et le RN de la majorité que le gouvernement cherche à constituer car, selon lui, ils ne font pas partie de « l’arc républicain ». Le front républicain est mort, vive l'arc républicain ! On se demande alors pourquoi Adrien Quatennens et Marine Le Pen ont été reçus à l’Élysée s’ils ne font pas partie de cet arc dont Véran est sans doute l'une des plus belles flèches !

Mais on l’aura compris, il ne s’agit pas tant de sauver la France que le soldat Macron. En recevant les leaders politiques à l’Élysée, le chef de l’État joue la grande scène de l’unité nationale alors que, pendant cinq ans, il a fracturé le pays comme jamais et qu’il a été incapable, dimanche, de transformer l’essai de sa réélection du 24 avril. Il aura beau jeu de rejeter la faute, si ces discussions échouent avec les membres du cercle - pardon, de l'arc -, et de prendre à témoin les Français. Au fond, la question, aujourd'hui, est de savoir si le problème n’est pas tant l’Assemblée nationale et sa composition issue des urnes dimanche dernier, comme semble le laisser entendre à bas bruit une petite musique, qu'Emmanuel Macron lui-même.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 24/06/2022 à 10:15.

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22 juin 2022 à 17:31

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35 commentaires

  1. Les Français sont à droite sur les sujets de l’immigration , de l’islam et de la sécurité , et à gauche sur les autres sujets , aucune offre politique ne correspond à cette demande.
    Au Danemark, c’est la gauche qui ferme les frontières
    L’un des derniers gouvernements sociaux-démocrates d’Europe mène l’une des politiques
    les plus restrictives du continent sur l’immigration. Dans un double but : sauver l’État providence et empêcher la droite radicale d’arriver au pouvoir.

  2. Jupiter n’est pas mort ! Il convoque les Partis en l’absence du triste Premier Ministre…
    Des tas d’initiatives sans lendemains… Toujours des mots !
    Son discours de 8 mn était de la même eau.
    Sa « Mère » devrait lui conseiller de retourner à ‘Ecole pour apprendre la Démocratie… et pourquoi pas, la Démographie !

  3. « un parti dont le leader, rappelons-le, n’a obtenu que 2,28% des suffrages exprimés à l’élection présidentielle (un peu plus de 800.000 voix, soit 300.000 voix de moins que Jean Lassalle, histoire de remettre les choses en place) mais qui réussit à tirer son épingle du jeu avec 12 députés élus. » Et combien chez Lassalle? République bananière, empire de la magouille et domaine réservé de toute mafia..

  4. Après avoir systématiquement organisé la désunion nationale, voilà que le locataire de l’Elysée entend promouvoir un gouvernement d’union nationale. Cocasse, mais si triste et préoccupant !

  5. La Réalité finit toujours par s’imposer. Macron est l’hôte accidentel de l’Elysée,élu faute de mieux à cause d’un système usé et perverti qui a fini par lasser les français.Impéritie et néanmoins absence d’humilité ne devraient pas lui permettre d’achever son second quinquennat. Du moins peut-on l’espérer, le bon sens semblant revenir…

  6. Oui, Macron est le vrai problème. Pour sortir de l’insoluble crise institutionnelle qui frappe le pays, il faut en appeler à l’esprit de l’élection présidentielle, pacte personnel entre le président et le Peuple. Dès lors que ce dernier est ensuite désavoué dans les urnes, la simple morale doit l’obliger à vérifier la validité du pacte en remettant son mandat en jeu. Son maintien au pouvoir par des expédients est un déni de démocratie et la paralysie assurée du pays.

  7. Le problème de la France c’est Macron lui même ! trop imbu de sa petite personne pour s’en rendre compte !!!

  8. Donnez le qualificatif de soldat, à ce petochard me révolte . Il ne sera jamais capable de la grandeur d’âme et de la force de servitude d’un Soldat.

  9. Gageons que les gamellards avides de pouvoir et d’argent de LR, LFI et consorts sont dans les starting-blocks.

  10. Comme les djeunes aiment le dire :
    « C’est pas moi, M’sieur, c’est Louis ! »
    Mais nul ne sait qui est ce Louis universellement coupable. Depuis hier, on le sait, son nom de famille est connu.
    C’est « Lepeuple ».

  11. pour tout vous dire ce Monsieur Macron Emmanuel m’ennuie profondément. Quand il ne sait pas quoi dire il parle pendant une heure; l’autre soir, il n’aurait parlé que pendant quelques petites minutes, à ce qu’on m’a dit, ce serait bien la preuve que la source est tarie.

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