Assemblée nationale : l’entrée en force des classes populaires !

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La sphère politico-médiatique, voire même les politiques tout court, de Macron à Mélenchon, déconstructeurs d’en haut et déconstructeurs d’en bas, tout ce joli petit monde n’en finit plus de se goberger de « diversité ». Mais pas de n’importe laquelle, s’agissant de « diversités » ethnique ou sexuelle : la fameuse parité, à laquelle il convient d’ajouter les revendications plus sectorielles des LGBTQI+ (sans oublier les AZERTYUIOP-). Mais quid d’une autre « diversité », la « diversité » sociale ?

Ainsi notera-t-on que dans la dernière assemblée, on ne comptait qu’un député issu des classes laborieuses : Caroline Fiat, aide-soignante et représentante de La France insoumise, que ses collègues macronistes, à en croire Libération de ce 20 juin, aimaient à surnommer « Bac-2 ». Charmant. Aujourd’hui, grâce à l’arrivée en masse des élus lepénistes et mélenchonistes, la donne est en train de changer.

En effet, on peut dire ce que l’on veut de ces Insoumis, au moins auront-ils aidé à bousculer l’ancien consensus : naguère, à droite, il y avait les avocats et les médecins, à gauche, les fonctionnaires et les professeurs, tandis qu’au centre macronien siégeaient les jeunes diplômés d’écoles prestigieuses. Il est tout aussi vrai que le Rassemblement national n’est pas en reste sur la question, loin s’en faut. Bref, le peuple des « sans dents », comme disait François Hollande, revient aujourd’hui dans le jeu parlementaire.

Car la véritable « diversité », c’est bien celle-là. En témoignent ces mots de Gérard Araud, ancien ambassadeur français à l’ONU, dans Le Point de ce 16 juin. A propos des obsessions racialistes d’indigénistes qui nous rappellent, fortuitement, les heures les moins lumineuses de notre histoire, l'ambassadeur raconte : « Je me suis retrouvé par hasard dans une réunion où j’ai découvert, à ma stupéfaction, que mon affirmation selon laquelle 'un banquier noir est plus proche d’un banquier blanc que d’un ouvrier noir' suscitait les protestations de mes jeunes interlocuteurs. Marx au secours !, avais-je envie de crier… »

Résultat ? Côté Nupes, il y a Mathile Hignet, ouvrière agricole, Laurent Alexandre, ouvrier de l’aéronautique, Marianne Maximi, éducatrice spécialisée, Martine Étienne, factrice à la retraite, et Murielle Lepvraud, secrétaire. Chez les LR, on trouve un pompier, Didier Lemaire, et un paysan, Éric Martineau. Pour le RN, la moisson est tout aussi exceptionnelle : Joris Bovet est chauffeur-livreur, Grégoire de Fournas, vigneron, Pierrick Berteloot, marin, Angélique Rac, mère au foyer, Romain Baubry, ancien policier, tout comme Antoine Villedieu qui, de plus, fut double champion du monde de MMA (Arts martiaux mixtes). Et encore, devons-nous en oublier d’autres ; qu’ils veuillent bien à l’avance nous pardonner.

À propos d’oubli, ne négligeons pas non plus Rachel Keke, femme de ménage de profession qui mena une grève courageuse contre la chaîne d’hôtels Ibis pour protester contre les conditions indignes faites aux femmes de chambre. Elle siège désormais sur les bancs des Insoumis. Pourtant, petit problème, cette Franco-ivoirienne n’est pas tout à fait la première venue en politique, puisqu'elle est connue pour avoir souvent relayé sur son compte tweeter les messages du comité de soutien à Marine Le Pen lors de l’élection présidentielle de 2017, ceux du Bastion social, mouvement nationaliste-révolutionnaire soutenant le régime du président syrien Bachar el Assad, sans négliger ceux du site Fdesouche et des manifestations de Franco-congolais à Paris, dénonçant le racisme maghrébin et appelant à voter pour la même Marine Le Pen. Malgré les efforts de la Nupes pour effacer toutes traces de ces prises de positions compromettantes, rien n’y a fait et l’affaire est maintenant publique.

Autrement plus sage est finalement une autre femme de ménage et déléguée CFDT, Lisette Pollet, nouvelle députée de la Drôme, élue sous pavillon lepéniste qui, issue d’une famille portugaise, a su se faufiler dans l’ascenseur social, dirigeant désormais les services d’entretien de l’école privée Saint-Victor, à Valence. Quoiqu’il en soit et malgré leurs possibles divergences politiques, ces deux-là ne seront pas de trop pour faire le ménage à l’Assemblée.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

22 commentaires

  1. Que Macron « fasse le ménage » dans son propre Gvt ! La Donne a changé !
    On lui donne 245 députés ? Que nenni ! Environ 170 à son nom. 29 % de l’A.N. !
    Modem et Horizon font la différence. Sont-ils sûrs ? Non !
    Bayrou et Philippe ont leurs intérêts propres !

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