Une infirmière non vaccinée réintègre son EHPAD, mais quid des autres ?

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C’est une petite victoire que peut enfin savourer cette infirmière. Le 1er mars, le conseil des prud’hommes d’Alençon lui a donné raison. Alors qu’elle n’a pas rempli son obligation vaccinale, elle a réintégré l’EHPAD des Laurentides à Tourouvre-au-Perche (Orne), dans lequel elle exerçait depuis 2014. L'infirmière avait justifié son refus de la vaccination au motif que « l'autorisation de mise sur le marché n'est que conditionnelle et donc on ne connait pas toutes les incidences en termes d'effets secondaires ». Cette femme avait dû endurer des traitements très lourds pour soigner un cancer. « Elle déclare qu'il a fallu quatre ans pour éliminer de son corps la chimiothérapie », relate France Bleu. Elle n’a pas voulu prendre de risque avec ce vaccin. S’appuyant sur la législation européenne, le conseil des prud’hommes d’Alençon a considéré qu’elle pouvait être autorisée « à refuser ce traitement dans la mesure où, à ce stade, il doit être considéré comme un médicament expérimental ». Non seulement il a ordonné sa réintégration dans sa structure, mais, de plus, il a demandé le paiement de 13.412 euros de salaires non versés. Une décision contestée par l’Association de bienfaisance de la Pellonnière, gestionnaire de l’EHPAD, qui annonce faire appel.

Cette décision fera-t-elle jurisprudence pour les autres soignants non vaccinés ? Certains sont suspendus depuis cinq mois et dénoncent cette malveillance institutionnelle. C’est le cas des soignants du CHU de Nîmes regroupés dans le collectif Santé Liberté Unité. Sur Francetvinfo, Martine témoigne. Infirmière depuis 22 ans, elle a reçu sa lettre de suspension alors qu’elle se trouvait au bloc opératoire, en pleine opération : « Ma carrière s’est arrêtée ce jour-là. Ça a été violent et malveillant. Je suis un être humain, j’ai exercé dans ces hôpitaux pour soigner des personnes. Ce jour-là, je me suis dit “mais c’est pas possible que ça se passe comme ça !” Et ça s’est passé comme ça pour moi mais pour d’autres collègues aussi. » Précarisées parce qu’elles ont refusé cette injection, ces infirmières applaudies hier se retrouvent marginalisées, avec une direction qui fait la sourde oreille. Sandra dénonce cette rupture de la communication : « Ils restent sourds à nos courriels, à nos recommandés avec accusé de réception et nous n’avons aucun moyen de communiquer avec eux aujourd’hui. »

Un sentiment de trahison et d’injustice que certains essaient de compenser par des soutiens matériels. Tels ces habitants d’Ille-et-Vilaine qui ont créé une association de collecte destinée à subvenir aux besoins des « personnels suspendus, essentiellement des soignants, mais aussi des pompiers, gendarmes et éducateurs, et se retrouvant brutalement sans ressources ». Ouest-France écrit que les bénévoles ont pu récolter 15.000 euros pour aider ces personnes « à tenir bon jusqu’à leur réintégration ».

À l'approche des élections, Emmanuel Macron daignera-t-il accorder sa grâce présidentielle à ces soignants qui ne représentent qu’une petite minorité ? (Selon Santé publique France, 89,6 % des professionnels libéraux et 84 % des professionnels salariés éligibles à la dose de rappel l’ont reçue.) Le gouvernement britannique a déjà déclaré qu'à partir du 15 mars, les soignants ne sont plus obligés d'être vaccinés : maintenir cette mesure serait disproportionnée, compte tenu du contexte sanitaire actuel, dit-il. Mais en France, le ministère de la Santé tient à « maintenir cette protection ». Assumant manifestement l’incohérence qui consiste à faire travailler des soignants positifs tout en privant de leur emploi des soignants non vaccinés en pleine santé (Le Parisien), l’entourage d’Olivier Véran persiste et signe dans son éternelle rhétorique : « Un non-vacciné peut facilement se faire contaminer avec un variant tel qu’Omicron, puis le transmettre. »

Iris Bridier
Iris Bridier
Journaliste à BV

Vos commentaires

29 commentaires

  1. Il est souhaitable que TOUTES les personnes qui ont été « licenciées » pour les mêmes raisons soient réintégrées dans leurs hôpitaux mais je ne suis pas si sûr que certains reviendrons car « ils » ont trop souffert depuis des années sous le régime CASTEX VERAN et consorts plus des politiques que de vrais médecins !!!!!

  2. « Un non-vacciné peut facilement se faire contaminer avec un variant tel qu’Omicron, puis le transmettre. »
    Un vacciné aussi…

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