Ukraine : Emmanuel Macron, incapable de définir un cap politique cohérent

Macron

Depuis le début du conflit, la seule chose qui ne change pas, avec Emmanuel Macron, c’est qu’il change continuellement de positionnement et de politique. Une oscillation permanente entre une approche réaliste, soucieuse d’aboutir à une solution négociée à partir des revendications de chacune des parties, et un manichéisme belliciste qui transforme ce conflit en une croisade morale du bien contre le mal.

On peut facilement identifier les cycles récurrents qui le conduisent à évoluer d’un extrême à son opposé avant de revenir à son point de départ. Ainsi, au printemps 2022, on se souvient de sa petite phrase sur la nécessité de ne « pas humilier la Russie » afin que, le jour où cesseraient les combats, « nous puissions bâtir un chemin de sortie par les voies diplomatiques ». C’était la phase « réaliste ». Des propos qui avaient déclenché l’ire de Kiev et de plusieurs officiels européens. « Les appels à éviter d’humilier la Russie ne peuvent qu’humilier la France », avait rétorqué le ministre des Affaires étrangères ukrainien Dmytro Kuleba. Peu de temps avant, le Premier ministre polonais avait déjà reproché à Emmanuel Macron ses entretiens téléphoniques réguliers avec Vladimir Poutine : « On ne débat pas, on ne négocie pas avec les criminels, les criminels doivent être combattus », avait affirmé Mateusz Morawiecki.

Une deuxième séquence « belliciste » avait alors suivi, illustrée par une visite surprise à Kiev, le 16 juin dernier. Plus question, alors, de « cessez-le-feu ». « Aujourd’hui, il faut que l’Ukraine puisse résister et l’emporter », avait déclaré le Président français qui avait annoncé la livraison de nouveaux canons CAESAr. Dans Le Figaro, Isabelle Lasserre avait immédiatement célébré le « virage ukrainien d’Emmanuel Macron » ainsi que la fin du « en même temps ». De son côté, Le Monde avait noté que le Président français n’avait pas précisé ce que signifiait « dans son esprit, une éventuelle victoire ukrainienne ». Du flou, toujours du flou.

Troisième séquence, avec un retour au point de départ « réaliste », début décembre. Après son voyage aux États-Unis, la presse française annonçait qu'Emmanuel Macron allait « se faire l’artisan de la paix en Europe ». Il déclarait avoir échangé avec le président Biden à propos de « l'architecture de sécurité dans laquelle nous voulons vivre demain ». Et d’ajouter qu’« un des points essentiels » pour Vladimir Poutine était « la peur que l'OTAN vienne jusqu'à ses portes » et le déploiement d'armes qui pouvait « menacer la Russie ». Il fallait donc réfléchir à la manière de donner « des garanties pour sa propre sécurité à la Russie », dans le cadre de futures négociations.

Nouvelle petite phrase qui enclenchait un nouveau cycle. Dans Le Figaro, Isabelle Lasserre faisait les gros yeux et dénonçait « ces gaffes de Macron qui isolent la France » et le retour des ambiguïtés. Kiev s’était encore fâchée mais le Président français savait par avance qu’il serait pardonné à l’occasion de la conférence internationale de soutien à l’Ukraine qu’il organisait, le 13 décembre, à Paris. Le journal Le Monde avait alors décidé d’enquêter pour comprendre la stratégie de Macron, reconnaissant que son « en même temps diplomatique » relevait du « mystère ». « Il s’estime capable de jongler avec des idées contradictoires », notait l’expert François Heisbourg, qui ajoutait : « Et tant pis si personne n’y comprend plus rien. »

Dernier épisode en date avec la promesse du Président français d’envoyer des blindés légers à Kiev. « Une première pour un pays occidental », notait la presse, et, donc, un nouveau coup politique avec ce retour à une posture belliciste qui plaçait la France en tête à l'occasion d'une escalade majeure. Zelensky était ravi, Macron aussi, qui continuait à faire les gros titres.

Si la psychiatrisation de la vie politique est habituellement exaspérante, il faut reconnaître (une fois n’est pas coutume) qu’il n’est guère possible de faire autrement avec Emmanuel Macron. On ne peut, en effet, s’empêcher d’observer que sa seule cohérence, celle qui semble le mieux expliquer ses perpétuelles incohérences politiques et verbales, relève d’un besoin narcissique maladif d'occuper le devant de la scène. Contesté ou encensé, c’est toujours de lui qu'on parle.

Son incessante danse à contre-pied, dans un contexte de confrontation avec une puissance nucléaire, n’a cependant rien de risible. Bien au contraire, elle rend la politique de la France illisible et imprévisible. Au mieux, elle nous marginalise, au pire, elle fait de nous une cible.

Frédéric Martin-Lassez
Frédéric Martin-Lassez
Chroniqueur à BV, juriste

Vos commentaires

40 commentaires

  1. Macron est incapable tout court, lui qui se prend pour le roi du monde. Le pb est qu’il n’est que la risée du monde .

  2. Quoi d’étonnant. Macron n’est pas là pour se préoccuper du destin de la France; il n’a pas les épaules et pas la conviction. Il est là espérant se positionner en leader d’une Europe par ailleurs en voie de décomposition avancée, poussant des pions fusse au détriment de la France (voire l

  3. Le jeune Macron et son incompétence irresponsable ont pris la France comme jouet.
    Il est au service des USA qui se planquent courageusement derrière l’Europe et la France pour continuer de tenter de détruire la Russie sans prendre de risques directs.
    Macron par contre n’hésite pas à placer la France comme alliée de l’Ukraine avé toutes les risques de conséquences catastrophiques que cela entraîne pour notre pays, alors que nous n’avons aucun intérêt à défendre dans la guerre russo-ukrainienne, pas plus que nous n’avons défendu dans lorsque l’Ukraine bombardait honteusement le Dombass.

  4. Excellente tribune. Comme quoi, il s’avère que la France qui aurait tout à gagner à une neutralité pacificatrice ne parvient pas à se libérer de l’impérialisme belliqueux anglo-saxon, bien relayé sur son territoire.

  5. On en pense ce que l’on veut, mais il est fort le bougre. Comment est il arrivé à mettre les généraux à sa botte. il déshabille l’armée française qui du coup est incapable de défendre son territoire et son peuple, et tout le monde trouve ça normal.

  6. L’Occident se fatigue à soutenir le saltimbanque de Kiev, pour preuve, les vieux matériels blindés obsolètes que Francais , Allemands et Americains fournisse à son armée fatiguée dont aucun reportage ne nous parle clairement.
    L’armée de Moscou, et ses hordes d’hommes, est me semble t-il fondre sur l’Ukraine et l’OTAN restera l’arme au pied. Les positions de l’ado de Paris n’intéresse personne, ne parlons plus de lui!

  7. Il en va pour l’Ukraine comme du reste, le en même temps macronien ou plutôt les injonctions contradictoires janusiennes ressemblent énormément à de la schysophrénie.

    • exactement cela…. schiysophrénie …. Janus et Narcisse confondus pour notre plus grand malheur …..Merci aux papy-mamies qui l’ont réélu, ravis d’avoir leur masque sur leur nez à l’époque…. qui va les rassurer aujourd’hui qu’il a détruit notre pauvre pays… Réveillez les morts d’hier qui avaient un peu de courage, eux .

      • Merci de ne pas généraliser, j’ai 77 ans et n’ai jamais voté Macron.
        Dès 2017 je l’avais cerné et personne autour de moi n’était d’accord avec moi ni mes enfants, ni mon entourage.
        Et aujourd’hui, je le leur rappelle régulièrement pour leur plus grand déplaisir

  8. Excellente analyse comme d’habitude!
    Je serai presque tentée de plus d’indulgence que vous !
    Pour moi notre président voudrait « bien faire » d’où ces tentatives de réalisme.
    Mais, comme vous l’écrivez si bien, il veut plaire aussi !
    Et comment plaire à un public européen auquel la presse aux ordres apprend depuis deux décennies à détester tous les patriotes qui défendent les intérêts de leurs pays respectifs.
    Et même si le président Poutine est le dernier en date de cette liste, elle n’en est pas moins longue !

  9. Si on se réfère à la définition, l’idiotie est un manque d’intelligence et de bon sens, l’intelligence étant la faculté de comprendre. Les idiots les plus dangereux sont ceux qui se pensent géniaux et irrésistibles. Je crains que nous en ayons un exemplaire chimiquement pur à 100 %.

  10. Les changements de cap de ce monsieur dans tous les domaines handicapent l’avenir de la France. Il faut que les élus de la nation, de toutes obédiences, se posent rapidement la question de son intégrité psychique. Il vient de décider d’envoyer trois cents millions d’euros au Pakistan. Les pays du Golf ne peuvent-ils pas aider ce pays ? Cette somme
    serait utile aux divers services de notre pays si malmené par des décisions « au doigt mouillé » de cet homme !

  11. Comment espérer ou imaginer une position franche. La guerre en Ukraine c’est la guerre menée par ses maîtres et patrons. Ce n’est pas autre chose que la continuité de la mise en friche covidienne , un conflit opéré par le capital pour tenter de se revitaminer ce qu’il ne peut plus faire naturellement. Ce qu’il y a de bien avec les grands philosophes c’est qu’on est pas dans le blabla mais dans la démonstration scientifique . Relisons Marx , le philosophe anti bolchevike qui déjà a l’époque avait tout prévu et expliqué ce que nous vivons en 2023.

  12. Il vous faut plus de cinq ans pour vous rendre compte qu’il est narcissique, cynique, un adolescent attardé !
    Il adapte son discours en fonction du public qu’il a en face de lui ! Aucune constance !
    Il a un ego surdimensionné et comme dit le proverbe « tout flatteur vit au dépens de celui qui l’écoute » ! Et la plupart des chefs d’Etiat l’ont bien compris !

  13. Cette escalade de cobelligerance par fournitures de moyens, d’armes et de conseillers à l’Ukraine devient un danger réel pour la France . Longtemps les Russes ont été des amis de la France que cherche Macron, la guerre? On n’en veut pas ce n’est pas la nôtre et l’Ukraine n’a rien de saint. Il est temps d’afficher une neutralité pour notre nation.

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