Trump et 2018 : quid ?

Somme toute, Trump a survécu au tsunami 2017. En bon chef d’entreprise, il a sécurisé une clientèle captive (les « déplorables » religieux et économiques, heureux de ses nominations judiciaires comme de ses déréglementations qui étouffaient fermiers et PME), a passé des accords avec certains compétiteurs (certains ex-#NeverTrump, comme le sénateur néocon Lindsey Graham – l’ancien acolyte du sénateur McCain !), a exercé un chantage agressif sur certains distributeurs (les parlementaires républicains en réélection pour 2018) afin de les forcer à soutenir son produit, a fait rentrer les banques dans son capital (son plan fiscal est un hybride entre populisme et « grand capitalisme »), puis il a su intimider le cartel d’actionnaires qui lui faisait barrage (l’État profond) en téléguidant une campagne de discrédit sur le FBI et l’enquête Mueller qui visaient à l’éjecter de la cour des grands.

Les trumpistes pensent donc que 2018 verra le taux de croissance américain passer à 5 %, entraînant l’économie mondiale dans son sillage, que Robert Mueller va finir par exonérer Trump de toute activité criminelle dans l’affaire russe, que parti démocrate, agences de renseignement et FBI seront à leur tour la cible d’un nouveau procureur spécial pour avoir illégalement comploté contre Trump, et que les élections législatives de novembre se traduiront par un raz-de-marée républicain.

Ils pensent également que Trump a éliminé l’État islamique, qu’il va réussir à imposer un changement de régime en Iran et qu’il aura ouvert les yeux des mondialistes en ce qui concerne la Chine, vue comme principale rivale des États-Unis. Une Chine qu’il finira par ostraciser, éliminer du système économique mondial, au moment même où celle-ci est tout aussi vulnérable que l’Amérique du fait d’une dette publique représentant 300 % de son revenu national.

Pour les trumpistes (comme Steve Bannon, patron de Breitbart News) se profile un combat entre deux titans, plus précisément deux « bulles » économiques, elles-mêmes s’appuyant sur des éclopés (d’un côté « l’Occident », de l’autre la Russie). Cette confrontation de la puissance (ou de l’impuissance) représente ainsi un retour à la mécanique polémologique qui précédait la Première Guerre mondiale, qui mariait force militaire et écrasement économique.

Mais pour les universalistes (de George Washington à George Soros), les États-Unis ont « l’État mondial » pour patrimoine génétique. Leur mission sur Terre est de construire le premier état post-national universel, brandissant de la main gauche « le grand capital » et de la droite une nouvelle religion mondiale – sans Dieu ni dieux, naturellement -, la religion humanitaire. En conséquence, peu importe que la gestion de Trump soit efficace, sa mécréance représente un péché capital, au même type que la mécréance de Poutine. Si l’on veut se débarrasser de la Chine et prendre le contrôle de tout l’hémisphère nord, il faut d’abord procéder en 2018 à un changement de régime aux États-Unis et en Russie. À surveiller…

Trump devrait, en principe, avoir les mains libres pour lancer sa politique bipartisane de grands travaux d’infrastructures, et son plan sur le contrôle de l’immigration. À moins qu’il ne soit entraîné dans un conflit militaire avec l’Iran. Idéal pour les djihadistes… Auquel cas, la Chine se frottera les mains. Après tout, pendant que Washington s’acharnait pendant trente ans à contrôler le Proche-Orient, la Chine a conquis l’Afrique, ni vu ni connu. La suite ?

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 17:40.
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André Archimbaud
Consultant stratégique

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